Les travaux de la COP27 se sont poursuivis hier au niveau des Chefs d’état : Dépasser les égoïsmes nationaux

07/11/2022 mis à jour: 09:57
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Le président américain Joe Biden et le président chinois Xi Jinping

Alors que les populations du monde entier, celles qui sont sensibilisées sur le péril qui guette la planète à cause des émissions de gaz à effet de serre, ont les yeux fixés sur le sommet de la COP27 de Charm El Cheikh, prévu du 6 au 18 novembre, espérant la fin du cauchemar, maintenant – demain il sera trop tard ! – , les interventions et les discussions, entamées hier au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement, sont paradoxalement focalisées sur la question financière qui fait polémique. Le sujet est en passe d’éclipser les problématiques de fond sur la lutte contre le réchauffement climatique et les engagements pris par les Etats signataires de l’Accord de Paris sur le climat adopté en 2015 et, antérieurement dans le cadre de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP). Le sommet de Charm El Cheikh, qui s’était fixé comme objectif majeur d’entrer dans le vif du sujet de la mise en œuvre du plan climat mondial, affiné et redéployé, dans sa vision, sa stratégie et son mode opératoire l’an dernier, lors de la COP26 de Glasgow, peine à enclencher la vitesse supérieure, la dynamique climatique que tout le monde attend. Les querelles autour des contributions financières ont pollué les travaux du sommet, dès son entame, au détriment des évaluations des efforts fournis par les Etats, particulièrement les plus industrialisés, en matière de réduction des gaz à effet de serre, principale source du mal climatique dont souffre la planète. On attendait que les comptes sur ce registre du réchauffement climatique soient soldés, en toute transparence, en présence des décideurs que sont les chefs d’Etat, et devant l’opinion internationale, prise à témoin, de telle sorte que des bonus et des malus soient attribués aux uns et autres, suivant les résultats enregistrés, par rapport aux engagements fixés ou pris par les Etats. Nul doute que l’absence des présidents américain et chinois, Joe Biden et Xi Jinping, au sommet de Charm El Cheikh va se ressentir lourdement sur le cours des travaux et des décisions qui émaneront de ce sommet, eu égard à la responsabilité pleine et entière des deux plus grandes puissances du monde quant aux volumes de leurs émissions de gaz à effet de serre déversées dans la nature. En vérité, les divisions au sein du club des pays nantis sont apparues très tôt déjà, dès le lancement du projet de lutte contre le réchauffement climatique en mars 1994, à travers la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Sur ses enjeux stratégiques et le partage du fardeau de la «décarbonation» industrielle qui implique moins de croissance et davantage de dépenses pour la reconversion à l’économie verte, les négociations furent rudes et sans concessions en termes de préservation des intérêts nationaux vitaux. Certes, des compromis ont été trouvés, mais cela ne signifie pas que le combat contre le réchauffement climatique est conduit avec une grande générosité de cœur, par ceux-là mêmes qui  sont les principaux responsables de l’agonie de notre planète, et qui, paradoxalement, rechignent à mettre la main à la poche pour dédommager les pays du Sud pour les pertes subies. «Il n’y a que les Européens qui payent» : le coup de sang du président français, Emmanuel Macron, hier à la COP27, contre les «pays riches non européens» qui ne se bousculeraient pas trop à son goût pour s’acquitter de leurs contributions financières, montre toute la complexité de la tâche. Lors de son intervention devant les participants au sommet de la COP27, Simon Stiell, le chef d’ONU Climat, n’a pas manqué de hausser le ton, menaçant que «les dirigeants, qu’ils soient Présidents, Premiers ministres ou PDG, seraient tenus pour responsables des promesses qu’ils ont faites l’année dernière à la COP26 à Glasgow». Toutefois, il ne désespère pas et perçoit dans la COP27 une lueur d’espoir, en dépit du contexte géopolitique tendu qui impacte négativement les relations internationales, même sur une question aussi vitale que la sauvegarde de la planète. Ce sommet, dira-t-il, «est l’occasion de créer un espace politique sûr, pour travailler et apporter un changement mondial», ajoutant que «nous devons transformer nos paroles en actes». Face à l’ampleur et à l’urgence du défi, l’appel sera-t-il entendu ? 


 

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