C
adre supérieur à la retraite ayant servi dans plusieurs institutions entre autres le MJS, là où il avait fait ses premiers pas dès l’aube de l’indépendance. Par cet écrit, le narrateur, qui n’est autre que l’auteur lui-même, relate un parcours de vie des plus marquants. Alliant gravité du ton et humour, il réussit à séduire le lecteur grâce à son pouvoir narratif permettant de décrire par le menu, des événements qui s’échelonnent au fil du temps, des anecdotes époustouflantes, des situations qui se nouent et se dénouent. Une véritable épreuve pour ce jeune homme à peine sorti de l’adolescence, il n’avait que 18 ans en 1964, un périple ardu pour l’un des cadres à en devenir, des plus méritants du secteur du sport. Evocations, anecdotes, révélations, confidences parfois coups de gueule pour dire non aux manquements et agissements de certains dans le secteur qu’il affectionne le plus, celui du sport, étant lui-même émule de plusieurs disciplines dès son jeune âge. Son autobiographie aborde divers sujets ayant trait à une carrière palpitante, une étape cruciale dans la formation de l’homme. Un engagement désintéressé mais motivé par l’accomplissement du devoir envers son pays, l’institution qui l’emploie et tous ceux cités dans cet ouvrage. Lecture attrayante, écrit empreint de générosité et de reconnaissances…
Le lecteur pourrait satisfaire pleinement son désir d’aller à la découverte de la genèse du Mouvement sportif national, des années glorieuses de celui-ci, de ses artisans cités par l’auteur comme étant ses maîtres, ses aînés. Des noms prestigieux, des hommes exceptionnels, dans leur domaine mais inconnus des nouvelles générations. Leurs enseignements ont été à la source de sa formation, la voie à suivre…
Auréolé de plusieurs titres, ce cadre supérieur, ce commis de l’Etat fut désigné à des hautes fonctions en sus du domaine des sports, il occupa d’importants postes de responsabilités au sein même de l’ossature Sportif national, du Pari sportif algérien, de la justice, du gouvernorat d’Alger… sans omettre ses élections à la tête de plusieurs organisations (fédérations, associations etc.).Son parcours à travers le temps est une suite de faits historiques, dont il fut témoin ou acteur. Son ouvrage nous entretient du fait colonial injuste qui consistait à l’expropriation de populations entières de leurs terres l’incitant à l’exode. «La famine, la maladie emportèrent la moitié des autochtones notamment ceux des campagnes…» la paysannerie réduite à l’abandon est soumise à la précarité engendrée par les exactions de l’armée coloniale… Faisant face à cette situation, un groupe du village de Tighert N’drar… s’organisa pour l’exode en regagnant la capitale avec l’espoir de pouvoir survivre… Des conditions pénibles des Algériens des villes reclus dans des quartiers ghettos «El Mouradia et El Madania m’avaient ouvert les bras, ces deux localités furent le bastion de toutes les résistances ,des centres stratégiques pour la formation d’hommes…» dont il faisait partie, se remémorant les descentes fracassantes en pleine nuit des paras français accompagnés des sinistres bouchkara.
«Nous recevions l’incursion brutale des paras, tard dans la nuit . Ils étaient à la recherche de nos combattants…»
Un véritable cauchemar pour toute la génération qui eut à affronter l’horreur de cette époque de guerre de libération.
«Ce soir-là, plongé dans un profond sommeil, je recevais brutalement leurs coups de pied pour me faire lever et montrer mon visage au tristement célèbre ‘’bouchkara’’… J’étais terrorisé par cette sinistre apparence… preuve des multiples traumas dont ont été victimes les Algériens et qu’ils traînent à ce jour».
Témoin et acteur dans sa prime enfance de la participation active au combat, il décrit le rôle joué par la frange juvénile de l’époque aux côtés des aînés.
La plupart des enfants de ces quartiers populaires étaient issus de familles pauvres subissant de plein fouet les affres de la colonisation, sans se départir de leur grande maturité politique… «50 ans de vie professionnelle intense, marque son homme», dira-t-il. Cet ouvrage est la preuve des soucis de l’écrivain de transmettre son expérience par la trace écrite. Il rappelle avec humilité qu’il est l’un des rares cadres supérieurs du secteur à avoir pris la responsabilité d’évoquer les années glorieuses du sport national. Cependant, il nous confiera qu’il eut à subir un moment des plus insurmontables et parfois inévitables dans une carrière. «La traversée du désert». Agissant infatigable, il eut la force de se libérer de son démon et de dépasser cette étape difficile. Ne se délestant aucunement de sa force créative, il innove en créant une activité au service de la collectivité, celle des courses des routes ou le marathon dont il en devient le pionnier une fois de plus et le promoteur du semi-marathon et du marathon en l’occurrence «le Marathon des dunes» organisé ponctuellement dans le Sud algérien. «Un véritable marathon dans un marathon», dira-t-il. L’auteur de cette riche autobiographie, en véritable manager, nous surprend par son énergie, sa détermination à accomplir pleinement toute mission qui lui est confiée. Son abnégation au service de son pays fit de lui le commis de l’Etat méritant d’être cité en exemplarité. Par sa richesse et la variété des informations, cet ouvrage pourrait prétendre à être un précieux document de références et de recherches pour les historiens, les étudiants et autres.
Par ailleurs, la fluidité de son style d’écriture, d’une narration si particulière, incite à une lecture attrayante tout en exhortant le lecteur à la découverte d’une vie racontée.
Ma Vie, un vrai marathon
Abdelmadjid Rezkane
Année 2023 - 357 Pages
1000 DA