Les relations entre la Turquie et la Grèce s’améliorent : Le Premier ministre grec attendu à Ankara

13/05/2024 mis à jour: 06:13
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Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis - Photo : D. R.

En décembre, les deux dirigeants, opposés sur le dossier chypriote, rivaux en Méditerranée orientale et divisés sur la question migratoire dans leurs eaux respectives, ont signé une déclaration sur «leurs relations amicales et de bon voisinage, reconnaissant l’importance d’un respect mutuel et d’une coexistence pacifique».

Le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, sera reçu aujourd’hui par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, à Ankara, nouvelle étape dans le réchauffement des relations entre les deux voisins membres de l’Otan. Après des décennies de reproches et de tensions entre Athènes et Ankara, entrecoupées de courtes périodes de réconciliation, cette visite qui fait suite à celle d’Erdogan en Grèce en décembre s’inscrit dans une phase de «résolution des problèmes», a déclaré le chef de l’Etat turc au quotidien grec Kathimerini.

«Il nous appartient d’apaiser les relations entre les deux pays (...) pour garantir que la paix et la tranquillité règnent pour toujours des deux côtés de la mer Egée», a-t-il ajouté, disant vouloir «élever le niveau des relations bilatérales à un niveau inédit». «Nous ne sommes pas ennemis, nous sommes voisins», a indiqué de son côté K. Mitsotakis dans un entretien publié hier par le journal turc Milliyet, disant vouloir «avancer sur une voie constructive». «Ce n’est pas un chemin facile», a-t-il reconnu, estimant toutefois cet effort nécessaire pour faire face à des «défis communs», tels que les flux migratoires en mer Egée.

En décembre, les deux dirigeants, opposés sur le dossier chypriote, rivaux en Méditerranée orientale et divisés sur la question migratoire dans leurs eaux respectives, ont signé une déclaration sur «leurs relations amicales et de bon voisinage, reconnaissant l’importance d’un respect mutuel et d’une coexistence pacifique».

Malgré cette phase d’apaisement, enclenchée à la faveur du séisme qui a tué plus de 50 000 personnes dans le sud-est de la Turquie en février 2023, la réouverture récente en tant que mosquée de l’ex-église orthodoxe Saint-Sauveur-in-Chora d’Istanbul, trésor du patrimoine byzantin, a irrité les autorités grecques. Le président Erdogan a ordonné sa reconversion en août 2020, un mois après la réouverture au culte musulman de l’ancienne basilique Sainte-Sophie.

Les premiers fidèles y ont été accueillis le 6 mai, au lendemain des Pâques orthodoxes. Kyriakos Mitsotakis a exprimé «sa forte insatisfaction», une semaine avant sa venue : «Les mosquées ne manquent pas dans la ville. Ce n’est pas une façon de traiter le patrimoine culturel», a-t-il réagi, rappelant qu’Istanbul «fut la capitale de Byzance et de l’Orthodoxie pendant plus de mille ans».

«Agenda positif»

Samedi, le Premier ministre grec, dont la précédente visite en Turquie en mars 2022 a été suivie de vives tensions, a affirmé qu’il demanderait au président Erdogan d’«inverser la décision» de reconvertir en mosquée Saint-Sauveur-in-Chora. Il a néanmoins jugé cette semaine que «les canaux ouverts doivent être maintenus» avec Ankara, dans une interview au journal Protothema. Le ministre grec des Affaires étrangères, Giorgos Gerapetritis, a lui aussi répété qu’«Athènes cherche une période de calme aussi longue que possible dans les relations gréco-turques».

La priorité, a-t-il ajouté, est «de voir dans quelle mesure les accords du 7 décembre ont été mis en œuvre et de voir s’il existe une volonté politique pour les prochaines étapes».

Côté turc, on rappelle aussi que «les deux parties se sont engagées à respecter la lettre et l’esprit de la déclaration». Leur «agenda positif» adopté à Athènes prévoit notamment la délivrance de «visas spéciaux» aux touristes turcs pour dix îles de la mer Egée proches des côtes turques (dont Lesbos, Chios, Samos et Rhodes).

Dès le premier mois de leur entrée en vigueur, en avril, l’arrivée des touristes turcs a été triplée par rapport à la même période l’an dernier. Malgré les différends qui subsistent, l’heure n’est plus aux poussées de fièvre, comme lorsqu’Ankara accusait Athènes d’armer les îles qui font face à la Turquie, ou quand R.T. Erdogan menaçait de «débarquer en pleine nuit» chez son voisin.

Ces déclarations ont conduit le Congrès américain à bloquer la livraison d’avions de chasse F-16 à la Turquie, membre le plus oriental de l’Alliance atlantique. Veto finalement levé en janvier, en même temps que la livraison de F-35 à Athènes, autre allié au sein de l’Otan.

Restent l’occupation depuis 1974 d’un tiers de Chypre par la Turquie, qui y a fondé la République turque de Chypre-Nord (RTCN) non reconnue internationalement et les différends sur la gestion des flux migratoires. Mais les deux pays entendent continuer de stimuler leurs échanges commerciaux, selon la source diplomatique turque, pour les porter de près de six milliards de dollars actuellement à dix milliards.

 

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