Logement social à Boumerdès : Les raisons de la forte demande

15/10/2024 mis à jour: 01:12
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La wilaya a bénéficié  de plus de 43 800 LPL depuis 1984 - Photo : D. R.

Une étude du Cneru a fait état que plus de 34 000 logements sont inoccupés à travers la wilaya, alors que l’OPGI avait signalé la vente et la location de beaucoup de logement sociaux.

La wilaya de Boumerdès a bénéficié, depuis 1984 à ce jour, de 141 172 logements dans le cadre des différents programmes. 
Priorité des pouvoirs publics, le logement public  locatif (LPL) occupe une place prépondérante dans la politique sociale de l’Etat. La wilaya a eu droit à 43 884 unités, dont 36 624 ont été livrées, 5262 sont en cours de réalisation et 2000 en voie de lancement, lit-on dans un document rendu public la semaine passée par la direction du logement.

Razika Rachedi,  cheffe de service, a annoncé sur les ondes de la radio, la distribution de 634 appartements d’ici la fin de l’année. Certes,  les efforts consentis par l’Etat ont permis d’améliorer les conditions de vie à des milliers de citoyens, mais cette formule de logement connaît une forte demande dans plusieurs communes de la région. 

En effet, les opérations de relogement sont souvent suivies d’actes de protestation dénonçant le favoritisme et le manque d’équité  des commissions d’attribution. En 2014, le Centre national d’études et de recherches appliquées en urbanisme (Cneru) a révélé que 34 237 parmi les 159 557 logements recensés à travers la wilaya sont inoccupés.

Signe d’opulence ou d’injustice sociale ? Difficile de répondre. Les chiffres auront certainement évolué depuis. Il y a quelques années, un ancien directeur de l’OPGI a fait état de 3366 logements sociaux qui étaient «inexploités» par leurs bénéficiaires, précisant que 1040 ont été vendus illégalement, alors que 915 ont été sous-loués à des tiers. Inutile de sortir des grandes universités pour comprendre les raisons de ce problème qui perdure malgré les engagements des autorités d’y mettre le holà.

L’autre phénomène qui traduit la crise de logement est la persistance des bidonvilles dans plusieurs localités de la région. A Khemis El Kechna,  les autorités  ont recensé une dizaine de sites où vivotent plus de mille familles, dont certaines attendent d’être relogées depuis plus de 25 ans.

«C’est une bombe à retardement, car aucun programme n’est prévu pour  éradiquer ces bidonvilles»,  prévient un élu à l’APW, rappelant que la wilaya avait bénéficié de plus de 7000 logements dans le cadre de la résorption de l’habitat précaire. A Bordj Menaïel, des centaines d’habitations précaires ont vu le jour depuis 2017 en lieu et place des anciens sites de chalets. Les responsables locaux font comme si de rien n’était.

La  localité a vu la réalisation  de 3000 LPL ces dernières années, mais la crise est toujours là.  «Nous avons recensé plus de 12 000 demandes de logement social en attente», révèle un fonctionnaire à la daïra, insistant sur l’importance de revoir les critères d’attribution du LPL.

«Pourquoi se baser sur les revenus quand on sait que beaucoup de demandeurs travaillent délibérément dans l’informel pour bénéficier d’un logement social», argue-t-il. La loi actuelle, poursuit-il, favorise un célibataire qui se déclare chômeur mais qui gagne des millions dans l’informel, mais elle exclut un père de famille locataire ayant un salaire de 25 000 DA.

 

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