Loi 23-05 relative à l’usage et au trafic de stupéfiants : Prévention et traitement de l’addiction avant la condamnation

18/11/2023 mis à jour: 23:45
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La consommation de la drogue et des psychotropes devient un phénomène inquiétant

Sur une courbe ascendante ces dernières années, la commercialisation et la consommation de la drogue et des psychotropes deviennent un phénomène alarmant. 

L’analyse et les débats autour des aspects de cette question dans le cadre des dispositions de la loi 23-05 modifiant et complétant la loi n° 04-18 relative à la prévention et à la répression de l’usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes ont marqué la rencontre des Cours de justice de la région organisée, jeudi dernier, à l’hôtel Marriott de Constantine. 

Malgré les mesures avantageuses de cette loi, dont le durcissement des peines contre les actes de commercialisation, la protection des pharmaciens et le fait d’éviter des condamnations au consommateur considéré comme un malade, il reste beaucoup à faire sur le terrain. 

Notons à titre d’exemple l’orientation du toxicomane par le juge d’instruction vers les centres de prise en charge. «Lors de l’établissement des textes réglementaires, le ministère de la Santé n’a pas suivi cette évolution à travers la création de centres spécialisés pour la prise en charge des toxicomanes. C’est pourquoi l’application des articles en question est restée suspendue pour un bon moment», a révélé, à El Watan, Farid Mazouni, directeur de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie. 

Ce dernier a ajouté que le problème d’encadrement se pose. D’ailleurs, le ministère de la Santé a enregistré une certaine réticence des médecins en addictologie. Le même responsable a fait savoir, lors de son intervention, que sur 53 centres de traitement des toxicomanes, 48 sont exploités et 6 centres de désintoxication sont en service parmi 15 prévus dans le programme du ministère de la Santé. Cela sans oublier les deux centres expérimentaux créés à l’hôpital Franz Fanon de Blida et à Chéraga dans la capitale. 

Pour conclure, la commission des recommandations de la rencontre de Constantine a souligné que la majorité des modifications apportées par la loi 23-05 visent à remplacer les moyens de répression par la prévention et le traitement. La même commission a proposé, entre autres, d’insister sur le rôle de l’ONLDT dans la prévention et la coordination avec les différents secteurs concernés, ainsi que d’activer le rôle des médias dans la sensibilisation contre les dangers de la drogue. 

Elle a mis en exergue la nécessité d’accélérer le répertoire national numérique  des prescriptions médicamenteuses relatives aux stupéfiants et aux psychotropes, afin qu’il soit mis à la disposition de la justice, la police judiciaire, la santé et la douane. Il a été question de la coordination entre les services de la santé, de la solidarité et du ministère de l’Intérieur pour le transfert des toxicomanes vers le centre de soins le plus proche, afin de leur assurer la prise en charge médicale et psychologique et leur réintégration dans la société à travers l’activation des centres de traitement et de désintoxication.

 Il a été recommandé d’ouvrir plus de centres, leur affecter les médecins spécialisés et les doter en équipements. L’urgence de la mise en place des textes réglementaires spécifiques à l’établissement des listes nationales des psychotropes et leur classification a été soulignée. Le plus important est de veiller sur le rôle de la famille, des cellules d’écoute, des associations des parents d’élèves, de la société civile, des mosquées et des institutions de l’éducation, de la jeunesse et des sports.                                          
 

Nécessité d’une étude sociologique 

En dépit de tous les efforts déployés, les statistiques en hausse des affaires traitées dans ce domaine sont vertigineuses. Notons, à titre d’exemple, la wilaya de Constantine dont le wali, Abdelkhalek Sayouda, a tiré la sonnette d’alarme lors de cette rencontre, avançant que 1 500 affaires de trafic de drogue et de psychotropes ont été traitées durant les 10 premiers mois de l’année en cours. 

Une augmentation considérable en comparaison avec l’année écoulée où l’on a recensé environ 1000 affaires. Pour sa part et lors de son intervention, Noureddine Bekkis, enseignant en sociologie à l’université Alger 3, a jugé que le traitement de ce phénomène n’est pas uniquement juridique. Selon ses dires, il est nécessaire de chercher les facteurs sociologiques de l’addiction et leurs causes, «parce que les lois changent selon l’environnement sociétal. Il faut se demander pourquoi la cadence de la propagation de ce phénomène s’est accélérée, malgré tous les moyens mobilisés pour la lutte contre ce fléau », a-t-il souligné. 

Et d’ajouter qu’à travers n’importe quelle addiction, le concerné est en train de chercher une certaine appartenance et de créer des groupes qui remplacent la société. Mettant sous la lumière les conséquences désastreuses de ce phénomène, l’intervenant a donné l’exemple de certains États aux USA qui tolèrent aujourd’hui la consommation du cannabis (haschich). «Tout comme le vin et la cigarette, qui étaient interdits dans plusieurs pays, les lois les ont autorisés, après leur large consommation dans la société. D’ailleurs aujourd’hui, 15% de la population du monde est malade à cause de la cigarette. 

Les boissons alcoolisées tuent plus de 2 millions dans le monde», a alerté Noureddine Bekkis, indiquant que cette addiction est considérée par le consommateur comme un acte d’opposition à travers lequel il s’exprime et dénonce un cadre de vie ou les causes de cet échappatoire.                                                        

 

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