L’Europe face à l’Amérique de Donald Trump : Le Vieux Continent face à de nouveaux défis

23/01/2025 mis à jour: 19:55
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Donald Trump

Le retour de l’ancien Président à la Maison-Blanche met l’Europe face à de nouveaux défis comme les questions de défense et le soutien à l’Ukraine.

Le nouveau président américain ne cesse de le répéter : il ne veut plus que les Etats-Unis dépensent des «milliards et des milliards de dollars» pour financer la défense de l’Europe par l’intermédiaire de l’Otan.
Ainsi, le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré hier, lors d’une conférence de presse aux côtés du président français, Emmanuel Macron, que la deuxième présidence de Donald Trump s’annonce comme «un ‘‘défi’’ pour l’Europe qui ne se dérobera pas» et sera un partenaire «sûr de lui» face aux Etats-Unis.

 «Le président Trump sera, c’est déjà clair, un défi à relever», a estimé le dirigeant allemand en visite à Paris. «L’Europe ne va pas se dérober, ni se cacher, mais être un partenaire constructif et sûr de lui», a-t-il ajouté.
De son côté, le président français a appelé à cette occasion la France et l’Allemagne à jouer «tout leur rôle» pour une Europe «forte» et «unie», qui sache défendre ses «intérêts» face, notamment, à l’Amérique de Donald Trump. «Il appartient plus que jamais aux Européens, et donc à nos deux pays, de jouer tout leur rôle pour consolider une Europe unie, forte et souveraine», a-t-il déclaré au côté du chancelier Olaf Scholz à l’Elysée. «Une Europe attachée au lien transatlantique qui sache affirmer aussi ses intérêts propres et les défendre avec ses valeurs et ses instruments européens», a-t-il affirmé.

De son côté, la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a observé, le même jour, que Donald Trump «a raison» de dire que Bruxelles ne dépense pas assez sur la défense. Comme elle a  évoqué le besoin urgent d’investissements de la part des Etats membres et du secteur privé, mais aussi via le budget européen. «Nous dépensons des milliards dans nos écoles, nos systèmes de santé et notre protection sociale. Mais si nous ne dépensons pas plus dans la défense, tout ceci sera mis en danger», a-t-elle prévenu. «L’an dernier, les Etats membres dans leur ensemble ont consacré en moyenne 1,9% de leur PIB à la défense. La Russie y consacre 9%», a-t-elle indiqué, se disant convaincue que le bloc peut faire plus pour aider l’Ukraine face à l’intervention russe.

Pour Kaja Kallas, il y a un besoin urgent d’investissements de la part des Etats membres et du secteur privé, mais aussi à partir du budget européen. «L’incapacité de l’Europe à investir dans ses capacités militaires envoie aussi un signal dangereux à l’agresseur», a-t-elle observé. 

Elle a par ailleurs souligné que si la Russie avait des amis, l’UE en a «plus», mettant en relief la force de l’alliance avec les Etats-Unis et appelant de ses vœux un nouvel accord de sécurité avec le Royaume-Uni, «partenaire clé» de l’UE. «Nous avons besoin d’une relation mutuellement bénéfique sur la sécurité et la défense» avec Londres, a-t-elle expliqué lors d’une conférence à Bruxelles. «Un nouvel accord sur ce thème serait la prochaine étape logique».


Le devoir de «s’armer»

Un peu plus tard, le Premier ministre polonais, Donald Tusk, dont le pays est frontalier de l’Ukraine, et l’un des partisans du soutien à Kiev dans sa guerre contre la Russie, déclenchée il y a près de trois ans, a déclaré devant le Parlement européen que «si l’Europe veut survivre, elle doit s’armer».Donald Tusk, dont le pays assure au premier semestre la présidence tournante de l’UE, a exhorté les Etats membres à prendre au sérieux l’appel de Donald Trump à accroître leurs dépenses de défense à 5% du PIB. «Nous sommes à un moment où l’Europe ne peut pas se permettre d’économiser sur la sécurité», a-t-il lancé, mettant ce sujet au cœur de sa présidence. «Ce n’est pas nous qui l’avons choisi. Je ne suis pas militariste (...) Nous avons beaucoup souffert (de la guerre) en Europe, et c’est peut-être pour cela que nous comprenons si bien que pour éviter que notre histoire se répète, nous devons être armés, nous devons être forts et nous devons être déterminés, y compris en termes de capacités de défense». Et de poursuivre : «Ne vous demandez pas ce que les Etats-Unis peuvent faire pour votre sécurité, demandez-vous ce que nous pouvons faire pour notre sécurité.» 

Pour sa part, le président conservateur finlandais, Alexander Stubb, s’est dit hier à Davos «plutôt optimiste» sur l’issue d’éventuelles négociations de paix sur l’Ukraine engagées par le président américain, Donald Trump, estimant que ce dernier en sortirait «gagnant». «Je suis en fait plutôt optimiste, parce que Trump a besoin d’en sortir gagnant, et je crois qu’il le sera», a-t-il indiqué, interrogé sur l’issue d’éventuelles négociations que lancerait le nouveau président américain, lors de la réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos (Suisse). 

Donald Trump a indiqué, mardi, être en discussion avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, et il a ajouté qu’il allait «très bientôt (s’)entretenir» avec son homologue russe, Vladimir Poutine, pour trouver une issue au conflit ukrainien. «C’est un dossier compliqué et je n’envie pas l’administration Trump, s’ils veulent parvenir un accord dans une période de trois à six mois», a relevé A. Stubb, en référence à l’ambition du président américain, qui a même affirmé initialement pouvoir résoudre le conflit en 24 heures. 

Le président finlandais a jugé «important de convaincre Donald Trump et son administration, qui vont négocier l’accord, mais aussi la Chine, qui peut influencer la Russie, que les trois principes clé demeurent l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale» de l’Ukraine. La Finlande, qui partage près de 1300 km de frontière avec la Russie, a rejoint l’Otan le 4 avril 2024, largement en raison de l’invasion russe en Ukraine, mettant un terme à plusieurs décennies de
neutralité.
 

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