L’une des principales raffineries de Libye, située dans l’ouest, a été mise à l’arrêt après des affrontements entre groupes armés locaux, qui ont éclaté tôt hier et provoqué des incendies sur des infrastructures, a annoncé la compagnie pétrolière publique NOC, citée par l’AFP.
Plusieurs réservoirs de la raffinerie de Zawiya, ville située à 45 km à l’ouest de Tripoli et la seule de l’ouest libyen qui approvisionne le marché local en carburant, ont pris feu, selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, avant d’être maîtrisés.
Construite en 1974, la raffinerie de Zawiya, qui est aussi un terminal portuaire d’import-export de carburants, est la plus importante du pays après celle de Ras Lanouf (nord), avec une capacité de raffinage dépassant 120 mille barils par jour. La NOC a annoncé, dans un communiqué, la suspension de la production, décrétant «l’état de force majeure et l’état d’urgence niveau trois (degré maximum) après les dégâts causés à plusieurs réservoirs de la raffinerie de Zawiya, aux premières heures du 15 décembre». «Des affrontements à l’arme lourde et arme moyenne ont éclaté entre groupes armés dans le périmètre de la raffinerie, provoquant de graves incendies, maîtrisés par le personnel de la défense civile», selon le communiqué.
Des sites d’informations libyens ont évoqué un bilan d’un mort et dix blessés au sein des groupes armés, sans confirmation officielle. «Tous les incendies déclarés dans les réservoirs de la raffinerie, touchés par des tirs, ont été maîtrisés », a indiqué Khaled Ghulam, porte-parole de la NOC, sur la chaîne télévisée Libya Al-Ahrar. «Nous rassurons les habitants de Zawiya et Tripoli que l’approvisionnement en carburant des réservoirs de la société de distribution Brega Oil est sécurisé et que la distribution d’essence aux stations de service se poursuit sans interruption», a ajouté le responsable. Zawiya, troisième plus grande ville de Tripolitaine après Tripoli et Misrata, est le théâtre de combats violents et récurrents entre groupes armés.
En mai, des affrontements entre bandes rivales avaient fait un mort et une dizaine de blessés avant l’intervention de notables et chefs tribaux. Les cours ont été suspendus dans tous les établissements scolaires et à l’université de Zawiya, selon l’agence libyenne Lana. La route côtière qui relie la ville à Tripoli a été rouverte après une fermeture qui a duré jusqu’en début de matinée. Invoqué dans des circonstances exceptionnelles, «l’état de force majeure» permet une exonération de la responsabilité de la NOC en cas de non-respect des contrats de livraison de pétrole.
Depuis la chute et la mort du dirigeant Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye, qui dispose des réserves d’hydrocarbures les plus abondantes d’Afrique, peine à s’extirper d’une décennie de chaos et de divisions, avec deux gouvernements rivaux qui se disputent le pouvoir. Les blocages de sites pétro-gaziers ont été fréquents ces dernières années en Libye, liés soit à des revendications sociales, soit à des menaces sécuritaires ou à des différends politiques. Grâce à une accalmie et de nouveaux investissements dans les infrastructures, la production, aux environs de 1,2 million de barils par jour depuis une dizaine d’années, est remontée début décembre à 1,4 million de barils par jour (contre 1,5 à 1,6 million avant les révoltes de 2011).