Paris possède désormais sa «maison des histoires»,inspirée de ce qui existe déjà en Suède et en Norvège, un concept qui consiste à penser que l’enfant accédera à la littérature, d’autant plus facilement qu’il pourra s’approprier le livre par le jeu.
Ouvert en juin dans le Quartier latin à Paris, cette maison des histoires, dédiée à la littérature enfantine, est unique pour l’heure en France. Créée en partenariat avec la maison d’édition l’Ecole des loisirs, elle ouvre la porte notamment à l’imaginaire inspiré par les histoires de l’éditeur, pionnière de la littérature jeunesse.
Sur 130 m2, les enfants jusqu’à l’âge de 7 ans peuvent explorer dans des univers fantastiques, feuilleter des albums ou écouter des histoires racontées par des «médiatrices».
Ces actrices du spectacle vivant narrent des histoires comme Corne-bidouille, la sorcière qui prépare une soupe dégoûtante dans laquelle grouillent des vers de terre et araignées, ou Max et les maximonstres avec des créatures aux dents pointues qui s’agitent sous le regard de leur roi Max.
Chaque mois, dix nouveaux titres sont proposés aux jeunes lecteurs. «L’approche ludique est centrale dans notre projet (...) Dans ce lieu, l’enfant joue comme s’il était une page d’un livre et les décors ressemblent aux histoires qu’il découvre ou invente», explique à l’AFP Guillaume Fabre, 44 ans, l’un des trois patrons de la maison d’édition.
Avant tout une histoire
D’abord spécialisée dans les manuels scolaires, cette maison d’édition s’est tournée au milieu des année 60 vers les livres pour la jeunesse, alors quasiment inexistants en France. Elle commença par les éditeurs américains, fouina à la foire de Francfort avant de favoriser l’éclosion d’auteurs français.
Ce pari fut le bon. «A l’École des loisirs, il s’agit de proposer des livres ni didactiques ni moralisateurs mais des livres de plaisir», explique son directeur général Jean-Louis Fabre, 73 ans, petit-fils du fondateur. «Un livre pour enfants, c’est avant tout une histoire.
Si elle est bonne, le livre vivra», ajoute-t-il. «Les ouvrages des trois premiers auteurs découverts à la foire de Francfort entre 1963 et 1965 comme Tommy Ungerer, Leo Lionni ou Arnold Lobel n’ont pas pris une ride. Soixante-dix ans plus tard, ils connaissent toujours autant de succès», dit-il. En 2020, ont été publiés en France 16 000 titres pour la jeunesse, pour un chiffre d’affaires de 350 millions d’euros, soit 13% de l’ensemble du secteur, selon le Syndicat national de l’édition (SNE).
L’École des loisirs possède un fonds de 6000 titres, rémunère un millier d’auteurs et publie 400 nouveautés par an en comptant la bande dessinée, selon ses dirigeants, qui justifient leur refus de révéler le chiffre d’affaires de leur société de 150 personnes par l’impératif de la «protéger contre des OPA hostiles».
«Nous faisons partie des quelques éditeurs de taille moyenne encore indépendants en termes d’actionnariat», souligne Guillaume Fabre. Il sourit quand il évoque le nom de la maison d’édition.
«Certains considèrent que c’est un oxymore, moi j’y vois plutôt un pléonasme. École et loisirs peuvent paraître contradictoires mais littéralement et étymologiquement parlant c’est la même chose», dit-il.