L’Etat accorde un crédit FNI de 18,6 milliards da à l’EPE Sider El Hadjar

26/01/2023 mis à jour: 18:14
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Vue aérienne du complexe sidérurgique d'El Hadjar

L’Etat a fini par accorder à l’EPE Sider El Hadjar un crédit de 18,6 milliards de dinars. Remboursable sur cinq années, dont deux de différé, ce crédit, avec un taux bonifié de 3%/an, n’est pas bancaire. Il relève du Fonds national de l’investissement (FNI) sur les ressources du Trésor public. «Suite à l'accord du Premier ministre, l'entreprise publique économique Sider El Hadjar relevant du groupe Imetal bénéficie, à titre transitoire, d'un crédit FNI sur les ressources du Trésor d'un montant de 18,6 milliards de dinars sur une durée de 5 ans, dont 2 ans de différé. Le taux d’intérêt est de 3% l'an», lit-on sur le document de la décision, émanant du ministère des Finances et consulté par El Watan. Contrairement aux précédents, ce crédit n’est pas destiné à l’investissement, mais à la prise en charge des besoins de trésorerie pour une période de quatre mois. Vu que janvier a été consommé avant le début de l’opération, ce crédit prendra effet, sans doute, à partir du mois de février. Il faut dire que cette enveloppe va soulager considérablement le complexe sidérurgique d’El Hadjar qui, depuis plusieurs années, fait face à un pénalisant manque de cash-flow. Aussi, à l'inverse des années précédentes, cette inespérée manne financière sera dépensée sous l’examen du FNI qui, dans le même document, a été «chargé de mettre en place un dispositif permettant le contrôle de la destination des financements (…). Les structures concernées de la Direction générale du Trésor et de la gestion comptable des opérations financières de l'Etat, le directeur général du FNI et le président-directeur général du groupe Imetal sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution de cette décision».

Coke, mines et douanes

Les brèches financières sont nombreuses mais toutes prioritaires. Il s’agit, selon des sources proches du ministère de l’Industrie, de l’approvisionnement en coke à raison d'une cargaison de 30 000 t/mois, ce qui mobilisera un montant de 250 millions de dinars/mois en plus d'un dédouanement équivalent à 650 millions de dinars/cargaison pour les 15 000 t de coke acquises en octobre, 27 000 t en novembre et 30 000 t en décembre 2022 et janvier 2023. Quelque 130 millions de dinars/mois seront mobilisés au profit de la société des Mines et du fer de l’Est – MFE (sur sa proposition). Ce montant a été revu à la hausse après la réactualisation du plan de trésorerie. Il représente le paiement de la facture mensuelle et d’autres anciennes relatives à la fourniture du minerai; ce qui va permettre à la MFE d'avoir une trésorerie suffisante pour faire face en partie à ses propres contraintes financières.

Enfin, les services des Douanes algériennes de la wilaya de Annaba auront 300 millions dinars/mois. Il s’agit de la régularisation d'anciens dossiers de dédouanement antérieurs à 2020 relatifs à 15 cargaisons de coke et une de pellettes.

Force est de relever qu’un besoin de fonds de roulement est plus que nécessaire pour faire face à une crise de trésorerie. «Ce fonds permettra à l’EPE Sider El Hadjar de relancer une réelle continuité de l'activité de production dans les conditions les mieux adaptées à la technologie et au process, pour ne pas détériorer nos installations avec les arrêts répétitifs, de payer une bonne partie des dettes fournisseurs antérieures et revenir à un niveau de dettes acceptable par les deux parties et surtout de générer des recettes qui serviront essentiellement à l'autofinancement de l'activité de production, seule issue de sortie de crise avec un avantage économique certain, en attendant le lancement du PLD phase 2», estiment plusieurs cadres de cette usine.

LE RÊVE DE 6000 SIDÉRURGISTES

Ce crédit n’a pas inclus la somme de 513,62 millions dinars, nécessaire pour la récupération d’un important lot d’équipements, en souffrance depuis plusieurs années aux ports de Annaba, de Skikda et dans les magasins sous douanes de l’EPE Sider El Hadjar. Selon des dirigeants de l’entreprise, au moins cinq équipements sont en souffrance au niveau du port de Annaba, générant des surcoûts en centaines de millions de dinars. L’allongement du délai de dédouanement de ces équipements accroît davantage les frais de magasinage et les pénalités de retard, hormis la détérioration et la perte de garantie des fournisseurs. Il s’agit, entre autres, des tableaux de distribution électriques, chaudière de 30T/h, un lot de voie ferrée, un convertisseur pour l’aciérie et l’osmose inverse. Vraisemblablement, cet important équipement acquis dans le cadre de l’Agence algérienne de la promotion de l’investissement (ex-ANDI) est exposé aux quatre vents.

Après cette bouffée d’oxygène financière, l’entreprise Sider El Hadjar doit-elle engager la deuxième phase de son plan de développement (PLD), bloqué depuis 2018 ? Affirmatif, répondent à l’unanimité plus de 6000 sidérurgistes de ce complexe. En effet, pour eux, «outre l’aspect historique et social, Sider El Hadjar arrive économiquement à se prendre en charge financièrement et génère même des entrées conséquentes en devise malgré les lourdes contraintes qui pèsent sur elle». Cinq années après, le staff dirigeant est toujours de cet avis : «Nous sommes conscients des enjeux stratégiques et conjoncturels et ne ménagerons aucun effort tant qu’on est soutenus continuellement par notre management, par le PDG du groupe Imetal, disponible, engagé et fortement impliqué pour faire aboutir toutes les mesures envisagées par les pouvoirs publics.»

Cet appel est lancé à l’adresse du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui accorde une importance particulière au complexe pour le soutenir. Il faut savoir que l’usine d’El Hadjar, qui a toujours financé ses opérations par des crédits bancaires remboursables, dispose aussi de son propre fonds pour engager la 2e phase de son plan de développement. Plus de 46,5 milliards de dinars de Sider El Hadjar sont toujours bloqués. «Dans le cadre de son plan de développement, Sider El Hadjar bénéficiait, depuis la première phase, du régime dérogatoire de la convention d’investissement, relative au développement de l’investissement pour la réhabilitation et l’extension du complexe sidérurgique d’El Hadjar. Par cette convention, établie avec l’ANDI, Sider El Hadjar profitait des exonérations en matière de franchise de droits et taxes et tout autre prélèvement à caractère fiscal», a expliqué l’un des financiers de Sider El Hadjar. Cependant, la convention initiale avait expiré et n’avait été renouvelée qu’une seule fois. Cette dernière a également expiré fin 2019, sans pour autant entamer la deuxième phase du plan de développement de l’entreprise. «Depuis, malgré toutes les démarches (verbales, écrites et physiques) pour obtenir une prolongation de délai et pouvoir entamer la 2e phase, l’ANDI nous a informés que, malgré la résolution du CPE, elle ne peut déroger à une loi, ses prérogatives se limitent à deux accords de prolongation. Toujours selon l’ANDI, la demande relève du Conseil national d’investissement (CNI), qui devra l’examiner et statuer», regrette la même source.    Ali G.

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