Les Anglais d’Aston Villa, champions d’Europe surprise en 1982 face au Bayern Munich, retrouvent le géant allemand ce soir, escortés par des souvenirs éternels et une interrogation, à court terme, sur leur capacité à mener de front Premier League et Ligue des champions.
Pour l’ogre bavarois aux six titres européens, croqueur du Dinamo Zagreb (9-2) durant la première journée, le déplacement à Birmingham n’est qu’un match parmi d’autres, ou presque. L’affiche génère en revanche des émotions décuplées dans les rangs anglais, de retour dans la grande Europe après quarante-et-un ans d’absence. «Il y a une effervescence autour du club», a reconnu l’attaquant Ollie Watkins le week-end dernier. «La saison dernière, c’était spécial et ça le sera encore plus cette année avec la Ligue des champions». Le public de Villa Park, un des plus chauds d’Angleterre, savoure à l’avance ses retrouvailles avec les sommets européens, surtout avec un premier invité si particulier.
Dans son esprit, le Bayern Munich sera à jamais associé à la finale 1982 de la Coupe des clubs champions européens (l’ancêtre de la Ligue des champions) remportée 1-0 par les Villans à la surprise générale. Le club des Midlands de l’Ouest ressemblait à un petit Poucet face à Karl-Heinz Rummenigge, Paul Breitner et compagnie. Mais il a fait de cette joute déséquilibrée le «jour le plus important de l’histoire du club», selon la formule utilisée par son entraîneur de l’époque, Tony Barton. Ce dernier avait été propulsé à la tête de l’équipe en février après la démission de Ron Saunders, fâché avec la direction. En finale, le manager anglais a dû gérer la sortie sur blessure du gardien Jimmy Rimmer, remplacé par l’inexpérimenté Nigel Spink.
Rotation et profondeur de banc
Si le paysage du football européen a bien changé depuis, le costume de favori reste campé sur les solides épaules du Bayern Munich, leader de Bundesliga peuplé de stars, de Manuel Neuer à Jamal Musiala, en passant par Michael Olise et Harry Kane. Aston Villa, même sans le capitaine John McGinn, blessé, dispose également d’une nuée d’internationaux (Emiliano Martinez, Ezri Konsa, Lucas Digne, Youri Tielemans...). Mais leur rayonnement et leur expérience en Ligue des champions sont un cran en dessous.
Plusieurs observateurs prédisent en outre une saison difficile en Premier League pour les joueurs d’Unai Emery, pas habitués à l’enchaînement des matches domestiques et européens. «J’espère simplement qu’il dispose d’un groupe suffisamment costaud en matière de force et de profondeur, car la Ligue des champions le mardi ou le mercredi, puis la Premier League le samedi ou le dimanche, cela devient une tâche difficile», a affirmé récemment l’ancien entraîneur de plusieurs clubs anglais Sam Allardyce dans un podcast. Emery devra «faire tourner autant que possible» et cela implique un risque de décrochage en championnat, selon lui : «J’espère me tromper mais s’ils font un bout de chemin en Ligue des champions, je pense qu’ils auront du mal à rester dans le Top 4». Le manager d’Aston Villa veut lui jouer le coup à fond, sans se réfugier derrière la fatigue que pourraient ressentir ses joueurs.
«Qu’est-ce qu’on veut ? Nous voulons jouer des matches le dimanche et le mercredi. Nous voulons tenter d’être au même niveau que les autres équipes comme (Manchester) City, Arsenal, Liverpool, Manchester United, Newcastle, Tottenham», a insisté Emery. Sinon, «ok, on ne joue pas en Europe et on se repose toute la semaine. Super pour tout le monde, mais c’est le défi qui nous attend, les joueurs, moi-même, les supporters, même les journalistes», a-t-il lancé.