Dégelé sur décision du président de la République, le projet du nouveau centre hospitalo-universitaire (CHU) de 500 lits en construction à Tizi Ouzou ne sera pas livré dans les délais annoncés, si rien n’est fait pour accélérer l’opération de régularisation de plus de 30% de la superficie du terrain réservé à la réalisation de cet établissement.
Jeudi, lors de la visité sur les lieux d’une délégation composée des membres du bureau permanent de l’APW de Tizi Ouzou, le directeur des équipements publics, Saïd Smaïl, a indiqué que le retard de la régularisation de la partie complémentaire est un souci pour l’entreprise de réalisation qui n’arrive pas à clôturer le chantier et avancer dans les travaux. «Nous avons des soucis avec les propriétaires des terrains de la partie complémentaire.
Nous avons essayé de les convaincre afin de trouver une solution à travers l’expropriation, dont la procédure a été enclenchée après avoir envoyé des explications au ministère de la Santé pour obtenir des notifications sur cette partie complémentaire de 10 ha. Le projet est encore en phase d’étude», a-t-il révélé. Selon lui, les plans sont visés par le CTC, et l’étude d’adaptation du projet est «amicalement» approuvée mais «officiellement», elle est conditionnée par des «compléments».
«Nous avons eu l’accord de principe mais on nous a demandé d’assainir, d’abord, la situation du foncier parce qu’une partie du CHU, dont l’ODS de démarrage des travaux a été notifié le 30 juin 2024, sera implantée dans des terrains privés», a-t-il affirmé, tout en précisant que pour le moment, l’entreprise Cosider, chargée de la réalisation de ce CHU, n’a pas encore entamé la partie de l’hôpital et celle de la faculté de médecine. Elle a engagé des travaux pour la construction de 40 logements, deux villas, une crèche, une piscine et une salle omnisports.
Le président de l’APW, Mohamed Klalèche, a insisté sur la nécessité de régulariser la situation des terrains complémentaires, afin de permettre le lancement des travaux dans leur totalité. «Il faut commencer par la partie hôpital avant de passer à autre chose. Le président de la République a pris des décisions sur-place quand il est venu, en juillet, à Tizi Ouzou. On ne peut pas revenir en arrière. Il a, d’ailleurs, instruit le ministre de l’Habitat pour intégrer même la faculté de médecine à l’intérieur du CHU ou bien de la réaliser dans un terrain mitoyen à cet établissement. On ne peut pas remettre en cause une décision prise par le président de la République. Le choix du terrain a été fait en 2015», a-t-il martelé, tout comme son collègue, le président de la commission d’investissement, Ali Bacha, qui s’est interrogé, lui aussi, sur les raisons du retard de l’expropriation de la parcelle devant accueillir la faculté de médecine.
Par ailleurs, Nordine Mekari, directeur du projet (Cosider), a déclaré qu’il est difficile de trouver de la main-d’œuvre qualifiée (ferrailleurs et coffreurs). L’entreprise tourne, a-t-il confié, avec 200 ouvriers seulement, alors que le chantier nécessite au moins 1200 éléments pour travailler en 3x8.
«Nous avons donné la priorité à la main-d’œuvre de la région conformément aux exigences de l’Anem», a-t-il ajouté, tout en estimant qu’une dérogation des services concernés permettra à Cosider de recruter des ouvriers résidant à l’extérieur de la wilaya de Tizi Ouzou.
C’est ce qu’a, d’ailleurs, appuyé le président de l’APW qui a promis de saisir l’Anem à ce sujet. «Puisqu’il n’y a pas suffisamment d’ouvriers, nous sommes obligés de demander une dérogation pour permettre à l’entreprise de ramener des travailleurs de l’extérieur de la wilaya et entamer le travail avec une cadence de 3x8 heures. Les délais de livraison de ce CHU sont arrêtés à 33 mois, mais le président de la République a insisté à ce que le projet soit réceptionné fin 2026», a-t-il soutenu. Par ailleurs, il est important de rappeler que l’enveloppe allouée pour la réalisation du nouveau CHU de Tizi Ouzou est de 25 milliards de dinars.
Cette infrastructure qui sera dotée de 29 services, éclatés en 39 unités, couvrira une population de plus de 4 millions d’habitants issus des wilayas environnantes.
Le projet de l’établissement en question devait être lancé en 2014, mais gelé en raison des mesures d’austérité prises par les pouvoirs publics après la chute des prix du pétrole. Il devait être initialement implanté sur un espace de 18 ha mais après son dégel, l’étude d’adaptation a révélé la nécessité de terrains complémentaires de 10 ha. C’est, d’ailleurs, l’une des contraintes qui freinent l’avancement des travaux de ce projet qui est à moins de 3% de réalisation.