Logiciel d’espionnage Pegasus : Les poursuites en diffamation du Maroc en France jugées irrecevables

26/03/2022 mis à jour: 19:02
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Les poursuites en diffamation du Maroc contre des ONG et médias français ayant révélé ou dénoncé le recours par Rabat au logiciel d’espionnage Pegasus ont été déclarées vendredi irrecevables par la justice française. 

Le tribunal correctionnel de Paris a rendu dix jugements déclarant l’irrecevabilité des citations directes contre Le Monde, Radio France, France Media Monde, Mediapart, L’Humanité, Forbidden Stories et Amnesty International. Les décisions s’appuient sur un article de la loi française de 1881 sur la liberté de la presse, qui «ne permet pas à un Etat, qui ne peut pas être assimilé à un particulier au sens de ce texte, d’engager une poursuite en diffamation». L’avocat du Maroc a indiqué son intention de faire appel. 

A l’audience du 26 janvier, la procureure avait demandé au tribunal d’appliquer une jurisprudence «constante» dans ce domaine, citant des décisions récentes de la cour de cassation, la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire français. 

Le Maroc a été accusé à l’été 2021 d’avoir utilisé Pegasus, logiciel conçu par la société israélienne NSO, après une vaste enquête menée par un consortium de 17 médias internationaux sur la base de données obtenues par l’organisation Forbidden Stories et par Amnesty International. Parlant d’«allégations mensongères et infondées», le Maroc avait enclenché plusieurs procédures judiciaires en France, en Espagne et en Allemagne.

 Le logiciel Pegasus permet, une fois installé dans un téléphone mobile, d’espionner l’utilisateur de l’appareil, accédant à ses messageries, ses données, ou activant l’appareil à distance à des fins de captation de son ou d’image. «Ce n’était pas inattendu, la jurisprudence était très largement dans ce sens», a réagi Me Simon Foreman pour Amnesty International, se félicitant que «le tribunal rappelle fermement le principe de la liberté de critique de l’Etat, sans avoir à craindre des poursuites». 

L’avocat du Monde, Me Christophe Bigot, a salué «des décisions conformes aux pratiques habituelles s’agissant d’actions engagées par un Etat et qui permettent de préserver la liberté de critique à l’encontre d’un pays». 

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