Les Premiers ministres chinois et japonais sont arrivés hier à Séoul pour participer aujourd’hui à un sommet trilatéral avec le président sud-coréen, qui devrait se focaliser sur des questions économiques, rapporte l’AFP. En amont de ce sommet, le président sud-coréen, Yoon Suk-yeol, s’est entretenu séparément dimanche après-midi avec Li Qiang pour la Chine puis Fumio Kishida pour le Japon.
A l’issue de son entretien avec le Premier ministre chinois, il a fait valoir les «importants défis» auxquels sont confrontées la Chine et la Corée du Sud «dans le domaine des affaires internationales». Il a en outre dit espérer que les deux pays continueront «à renforcer leur coopération». De son côté, le Premier ministre chinois qui effectue sa première visite en Corée du Sud depuis son entrée en fonction en mars 2023, a pour sa part déclaré que Pékin souhaite travailler avec Séoul. Le président sud-coréen s’est ensuite entretenu avec le Premier ministre japonais Fumio Kishida, soulignant à l’issue de leur rencontre que les échanges entre les deux pays s’étaient «considérablement accrus au cours de l’année écoulée».
A son tour, F. Kishida a déclaré que Séoul et Tokyo devraient encore renforcer leur coopération. C’est au lendemain de ces discussions bilatérales que débutera aujourd’hui un sommet tripartite, première rencontre à ce niveau depuis cinq ans, en raison de la pandémie de Covid-19 mais aussi de différends diplomatiques et historiques entre la Corée du Sud et l’ancien colonisateur, le Japon. Les deux pays ont toujours des contentieux juridiques à régler à propos de l’occupation japonaise de 1910 à 1945 sur la péninsule coréenne. Président depuis 2022, Yoon Suk-yeol cherche à enterrer la hache de guerre avec le Japon face aux menaces grandissantes de la Corée du Nord, dotée de l’arme nucléaire. Depuis le dernier sommet trilatéral, «nos paysages régionaux et mondiaux ont considérablement changé», a déclaré F. Kishida avant son départ pour Séoul, ajoutant que cette nouvelle réunion était «hautement significative».
Les discussions du sommet trilatéral interviennent en dépit des essais militaires de plus en plus avancés menés par la Corée du Nord et des manoeuvres militaires de Pékin autour de Taïwan jeudi et vendredi.
Les questions liées à Pyongyang «sont difficiles à résoudre rapidement», a relevé un responsable du cabinet du président sud-coréen. «Une déclaration commune est actuellement en discussion», a ajouté ce responsable, précisant que Séoul tenterait «dans une certaine mesure» d’y inclure les problèmes sécuritaires de la région. Un éditorial du quotidien sud-coréen Hankook Ilbo souligne «l’importance de la coopération entre les trois pays, qui représentent 20% de la population et du commerce mondiaux, soit 25% du PIB total». «Il est crucial que les trois nations aient la volonté de surmonter leurs divergences de vues», ajoute le journal.
La Chine est le premier partenaire commercial de la Corée du Nord ainsi qu’un allié diplomatique de poids. Elle est hostile aux exercices militaires conjoints entre les Etats-Unis et la Corée du Sud. En août dernier, Séoul, Tokyo et Washington ont annoncé un «nouveau chapitre» de leurs relations en matière de sécurité à l’issue d’un sommet à Camp David, aux Etats-Unis. Ils ont condamné le «comportement dangereux et agressif» et les « revendications maritimes illégales» de la Chine, dans un communiqué commun. Comme ils ont exprimé leur opposition «à toute tentative unilatérale de changer le statu quo dans les eaux de la région indo-pacifique» et réaffirmé «l’importance de la paix et de la stabilité dans le détroit de Taïwan».Dans ce texte commun, baptisé «L’esprit de Camp David», ils ont relevé «l’importance de la paix et de la stabilité dans le détroit de Taïwan». Ils ont également appelé une nouvelle fois la Corée du Nord à «abandonner son programme nucléaire et de missiles balistiques».
Cette déclaration a suscité l’ire de Pékin qualifiant ce sommet de «tentative de raviver la mentalité de la guerre froide en incitant à la division et au conflit par le biais de divers petits cercles fermés et exclusifs». L’an dernier, le président Yoon a déclaré que les tensions concernant Taïwan sont dues à des «tentatives de modifier le statu quo par la force». La Chine a récemment condamné la présence d’un député sud-coréen et du représentant de Séoul à Taipei à la cérémonie d’investiture du président taïwanais Lai Ching-te.