La guerre et la faim menacent d’«emporter» tout le Soudan, où des centaines de milliers d’enfants mal nourris risquent de mourir, a alerté l’ONU hier dans un communiqué.
Le pays est en proie depuis le 15 avril à de violents combats opposant l’armée à des paramilitaires. Cette guerre «alimente une urgence humanitaire aux proportions épiques», alerte ainsi le coordinateur des Nations unies pour les Affaires humanitaires Martin Griffiths. «Ce conflit qui s’étend - ainsi que la faim, les maladies et les déplacements de population qu’il entraîne - menace désormais d’emporter tout le pays», ajoute-t-il.
La guerre a fait près de 5000 morts, selon l’ONG ACLED. Mais le bilan réel serait supérieur car de nombreuses zones du pays sont totalement coupées du monde et les deux camps refusent de communiquer leurs pertes. En quatre mois, plus de 4,6 millions de personnes ont été contraintes de fuir.
«Plus les combats se prolongent, plus leur impact est dévastateur. Dans certains endroits, il n’y a déjà plus de nourriture. Des centaines de milliers d’enfants souffrent de malnutrition sévère et risquent de mourir de façon imminente s’ils ne sont pas soignés», prévient M. Griffiths.
Le haut responsable onusien souligne que les combats intenses qui ont ravagé la capitale Khartoum et le Darfour depuis la mi-avril se sont étendus au Kordofan. «A Kadugli, le chef-lieu du Kordofan-Sud, les réserves de nourriture ont été entièrement épuisées, tandis que les affrontements et les barrages routiers empêchent les travailleurs humanitaires d’atteindre les personnes affamées», indique-t-il, tandis qu’à Al-Foula, capitale du Kordofan-Ouest, les bureaux des humanitaires ont été saccagés et les provisions pillées.
Il se dit aussi «très inquiet pour la sécurité des civils dans l’Etat d’al-Jazira, car le conflit se rapproche du grenier à blé du Soudan». Les maladies (rougeole, paludisme, dengue...) se propagent dans tout le pays et la plupart des gens n’ont pas accès à des traitements médicaux. «Le conflit a décimé le secteur de la santé, la plupart des hôpitaux étant hors service», souligne ainsi Martin Griffiths.
Près d’un million de personnes ont fui dans les pays voisins, mettant par ailleurs en difficulté les communautés d’accueil. «Un conflit prolongé au Soudan pourrait faire basculer toute la région dans une catastrophe humanitaire», estime-t-il. «Il est grand temps que tous ceux qui participent à ce conflit fassent passer le peuple soudanais avant la quête de pouvoir ou de ressources», demande-t-il.