L’industrie spatiale : Les technologies quantiques et l’AI ouvrent de nouvelles perspectives

23/09/2024 mis à jour: 14:29
AFP
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La capacité à réutiliser les engins spatiaux est un enjeu majeur pour les Européens

Moteurs réutilisables, trajectoire de satellite optimisée par les ordinateurs quantiques, observation facilitée par l’intelligence artificielle : les technologies évoquées lors du sommet international de l’espace (World Space Business week), qui s’est tenu cette semaine à Paris, chamboulent l’industrie spatiale. 

«L’intelligence artificielle et les technologies quantiques sont des bouleversements majeurs», explique à l’AFP le directeur général de l’Agence spatiale européenne (ESA), Joseph Aschbacher. Les technologies basées sur les principes de la physique quantique, qui étudie l’infiniment petit, vont permettre des communications et des transmissions de données entre les équipements dans l’espace et sur Terre quasi-instantanées, et sécurisées grâce à la cryptographie qui rend presque impossible le piratage. Les ordinateurs quantiques, plus puissants que les classiques, vont contribuer à optimiser les trajectoires spatiales, condition essentielle pour les missions longues et l’évitement de collision entre satellites et débris. Les télescopes quantiques, plus sensibles, permettront d’améliorer la résolution des images. Les technologies quantiques s’appliquent aussi bien à la «communication, (au) calcul ou (à) la détection des signaux depuis l’espace et des changements de gravité, même sous terre», remarque M. Aschbacher. 

     
En améliorant la qualité des analyses et en permettant de gagner du temps, l’intelligence artificielle est cruciale pour l’observation, la gestion des débris ou l’exploration de l’espace. «Nous pouvons intégrer des années de détection d’objets dans un algorithme avec un taux de confiance supérieur à 95% et ensuite transmettre cela à un humain pour qu’il réalise l’analyse à partir de ces données», explique à l’AFP Lyn Chassagne, responsable de Blacksky, une entreprise américaine spécialisée dans l’imagerie satellitaire en temps quasi-réel. Nous «gagnerons en efficacité et en rapidité» dans le domaine de l’observation de la Terre, affirme-t-elle. 

Cela permettra notamment d’identifier des objets beaucoup plus petits et développer des algorithmes personnalisés pour les clients. «Si un client souhaite suivre des véhicules blindés et des chars, nous travaillons pour pouvoir différencier ces types d’objets, qui peuvent sembler identiques pour un civil (...), ce qui lui permet de savoir, par exemple, combien de véhicules spécifiques ont été déplacés d’un point A à un point B», explique Lyn Chassagne. Le client «n’a pas besoin des images, les ordinateurs peuvent faire ce travail et lui faire gagner du temps», ajoute la responsable de Blacksky, dont les images d’un convoi militaire russe roulant sur Kiev en 2022 ou le retrait de la flotte russe de Sébastopol en 2023 ont eu un impact sur la guerre en Ukraine.


Nouvelle propulsion et réutilisation  


Fort du succès du vol inaugural d’Ariane 6 en juillet, le PDG d’ArianeSpace, Stéphane Israël, table sur des évolutions de la propulsion des engins spatiaux et sur la capacité de les réutiliser. «Aujourd’hui, on a des propulsions qui sont (à) l’hydrogène et (à) l’oxygène, peut-être demain cela sera (à) l’oxygène et (au) méthane», ce dernier étant plus propre à brûler que l’hydrogène, souligne-t-il à l’AFP. Le moteur-fusée adaptable à différents types de mission Prometheus développé par ArianeGroup brûlera ainsi un mélange d’oxygène et de méthane liquide. «On travaille sur la réutilisation de ce moteur» à travers MaiaSpace, filiale d’ArianeGroup qui développe un projet de lanceur léger partiellement réutilisable, indique aussi Stéphane Israël. 


La capacité à réutiliser un engin est un enjeu majeur pour les Européens, qui, avec leurs technologies chères et à usage unique, sont à la traîne face à SpaceX d’Elon Musk, dont les lanceurs Falcon 9 peuvent être utilisés jusqu’à dix fois, ce qui réduit le coût de ses missions. Contrairement aux satellites traditionnels dont les fonctions sont prédéfinies par le matériel embarqué, les satellites «définis par logiciel» peuvent reconfigurer leurs missions en cours de vol, via des mises à jour des logiciels. 

Après leur mise en orbite, ces satellites peuvent passer d’une mission à l’autre, par exemple d’une mission d’observation de la Terre aux télécommunications. Pour Ryan Reid, président des systèmes des satellites commerciaux de Boeing, c’est la technologie la plus prometteuse du moment dans son domaine. 

 

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