Lutte contre le réchauffement climatique : Le G20 s’engage sur les renouvelables fautes d’accord sur la sortie des énergies fossiles

11/09/2023 mis à jour: 16:10
AFP
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Les négociations seront serrées lors de la prochaine COP28 - Photo : D. R.

Il est notable que le G20 affirme pour la première fois qu’il «poursuivra et encouragera les efforts visant à tripler les capacités en matière d’énergies renouvelables» d’ici 2030, un objectif qui semble désormais à portée de main pour un consensus à la COP28.

Profondément divisé sur le pétrole, le G20 a échoué à appeler à une sortie des énergies fossiles samedi, mais soutient pour la première fois un triplement des renouvelables d’ici 2030 : une déclaration «lueur d’espoir» pour les uns, mais «strict minimum» pour les autres à trois mois de la COP28.

L’avenir des énergies fossiles, cause essentielle de la crise climatique de plus en plus sévère, est cette année au coeur des négociations internationales devant culminer en décembre à la 28e Conférence climat des Nations unies à Dubaï.

Une sortie des énergies fossiles sans captage de CO2 («unabated») est d’ailleurs jugée «indispensable» dans le premier bilan d’étape officiel de l’accord de Paris, publié vendredi par l’ONU Climat. Et le G7 en a approuvé le principe au printemps, certes sans calendrier.

Mais au terme du sommet à New Delhi du G20, qui représente 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (Etats-Unis, France, Japon, Indonésie, Brésil...), la déclaration finale se contente d’appeler à «accélérer les efforts vers la réduction de la production d’électricité à partir de charbon», ce qui exclut le gaz et le pétrole.

Le G20, dont les désaccords géopolitiques sont nombreux, que ce soit sur l’Ukraine ou en raison de la rivalité entre Etats-Unis et Chine, s’oppose aussi sur l’avenir du pétrole, avec de grands producteurs comme l’Arabie Saoudite très réticents sur le sujet.

«Les dirigeants se sont mis d’accord sur le strict minimum, une répétition de l’engagement du G20 de Bali en 2022 sur la réduction progressive du charbon», a déploré Lisa Fischer, experte du cercle de réflexion E3G.

Les dirigeants du G20 reconnaissent toutefois que la limitation du réchauffement à 1,5°C, objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris, «nécessite une réduction rapide, forte et soutenue des émissions de 43% d’ici 2030 par rapport à 2019», conformément aux recommandations du Giec (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat de l’ONU). Et ils «notent» qu’un pic des émissions doit être atteint d’ici 2025.

Plus d’argent ?

Alors que l’année 2023 est en voie de devenir la plus chaude jamais mesurée, «ce G20 était censé montrer la voie vers un avenir sans énergies fossiles», a réagi Friederike Roder, vice-présidente de l’ONG Global Citizen, dénonçant «un très mauvais signal pour le monde».

Une réduction des énergies fossiles figure dans les ambitions du président de la COP28 : Sultan Al Jaber, en même temps patron de la compagnie pétrolière nationale émiratie ADNOC, a lui-même jugé leur nette réduction «inévitable et essentielle», une fois bâti cependant le système énergétique propre du futur répète-t-il toujours.

Sur ce sujet, il est notable que le G20 affirme pour la première fois qu’il «poursuivra et encouragera les efforts visant à tripler les capacités en matière d’énergies renouvelables» d’ici 2030, un objectif qui semble désormais à portée de main pour un consensus à la COP28. «Cette déclaration envoie un signal fort en faveur du progrès climatique», a salué Sultan Al Jaber.

«Il s’agit d’une avancée significative et surprenante de la part du G20», s’est félicitée Aditya Lolla, du groupe de réflexion sur l’énergie Ember, saluant «un grand revirement de la part de l’Arabie saoudite et de la Russie».

Pour Tracy Carty de Greenpeace international, ce triplement n’est en revanche qu’un «engagement timide» qui sera réalisé par le biais des «objectifs et des politiques existantes», sans véritable hausse des ambitions. «Malgré les températures record, les incendies, la sécheresse, les inondations et les autres catastrophes récentes, qui ont touché des dizaines de millions de personnes, les dirigeants du G20 n’ont pas réussi à faire quoi que ce soit de significatif sur le changement climatique cette année», a-t-elle fustigé.

L’engagement sur les renouvelables est «une lueur d’espoir dans notre lutte contre le chaos climatique», a pour sa part salué Andreas Sieber de l’ONG 350.org. A condition que les pays riches «fournissent les financements nécessaires» aux plus pauvres.

L’Inde, pays hôte, a profité de sa présidence pour se positionner comme la voix du «Sud global» et presser les pays riches à respecter leurs engagements existants - celui, non atteint depuis 2020, de porter l’aide climatique annuelle à 100 milliards de dollars - et d’aller plus loin pour aider les nations à se protéger des futurs désastres climatiques.

La déclaration prévient que les investissements dans le domaine du climat doivent «augmenter considérablement», notamment par le biais d’un financement plus ambitieux de la part des banques et institutions multilatérales, revendication cruciale et constante des pays en développement.

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