L’insécurité alimentaire dans le monde s’aggrave : L’ONU tire la sonnette d’alarme

05/05/2022 mis à jour: 01:54
AFP
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Le rapport 2021 ne prend pas en compte la guerre en Ukraine, qui promet d’aggraver les fragilités des pays très dépendants des exportations de céréales ou d’engrais russes et ukrainiens, comme la Somalie

Avant même la guerre en Ukraine, l’insécurité alimentaire aiguë a frappé près de 40 millions de personnes supplémentaires en 2021, pour atteindre près de 200 millions, en raison des conflits et des crises climatiques et économiques, a prévenu l’ONU dans son rapport sur les crises alimentaires. 

L’an passé, 193 millions de personnes dans 53 pays se trouvaient en situation d’insécurité alimentaire aiguë, c’est-à-dire qu’elles ont eu besoin d’une aide urgente pour survivre. Mais même avec l’aide alimentaire, beaucoup ont souffert de malnutrition aiguë, car incapables de couvrir le minimum de leurs besoins nutritionnels. 
 

La classification englobe les niveaux 3 à 5 de l’échelle internationale de la sécurité alimentaire : «crise», «urgence» et «catastrophe». Depuis 2016, date de la première publication de ce rapport réalisé par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial et l’Union européenne, le chiffre n’a cessé de croître. 

Le rapport 2021 ne prend pas en compte la guerre en Ukraine, qui promet d’aggraver les fragilités des pays très dépendants des exportations de céréales ou d’engrais russes et ukrainiens, comme la Somalie. Les projections pour 2022, qui n’incluent à ce stade que 42 des 53 pays concernés, estiment que 179 à 181,1 millions de personnes pourraient souffrir d’insécurité alimentaire aiguë. «La guerre a déjà mis en évidence la nature interconnectée et la fragilité des systèmes alimentaires», souligne la FAO, qui prévient que «les perspectives d’avenir ne sont pas bonnes». «Si l’on ne fait pas plus pour soutenir les régions rurales, la magnitude des dégâts liés à la faim et à la dégradation des niveaux de vie sera dramatique. Une action humanitaire urgente et à une échelle massive est nécessaire.» 

La hausse enregistrée en 2021 découle d’une «triple combinaison toxique de conflits, d’événements météorologiques extrêmes et de chocs économiques», détaille la FAO. Les conflits sont en cause pour 139 millions de personnes, notamment dans les pays en proie à des crises politiques et humanitaires, comme la République démocratique du Congo (RDC), l’Ethiopie, l’Afghanistan et le Yémen, les plus affectés. 

Les difficultés économiques liées à la pandémie de Covid-19, moins conséquentes qu’en 2020, furent la principale cause de faim aiguë pour 30,2 millions de personnes dans le monde. L’ONU précise que ces chiffres sont tirés vers le haut par l’élargissement de sa couverture géographique, qui inclut de nouveaux Etats, comme la RDC. 1,5 milliard de dollars d’aide financière serait nécessaire pour agir dès maintenant, afin de profiter de la saison des semis pour augmenter la production dans les régions à risque, estime la FAO, qui a tenu une réunion à ce sujet hier. 

 

 

 

Dans la Corne de l’Afrique, la sécheresse menace 20 millions de personnes 
 

Du sud de l’Ethiopie au nord du Kenya en passant par la Somalie, la Corne de l’Afrique fait face à une sécheresse qui alarme les organisations humanitaires, avec près de 20 millions de personnes menacées par la faim. Dans ces régions où la population vit majoritairement d’élevage et d’agriculture, les trois dernières saisons des pluies depuis fin 2020 ont été marquées par de faibles précipitations, venant s’ajouter à une invasion de criquets qui ont ravagé les cultures entre 2019 et 2021. Un mois après le début théorique de la saison des pluies, «le nombre de personnes qui ont faim en raison de la sécheresse pourrait monter en flèche, passant de l’estimation actuelle de 14 millions à 20 millions en 2022», déclarait en avril le Programme alimentaire mondial (PAM). Près de 40% de la population de la Somalie, soit six millions de personnes, font face à des niveaux extrêmes d’insécurité alimentaire et certaines zones connaissent probablement déjà la famine, selon l’agence de coordination humanitaire de l’ONU, Ocha. En Ethiopie, 6,5 millions de personnes font face à une «insécurité alimentaire sévère», de même que 3,5 millions de personnes au Kenya, selon l’agence. A travers la région, un million de personnes ont dû quitter leur foyer en raison du manque d’eau et de pâturages, et au moins 3 millions de têtes de bétail ont péri, ajoute Ocha. R. I

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