Malgré l’entrée en vigueur de la trêve : Les belligérants poursuivent les combats

24/05/2023 mis à jour: 00:30
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Les combats se sont poursuivis à Khartoum hier malgré l’entrée en vigueur officielle de la trêve d’une semaine entre l’armée et les paramilitaires censée laisser passer civils et aide humanitaire au Soudan, rapporte l’AFP. 

Depuis le 15 avril, la guerre entre l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah Al Burhane, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo, a fait un millier de morts et plus d’un million de déplacés et réfugiés. Les deux camps ont annoncé vouloir respecter ce cessez-le-feu, mais lundi l’ONU a déjà dénoncé «des combats et des mouvements de troupes alors que les deux camps se sont engagés à ne pas chercher à prendre l’avantage militaire avant l’entrée en vigueur de la trêve». 

«Au-delà des annonces officielles, le Soudan est toujours bombardé et des millions de civils sont en danger», s’est aussi alarmé Karl Schembri, du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC). Il a dénoncé sur Twitter «plus d’un mois de promesses rompues», alors que près d’une dizaine de trêves ont déjà échoué dès leurs premières minutes au Soudan. Pour la sixième semaine consécutive, les cinq millions d’habitants de Khartoum entament leur journée sous une chaleur écrasante, pour la plupart privés d’eau, d’électricité et de télécommunications. 

Les médiateurs américains et saoudiens ont annoncé avoir obtenu, après deux semaines de négociations, une trêve d’une semaine. Le cessez-le-feu permettrait de relancer les services et les hôpitaux et réapprovisionner les stocks humanitaires et marchés pillés ou bombardés dans un pays où, d’après l’ONU, 25 des 45 millions d’habitants ont besoin d’aide humanitaire.
 

Catastrophe

Tôt mardi, le syndicat des médecins a annoncé la fermeture d’un nouvel hôpital dans la grande banlieue de Khartoum. Pris entre deux feux, son personnel a été forcé d’arrêter de travailler. D’un côté, «plusieurs fois, des combattants des FSR ont agressé des patients et du personnel soignant en tirant dans les couloirs de l’hôpital», rapporte le syndicat. De l’autre, des haut gradés de l’armée régulière mènent «une campagne de mensonges et de rumeurs» contre les médecins, qui reçoivent «des menaces contre leur personne». Les médecins ne cessent d’alerter sur le sort dramatique des hôpitaux : à Khartoum, comme dans la région du Darfour (ouest), la région du pays la plus meurtrie par les combats avec la capitale, ils sont quasiment tous hors d’usage. 

Ceux qui n’ont pas été bombardés n’ont plus de stocks ou sont occupés par des belligérants. Les humanitaires réclament des couloirs sécurisés et, cette fois, assurent Riyad et Washington, il y aura «un mécanisme de surveillance du cessez-le-feu» regroupant des représentants des deux camps ainsi que des Etats-Unis et de l’Arabie Saoudite. Les sanctions sont la clé pour les experts face à deux généraux persuadés de pouvoir l’emporter militairement et donc plus prêts à une guerre longue qu’à des concessions à la table des négociations. Si l’armée contrôle les airs, elle a peu d’hommes dans le centre de la capitale, tandis que les FSR, elles, occupent le terrain à Khartoum.

De nombreux habitants les accusent d’avoir pillé leurs maisons ou d’y avoir installé des QG. Si le conflit continue, alerte l’Organisation des Nations unies, un million de Soudanais supplémentaires pourraient fuir vers les pays voisins qui redoutent une contagion de la violence. Le 17 mai, l’Onu et ses partenaires ont lancé un appel de fonds de 3 milliards de dollars pour venir en aide à des millions de personnes au Soudan et à des centaines de milliers qui fuient vers les pays voisins. Lundi, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a indiqué que le nombre de réfugiés au Tchad ayant fui les combats opposant depuis plus d’un mois les forces des deux généraux rivaux au Soudan «augmente très vite» et avoisine les 90 000. L’ONU les avait estimés à 76 000 trois jours auparavant. 

Le même jour, le chef de la mission de l’ONU au Soudan, Volker Perthes, a dit craindre, devant le Conseil de sécurité, une «ethnicisation» du conflit dans le pays. «L’ethnicisation croissante du conflit risque de le prolonger avec des implications pour la région», a déclaré l’émissaire lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Soudan. «Dans certaines parties du pays, les combats entre les deux armées ou les deux formations ont ravivé des tensions communautaires ou provoqué des conflits entre communautés», a-t-il ajouté. 

«Des signaux inquiétants de mobilisation tribale ont été rapportés dans d’autres parties du pays, tout particulièrement au Kordofan du Sud», a-t-il dit. Dans le détail, quelque 860 civils, dont 190 enfants, ont été tués depuis le début du conflit et 3500 civils blessés, selon des chiffres cités lundi par l’émissaire de l’ONU.
 

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