L’OCDE revoit à la baisse ses projections de croissance mondiale : «Le monde paie au plus fort le prix de la guerre»

09/06/2022 mis à jour: 05:15
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L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) vient d’abaisser ses prévisions de croissance économique mondiale dans son nouveau rapport de conjoncture.

La guerre en Ukraine a fortement impacté l’économie mondiale et ses conséquences risquent de durer, prévoit l’OCDE. «L’économie mondiale s’enfonce un peu plus avec la guerre en Ukraine et risque de creuser plus bas encore», note le rapport en tablant sur l’équation difficile de baisse de la croissance et forte hausse de l’inflation.

Alors que la crise sanitaire continue de laisser ses stigmates sur l’économie mondiale, la guerre en Ukraine est venue ralentir les tentatives de reprise.

«Le conflit en Ukraine et les perturbations des chaînes d’approvisionnement, que les mesures de confinement en Chine, dictées par la politique zéro Covid, n’ont fait qu’exacerber, portent un coup sérieux à cette reprise», indique le rapport, en portant le niveau de croissance du PIB mondial à 3% pour l’année 2022 et devrait se maintenir même en 2023. Ce taux est bien inférieur aux projections faites en décembre dernier avant la guerre en Ukraine, et qui étaient de 4,5%.

L’OCDE est donc plus pessimiste que le FMI, qui prévoyait dans son dernier rapport une croissance à 3,6% et au même niveau de projection que la Banque mondiale, qui présage, quant à elle, 2,9%. «La croissance devrait être nettement plus faible que prévu dans la plupart des économies.

Nombre de pays parmi les plus durement touchés se situent en Europe, qui est très fortement exposée à la guerre en raison de ses importations d’énergie et de l’afflux de réfugiés (une croissance de 2,6% contre une prévision précédente de 4,3% pour l’Europe, 2,5% pour les Etats-Unis contre 3,7%, et 4,4% pour la Chine contre des prévisions de 5,1%)», précise l’OCDE dans son rapport, en soulignant que partout dans le monde, des pays pâtissent du renchérissement des matières premières, qui ne fait qu’ajouter aux tensions inflationnistes et pèse sur les revenus réels et les dépenses.

Cette baisse de croissance se reflétera par une baisse du niveau des dépenses ainsi que par la diminution des offres d’emploi. «Le monde paie au prix fort la guerre», note le rapport, en prévoyant que la hausse des prix à la consommation n’atteindra son pic que plus tard et à un niveau plus élevé que prévu initialement.

«Les nouvelles projections de l’OCDE montrent l’ampleur et la dimension mondiale de l’impact de la guerre sur l’inflation, qui a d’ores et déjà atteint des niveaux inédits depuis 40 ans en Allemagne, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis», constate le même rapport.

Et d’ajouter que «l’allégement progressif des tensions sur les chaînes d’approvisionnement et les prix des matières premières et la hausse des taux d’intérêt devraient commencer à faire sentir leurs effets courant 2023, mais l’inflation sous-jacente devrait néanmoins rester supérieure ou égale aux objectifs des Banques centrales dans nombre de grandes économies avancées à la fin de l’année».

L’institution parisienne a, pour une rare fois, doublé son anticipation d’inflation au sein des pays membres de l’OCDE à 8,5% pour l’année 2022, soit le plus haut annuel depuis 1988.

«La flambée des prix des matières premières et les perturbations qu’elle risque d’entraîner dans la production auront des conséquences notables. La nette envolée des prix érode déjà le pouvoir d’achat et va contraindre les ménages modestes, partout dans le monde, à rogner sur d’autres postes de dépenses pour couvrir leurs besoins de base en énergie et en alimentation», avertit l’organisation.

Un arrêt brutal des exportations russes de gaz en Europe pourrait, selon les projections de l’OCDE, engendrer une hausse plus élevée des prix de l’énergie et des perturbations continues sur les chaînes d’approvisionnement.

«Une fuite en avant de l’inflation pourrait entraîner des hausses brutales de taux d’intérêt des Banques centrales», alerte la même organisation, en évoquant le risque de récession pour l’année 2023 dans le cas de l’arrêt des approvisionnements en énergie russe. 

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