L’interdiction de RT et Sputnik au sein de l’UE contestée

01/03/2022 mis à jour: 17:14
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La présidente de l’Union européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé, dimanche dernier, que les médias d’Etat russes, Russia Today (RT) et Sputnik, allaient être bannis afin de les empêcher de diffuser leurs «mensonges» sur la guerre menée par Moscou en Ukraine. «Nous allons interdire dans l’UE la machine médiatique du Kremlin.

Les médias d’Etat Russia Today et Sputnik, ainsi que leurs filiales, ne pourront plus diffuser leurs mensonges pour justifier la guerre de Poutine et pour semer la division dans notre Union. Nous développons donc des outils pour interdire leur désinformation toxique et nuisible en Europe», a indiqué la responsable européenne. «Poutine ne veut pas seulement conquérir le terrain, il veut aussi conquérir les esprits. En coupant Russia Today et Sputnik dans l’UE, nous coupons la tête du serpent», a ajouté le vice-président de la Commission européenne, Josep Borrell. 

Immédiatement, RT France a réagi en affirmant que cette annonce est «une violation de l’Etat de droit et va à l’encontre des principes mêmes de la liberté d’expression et d’information», en rappelant que 176 salariés travaillent chez RT France, dont plus de 100 journalistes titulaires de cartes de presse. 

La chaîne soutient que cette interdiction «n’a aucun fondement juridique» dans la mesure où «aucun manquement n’a été constaté qui pourrait justifier une pure et simple censure».Elle précise qu’elle saisira tous les recours juridiques possibles pour s’opposer à cette décision. Interrogé, son avocat, Basil Ader, un spécialiste des médias, indique que «le bannissement d’un média est une notion inconnue du droit, et difficilement compréhensible s’agissant d’un média français qui emploie plus de 100 journalistes français encartés !» Pour sa part, un syndicat de journalistes français a dénoncé l’annonce de la présidente de l’UE. «S’en prendre ainsi à ses salariés est inacceptable.

 Les intimidations et menaces de représailles n’ont jamais fait avancer la cause de la liberté de la presse», a condamné le SNJ. Christian Dauriac, membre du bureau national du premier syndicat français de journalistes, évoque une «décision stupide». «L’interdiction d’un support de presse quelle que soit sa ligne éditoriale n’a jamais favorisé le pluralisme de l’information et la censure n’est pas une compétence de Bruxelles», a précisé le syndicat, cité par la presse française. Les autorités russes n’ont pas encore réagi à l’annonce relative à l’interdiction des chaînes russes au sein de UE. 

Depuis le début du conflit, des géants de la tech avaient pris des initiatives pour limiter aussi la diffusion d’informations émanant d’organes de presse affiliés au gouvernement russe. Après Facebook, c’était au tour de YouTube de bloquer, hier, en Europe les médias russes RT et Sputnik. «Nous bloquons les chaînes YouTube de RT et Sputnik dans toute l’Europe, avec effet immédiat. 

Nos systèmes nécessitent un peu de temps avant d’être complètement opérationnels. Nos équipes continuent de surveiller la situation 24 heures sur 24 pour agir le plus rapidement possible», a annoncé dans un communiqué YouTube, filiale du géant américain Google. Après l’annonce de YouTube, les chaînes YouTube de RT et Sputnik n’étaient plus consultables dans l’UE, et remplacées par la mention «Cette chaîne n’est pas disponible dans votre pays». 

Cette décision a été aussi dénoncée par RT France. «Ce blocage sur les réseaux sociaux est un acte de censure pur et simple, sans aucun fondement légal», a fustigé RT France. «Pour l’heure, les vidéos postées avant le blocage par RT France restent visibles», a également précisé la chaîne sur son site internet. «La chaîne Telegram reste disponible», a de son côté indiqué sur son site l’émanation française de Sputnik.

 La semaine précédente, Google a déclaré avoir «suspendu» la possibilité pour les médias financés par l’Etat russe de générer de l’argent sur ses différentes plateformes, en réponse à l’invasion de l’Ukraine par Moscou. 

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