Les océans ont connu une surchauffe inédite : Juin 2024 encore plus chaud qu’en 2023

09/07/2024 mis à jour: 07:42
AFP
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Le mois de juin qui vient de s’achever a été marqué par un nouveau record mensuel de chaleur, sur terre comme à la surface des océans - Photo : D. R.

En Arabie Saoudite, plus de 1300 personnes sont mortes lors du pèlerinage de La Mecque, où le thermomètre a atteint jusqu’à 51,8°C dans la Grande Mosquée de la ville sainte de l’Islam.

Sous l’effet des rejets de gaz à effet de serre de l’humanité, les records de températures mondiales continuent de tomber depuis plus d’un an : juin 2024 est devenu le mois de juin le plus chaud jamais mesuré, effaçant le record déjà battu en 2023. Avec son cortège de canicules au Mexique, en Chine ou en Arabie Saoudite, juin 2024 est le 13e mois consécutif à établir un record de température moyenne plus élevée que les mois équivalents, a annoncé lundi l’observatoire européen Copernicus.

Avec cette série, alimentée par une surchauffe inédite des océans qui ont absorbé 90% de l’excès de chaleur provoqué par l’activité humaine, «la température moyenne mondiale sur les 12 derniers mois (juillet 2023 - juin 2024) est la plus élevée jamais enregistrée», selon Copernicus.

Sur cette période, la température moyenne de la planète a été «1,64°C au-dessus de la moyenne préindustrielle 1850-1900», quand la déforestation et la combustion du charbon, du gaz ou du pétrole n’avaient pas encore réchauffé le climat de la Terre. Juin 2024 est en outre «le 12e mois consécutif qui dépasse de 1,5°C les moyennes de l’ère préindustrielle», souligne Carlo Buontempo, directeur du service du changement climatique de Copernicus (C3S), dans un communiqué.

Ce seuil de 1,5°C est l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris de 2015, signé par la quasi-totalité des pays. Une telle anomalie devrait toutefois être observée en moyenne sur plusieurs décennies pour considérer que le climat s’est stabilisé à +1,5°C. Si le climat actuel est déjà réchauffé d’environ 1,2°C par rapport à 1850-1900, le Giec, groupe d’experts climatiques mandatés par l’ONU, prévoit que le seuil de 1,5°C a une chance sur deux d’être atteint en moyenne dès les années 2030-2035, au rythme actuel des émissions dont le pic est attendu d’ici 2025. 

En juin, pendant que le thermomètre était proche ou inférieur aux normales de saison (période 1991-2020) en France et en Europe de l’Ouest, une majorité de l’humanité a subi des températures supérieures, voire exceptionnelles. En Arabie Saoudite, plus de 1300 personnes sont mortes lors du pèlerinage de La Mecque, où le thermomètre a atteint jusqu’à 51,8°C dans la Grande Mosquée de la ville sainte de l’Islam. En Grèce, l’Acropole a dû être fermé mi-juin, sous plus de 44°C.

Le nord de la Chine, dont Pékin, a été écrasé sous plus de 40°C, tandis que le sud du pays subissait des inondations. Le Kenya, l’Afghanistan et la France ont aussi connu des inondations catastrophiques, autre phénomène accentué dans le monde par le réchauffement climatique, qui augmente l’humidité maximum dans l’air et donc l’intensité potentielle des pluies.

Aux Etats-Unis et au Mexique, la vague de chaleur mortelle fin mai et début juin a été rendue 35 fois plus probable par le changement climatique, a estimé le réseau scientifique de référence World Weather Attribution (WWA). Sur le front des incendies, juin a conclu en Amazonie, où sévit une sécheresse historique, le pire premier semestre depuis 20 ans et la «situation d’urgence» a été décrétée dans le Mato Grosso do Sul, au Brésil.

Des températures record persistent

Autre conséquence des canicules, les populations des Balkans, du Pakistan ou d’Egypte ont souffert d’importantes coupures d’électricité, synonymes d’arrêt des indispensables ventilateurs, climatiseurs ou réfrigérateurs. Avec l’arrivée prévue d’ici la fin de l’année du phénomène climatique cyclique La Niña, synonyme de températures mondiales plus fraîches, «on peut s’attendre à ce que la température mondiale diminue ces prochains mois», a déclaré à l’AFP Julien Nicolas, scientifique du C3S.

La température mondiale de la fin 2024 dépendra en grande partie de l’évolution de la chaleur des océans, qui recouvrent 70% de la planète et dont la température de l’eau en surface se maintient très nettement au-dessus de toutes les annales depuis plus d’un an.

La chaleur hors norme à la surface de l’Atlantique nord a ainsi renforcé la puissance de Beryl, un ouragan exceptionnel qui a dévasté les Antilles début juillet. Si ces températures record persistent, en dépit d’un développement de La Niña, 2024 pourrait être plus chaude que 2023», l’année la plus chaude jamais mesurée, «mais il est trop tôt pour le dire», selon Julien Nicolas.

 

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