Selon un article du magazine français Science et avenir de février 2022 qui cite un article de la revue américaine Science, la nature recolonise rapidement les écosystèmes forestiers dont les sols ont été épuisés par des cultures en Afrique et en Amérique latine. Les 80 auteurs de l’article de Science ont été stupéfiés selon le magazine français par la vitesse avec laquelle s’est reconstituée la fertilité des sols, 10 ans après l’abandon de cultures, entre 20 et 30 ans pour le retour de la forêt et son fonctionnement naturel, le cortège floristique revient lui au bout de 50 ans et la biomasse équivalente à celle d’une forêt vierge en 100 ans.
«Sans aucune intervention humaine et dans de bonnes conditions, la forêt peut retrouver son fonctionnement avec un retour de 80% de la biodiversité antérieure en vingt ans», assure Bruno Hérault, chercheur du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), qui a participé à ces travaux.
Autre constat qu’a permis un suivi pluriannuel par 11 000 images satellites du Sahel, le Sahara recule par sa bordure sud et il y a de plus en plus d’arbres et d’arbustes, comptés un à un sur les images à grande résolution, dans le Sahara ouest et le Sahel, selon la revue américaine Nature. Le Sahel semble reverdir depuis une trentaine d’années. A l’est du Sahara, dans la région du sud-ouest de l’Egypte et du nord du Soudan, de nouveaux arbres, comme les acacias, apparaissent, se développent et deviennent de gros arbustes.
Cette régénération de la végétation a fait revenir les oiseaux et les gazelles. «Il faut laisser pousser la forêt naturelle et ne pas s’en tenir aux programmes de plantation. Il faudrait laisser une grande part à la régénération naturelle qui coûte beaucoup moins cher et sont très efficaces dans un laps de temps court», souligne encore le chercheur du Cirad. En Afrique du Nord, le désert avance vers le Nord et il a sauté par-dessus le Barrage vert réalisé en Algérie dans les années 1970 pour l’endiguer. Il est aux portes d’Alger aujourd’hui.
Faute de suivi et d’entretien sur le long terme, indispensable pour les plantations forestières, il est passé sous la dent des troupeaux, les épidémies phytosanitaires qu’on a ignorées, les coupes et les incendies. Une relance du projet a été annoncée le 17 juin 2021 à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la désertification comme une précédente fois en 1994 restée sans lendemain. Les forêts algériennes rétrécissent chaque année comme une peau de chagrin avec les incendies essentiellement mais pas seulement.
Des programmes de reboisement sont lancés pour pallier à ces pertes mais les reboisements qui réussissent sont rares pour ne pas dire quasi inexistants puisqu’il s’agit de parcelles microscopiques périurbaines. On aurait planté 1 million d’arbres depuis l’indépendance, mais aucun bilan n’est disponible pour apprécier cet effort.
La forêt qui se régénère naturellement sans reboisement en une cinquantaine d’années, autant que pour une plantation, est une alternative qui devrait être considérée avec intérêt. Elle n’exige pas les longues et onéreuses opérations d’entretien et de surveillance. Une rigoureuse mise en défens conjuguée à un accompagnement des éleveurs, quel que soit son prix, est en mesure de donner à terme de meilleurs résultats que les reboisements qui ne poussent jamais.