Les Suds, à Arles :  «Programmer des musiques du monde, c’est un acte politique»

17/07/2024 mis à jour: 23:59
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Les organisateurs et les spectateurs du festival arlésien, véritable plaidoyer festif pour l’accueil et la diversité, ont soufflé un grand ouf de soulagement le 8 juillet, au lendemain d’élections inquiétantes où l’extrême-droite pouvait accéder aux affaires.
 

 

Les Suds, rencontre aux inspirations humanistes et fraternelles raffermies depuis 1995, espérait que le sort de la France ne basculerait pas dans les urnes. Immense satisfaction dès lors chaque soir devenu exutoire collectif. Un état d’esprit exprimé par le directeur Stéphane Krasniewski, parlant de «ce qu’on a traversé, et ce qu’on va encore traverser». Ajoutant : «Aux Suds, la politique est au centre. Programmer des musiques du monde, c’est un acte politique (…). On accueille des artistes de zones en souffrance ou en guerre. Cela nous permet de rappeler que même dans ces pays, la création est indispensable.»

 Il l’a dit en présentant un échange sur la justice internationale face à la guerre en Ukraine et l’agression israélienne à Ghaza, débat en liaison avec Mediapart, avec Johann Soufi, avocat international. Le journaliste Edwy Plenel devait y décrire la notion d’égalité : «Est-ce que nous sommes capables dans notre humanité commune de promouvoir (…) une culture politique de l’égalité, promouvoir l’idée qu’il y a des droits supérieurs à nos identités, à nos apparences, à nos appartenances (…) Il y a des droits humains fondamentaux : santé, asile, éducation, enfance, etc». Parlant de l’extrême droite, il n’a pas hésité pas à dire que «c’est un monde de l’effacement, le chacun chez soi de chaque culture, chaque identité, on ne se mélange plus, on ne se brasse plus. D’où le fait que notre pays est au cœur de cela, car dans notre histoire, nous sommes la diversité, nous nous sommes projetés dans le monde et le monde est en nous». Le lendemain, au sujet des enjeux de «La culture pour concilier urgences climatique et sociale, un défi démocratique», la philosophe Marie-José Mondzain (auteure de Accueillir : Venu(e)s d’un ventre ou d’un pays, 

Les Liens qui libèrent 2023) estima que «l’extrémisme est une position dans laquelle on instaure un dedans et un dehors. Un état d’exception, tout ce qui sépare, qui défait l’unité, empêche les voisinages. L’extrême-droite cultive de façon superlative toutes les formes de l’éloignement, de la distinction, de la séparation de l’exclusion. L’extrême-droite refuse d’accueillir». Pourtant, a-t-elle assuré, dans un festival dont c’est la vocation, il est bon d’accueillir l’autre «comme une ressource, un accroissement de notre propre identité ; ceux qui arrivent en ayant l’air de manquer de tout sont ce qui nous manque le plus pour prendre conscience de la dimension universelle de nos pensées démocratiques».

Arles
De notre envoyé spécial  W. Mebarek

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