L’histoire de la CAF et de la CAN (1957-2022) : Un idéal trahi

08/01/2022 mis à jour: 11:00
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Photo : D. R.

Dans quelques heures, dimanche 9 janvier 2022, sera donné le coup d’envoi de la 33e édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) que le Cameroun abritera cette année. A l’occasion du grand rendez-vous continental 2022, la Confédération africaine de football fêtera ses 65 ans d’existence. La vie et le parcours de la CAF n’ont pas été un cheminement facile. Loin de là. Ce fût un parcours de combattant de tous les instants.

La naissance de la confédération s’est faite dans la douleur. Ils étaient nombreux ceux qui ne voulaient pas de l’existence de la confédération africaine. A commencer par certaines fédérations européennes farouches adversaires de l’initiative soumise par des dirigeants africains membres de la FIFA à l’instar des responsables de la fédération égyptienne, du Soudan et de l’Ethiopie affiliées à la FIFA respectivement en 1923, 1948 et 1953.

A cette époque, le football mondial se conjuguait au présent grâce à la loi du nombre et de la puissance financière, déjà, du football européen. Des dirigeants africains, visionnaires, ambitieux pour le football du continent ont décidé de relever le défi et d’obliger la FIFA à les écouter.

65 ans plus tard (2021-2022) une nouvelle race de «dirigeants» africains installés à la tête de la CAF se sont littéralement allongés à même le sol pour obéir aux ordres de la FIFA, qui a tout tenté, sous la poussée de grands clubs européens, pour saborder la CAN 2022. Entre 1953 et 1957, des responsables sportifs africains ont bataillé contre des Européens et une bonne partie de la FIFA pour gagner la reconnaissance de l’Afrique à travers la création de la CAF dont presque personne ne voulait entendre parler.

Aux sages africains il a fallu des tonnes de sagesse et de patience pour faire aboutir le projet de création de la CAF. Comme un symbole, ils ont jeté les jalons de la création de la confédération en Europe, plus exactement à Lisbonne au Portugal à l’occasion de la tenue du congrès de la FIFA en 1956. Les dirigeants africains dont la fédération était membre de la FIFA (Egypte, Soudan, Ethiopie et Afrique du Sud) se sont réunis à l’hôtel Avenida à Lisbonne avec le président de la FIFA, l’Anglais Arthur Drewry et lui ont dit : «On vous donnera nos quatre voix pour l’élection du président de la FIFA et vous validez la création de la Confédération africaine de football». Ils se sont retrouvés le 8 février 1957 à Khartoum et ont annoncé la naissance de la CAF.

Au fil des ans et au gré des événements, leur fabuleux héritage a été vendangé par leurs piètres successeurs. Pire, plus d’un demi-siècle plus tard, des responsables de la CAF ont tout fait pour faire annuler la CAN 2022. Des membres du comité exécutif de la CAF, des dirigeants de fédérations ont comploté pour «assassiner» la CAN 2022 et faire plaisir au maître du football mondial et régent du football africain, Gianni Infantino.

Depuis la chute de Issa Hayatou, c’est lui le patron du football de notre continent. C’est lui qui a imposé l’élection de Patrice Motsepe à la tête de la CAF en 2017 avec une candidature unique. Les grands clubs européens et leurs ligues lui ont demandé d’ajourner le tournoi 2022. Il a donné sa bénédiction et entraîné dans son sillage toutes les fédérations africaines sauf celle du Cameroun.

A l’exception de celle-ci, toutes les autres ont marché avec Gianni Infantino. Les hommes qui ont créé la CAF en 1957 doivent se retourner dans leurs tombes. Ils étaient pleinement convaincus de la justesse et de la noblesse de leur devoir. Ils n’étaient pas vendus à l’Europe et son pouvoir de l’argent. La preuve, en 1957, lors de la première édition de la CAN à Khartoum (Soudan) une crise éclate la veille du premier tournoi. L’Afrique du Sud présente deux listes de joueurs.

La première constituée exclusivement de joueurs blancs et la seconde de joueurs de couleur. Les fédérations du Soudan, de l’Egypte et de l’Ethiopie protestent et rejettent les deux listes de l’Afrique du Sud. Le président de la FIFA, Arthur Drewry, leur dit : «Je vous ai aidé pour créer la CAF, permettez à l’Afrique du Sud de prendre part au tournoi avec uniquement des joueurs blancs».

Les dirigeants des fédérations citées répondent en chœur : «Jamais tant qu’on sera en vie». L’apartheid sportif a reçu son premier coup de semonce. Une année plus tard (1958), la FIFA a prononcé l’exclusion de l’Afrique du Sud de ses rangs.

Le président de la CAF, Patrice Motsepe, les membres du Comex de la CAF et les présidents des fédérations africaines à l’Assemblée générale de la CAF devraient relire le livre de l’histoire du football africain. Ils apprendront beaucoup de leurs aînés. Le football africain mérite mieux que les actuels responsables qui le dirigent.

 

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