Macédoine du Nord : La nouvelle Présidente refuse de prononcer le nouveau nom du pays

13/05/2024 mis à jour: 20:00
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Photo : D. R.

Skopje a conclu en 2018 l’accord «historique» de Prespa avec la Grèce, en acceptant d’ajouter la mention géographique «du Nord» au nom du pays, pour mettre fin à une querelle de longue date avec son voisin, qui bloquait pour cette raison son adhésion à l’Otan et ses négociations d’adhésion à l’Union européenne (UE).

Gordana Siljanovska-Davkova, première femme présidente de la Macédoine du Nord, a refusé de prononcer le nouveau nom du pays utilisé après un accord conclu en 2018 avec la Grèce, lors de sa prestation de serment hier, un geste critiqué par Bruxelles. «Je déclare que j’exercerai la fonction de présidente de Macédoine de manière consciencieuse et responsable, que je respecterai la Constitution et les lois et que je protégerai la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de la Macédoine», a déclaré Mme Siljanovska-Davkova devant les députés du Parlement et des invités à la cérémonie, selon des propos recueillis par l’AFP.

Dans le texte officiel, qu’elle a répété, c’est bien le nom constitutionnel de Macédoine du Nord qui est employé. La détermination de la nouvelle dirigeante macédonienne à ne pas utiliser, à cette occasion, le nom officiel du pays a provoqué une vive réaction de la Grèce.

Son choix est une «violation flagrante de l’accord de Prespa et de la Constitution du pays voisin, qui est conforme à ses obligations internationales», a écrit dans un communiqué le ministère grec des Affaires étrangères.

Le geste de la nouvelle Présidente a été désapprouvé par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, peu après un premier message de félicitations envoyé sur le réseau social X. «Afin que la Macédoine du Nord poursuive avec succès son chemin vers l’adhésion à l’UE, il est primordial que le pays continue sur la voie des réformes et du respect entier de ses accords obligatoires, y compris de l’accord de Prespa», a écrit Mme von Der Leyen sur X.

Skopje a conclu en 2018 cet accord «historique» avec la Grèce, en acceptant d’ajouter la mention géographique «du Nord» au nom du pays, pour mettre fin à une querelle de longue date avec son voisin, qui bloquait pour cette raison son adhésion à l’Otan et ses négociations d’adhésion à l’Union européenne (UE). Le pays est devenu membre de l’Otan en 2020.

La formation de droite nationaliste, le VMRO-DMPNE, dont Mme Siljanovska-Davkova était candidate à ce scrutin, s’opposait à cet accord avec la Grèce. Gordana Siljanovska-Davkova a été élue le 8 mai pour un mandat de cinq ans au deuxième tour de l’élection présidentielle, en battant avec 65% des voix le chef de l’Etat sortant social-démocrate, Stevo Pendarovski. Elle est la première femme à accéder à cette fonction depuis la proclamation d’indépendance de ce petit pays des Balkans en 1991.

Cette professeure universitaire à la retraite, qui a fêté samedi son 71e anniversaire, a assuré qu’elle serait la Présidente de «tous les citoyens» et a appelé à l’«unité» dans le pays. «Félicitations, Gordana Siljanovska-Davkova, d’être devenue la première femme présidente de la Macédoine du Nord. Votre leadership arrive à un moment crucial, alors que votre pays fait avancer ses réformes et poursuit son chemin vers l’UE», a écrit Mme von der Leyen dans son premier message sur X.

Sa prise de fonction a été saluée également par le président du Conseil européen, Charles Michel. Le VMRO-DMPNE est également arrivé largement en tête des élections législatives, qui se sont déroulées aussi le 8 mai, s’assurant 58 des 120 sièges au Parlement en battant l’Union sociale-démocrate (SDSM), au pouvoir depuis 2017. Le retour au pouvoir de l’opposition de droite dans ce pays pauvre des Balkans de 1,8 million d’habitants risque de raviver les tensions avec la Grèce, mais aussi avec la Bulgarie, qui pose ses propres conditions pour faire avancer les négociations d’adhésion de la Macédoine du Nord à l’UE.
 

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