Les incubateurs dans la promotion de l’entrepreneuriat en Algérie

21/10/2024 mis à jour: 13:39
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 INCUBATEUR 

De par le monde, l’entrepreneuriat joue un rôle crucial dans le développement économique et social, en contribuant activement à la création d’emplois, à l’innovation et à la croissance économique. Notre contribution à travers cet article est de démontrer le rôle essentiel de l’incubateur considéré comme un acteur de l’écosystème entrepreneurial dans l’accompagnement, la promotion et la réussite de l’entrepreneuriat. Nous mettons en lumière l’importance vitale de l’accompagnement entrepreneurial en tant que structure d’accueil pour soutenir les entrepreneurs dans leur parcours de création de micro-entreprises et start up. A noter que l’écosystème entrepreneurial est composé d’une multitude d’acteurs, tels que les incubateurs, les accélérateurs, les mentors, les investisseurs et les pouvoirs publics... 

Chacun de ces acteurs joue un rôle spécifique dans l’accompagnement des entrepreneurs, en leur fournissant des formations et des conseils, des ressources, des organismes de soutien, d’associations professionnelles, des réseaux et un soutien financier. L’interaction entre ces acteurs crée un écosystème dynamique et stimulant pour les entrepreneurs, favorisant ainsi leur croissance et leur succès. Toutefois, l’incubateur en tant que structure d’accueil en Algérie fait face à de nombreux défis, parmi eux, la sélection et l’évaluation des projets entrepreneuriaux, la mise en œuvre des programmes de formation et du coaching, l’accès aux financements, la mise en place de politiques publiques favorables à l’entrepreneuriat et la promotion de la diversité et de l’inclusion. 

Ces défis nécessitent une réflexion approfondie et des actions concertées entre les différents acteurs - publics et privés - pour assurer la durabilité et le développement continu de l’écosystème entrepreneurial, en particulier le rôle et la place de l’incubateur dans l’accompagnement des jeunes et porteurs de projets pour augmenter la visibilité des acteurs de l’écosystème de l’accompagnement entrepreneurial. 

A noter que l’accompagnement entrepreneurial en Algérie est composé d’acteurs hétérogènes et diversifiés. Notre intervention vise également à approfondir la compréhension des impacts de l’accompagnement entrepreneurial en tant que structure sur la réussite des entrepreneurs en Algérie.  Nous examinerons l’effet de l’accompagnement des jeunes futurs entrepreneurs sur leur motivation, leurs qualités et compétences entrepreneuriales, leur résilience et leur capacité à innover et de l’importance de la phase amont, celle de l’entrepreneur naissant où, avançant dans la mise en œuvre de son idée de projet, en fonction des informations collectées, il poursuit ou interrompt son processus de création.

L’idée que nous défendons dans cet article est que l’accompagnement en «amont» de la création permet aux porteurs de projet de mieux appréhender la pertinence de leur projet et l’intérêt de sa mise en œuvre effective, mais aussi, dans le cas contraire, d’identifier les différents facteurs qui incitent à surseoir à sa mise en œuvre. Aussi, la question que nous nous posons s’énonce comme suit : «L’accompagnement, en phase amont à la création d’entreprise, influence-t-il la poursuite du projet ?» Notre regard porte essentiellement sur le rôle de la structure vis-à-vis du créateur, ce regard dépend entre autres aux compétences requises de son personnel en matière de formation et d’accompagnement à la création de micro-entreprises et start up.

Il faut rappeler que l’écosystème de l’accompagnement entrepreneurial joue un rôle essentiel dans la promotion et la réussite de l’entrepreneuriat, qu’il s’agisse de l’entrepreneuriat classique, numérique, vert ou ESS.  Cette contribution permettra aux acteurs et parties prenantes de l’écosystème de mieux comprendre les mécanismes à l’œuvre et les facteurs clés de succès de l’incubateur dans cet écosystème entrepreneurial. L’objectif ultime est de contribuer à l’amélioration des programmes d’accompagnement entrepreneurial au sein de ces incubateurs mis en place par les pouvoirs publics, afin de soutenir au mieux les entrepreneurs et porteurs de projets dans leur parcours entrepreneurial et de favoriser un développement économique inclusif et durable.
Nous allons en premier lieu présenter ce qu’est un incubateur, son organisation et son rôle dans la réussite des projets des jeunes qui souhaitent créer leurs propres micro-entreprises et start up. 

Un incubateur entrepreneurial est un processus organisé par une tierce partie, s’inscrivant dans la durée permettant à un ou plusieurs porteurs de projets ou un ou plusieurs entrepreneurs de bénéficier d’une dynamique d’apprentissage  (formation, conseil, d’un accès des ressources qu’elles soient financières ou informationnelles, d’une mise en réseau, de services administratifs, hébergements, et d’une aide à la décision par un coaching ou mentorat. 

A travers cette présentation de l’incubateur, nous pouvons retenir quatre principaux services au sein de l’activité d’accompagnement, à savoir : un service d’hébergement ; un soutien logistique au porteur de projet (immobilier, location de matériel, services annexes… ; un service de formation et de conseil avant et après la création de micro-entreprises et start up et enfin un service dédié à la mise en réseau avec les parties prenantes. 

Les pouvoirs publics ont mis en place récemment de nouveaux incubateurs au sein des universités à travers le territoire national. Ces incubateurs viennent remplacer les maisons de l’entrepreneuriat qui initialement devraient être des espaces  appropriés sur lequel s’appuie l’ex-Ansej pour inculquer les valeurs entrepreneuriales et initier les jeunes étudiants à l’acte d’entreprendre pour concrétiser leurs idées et faire émerger des projets à forte valeur ajouté qui contribuent ainsi dans le développement de l’économie nationale. Malheureusement, ces maisons de l’entrepreneuriat n’ont pas atteint leurs objectifs, ces espaces que l’on surnommés malheureusement «des coquilles vides», leurs activités se limitaient à organiser des événements durant la semaine internationale de l’entrepreneuriat au mois de novembre de chaque année.

De par leurs missions, ces structures avaient aussi pour mission d’inculquer chez les futurs jeunes entrepreneurs des valeurs intrinsèques qui assurent à travers ses activités l’articulation entre le monde du savoir et de la connaissance et le monde de l’économie, de la création de richesse et le développement des capacités entrepreneuriales


La mise en place de ces nouveaux «incubateurs généralistes» au sein des universités algériennes doivent souffler une nouvelle dynamique entrepreneuriale à travers la prise en charge efficace des jeunes étudiants, futurs jeunes entrepreneurs dans la création de nouvelles micro-entreprises et start up à travers l’élaboration d’un plan d’action accès principalement et orienté entre autre à la formation entrepreneuriale et l’accompagnement de ces jeunes. 

Bien qu’il s’agisse d’une nouvelle structure d’appui et de soutien aux jeunes universitaires, futurs entrepreneurs, il est impératif de déterminer le profil de ces structures par rapport à son environnement ainsi que leur mode de fonctionnement avec un personnel capable d’élaborer un plan d’action annuel avec des activités riches et diversifiées au profit des jeunes porteurs de projets, à défaut de compétences requises en la matière, le personnel d’encadrement doit bénéficier des formations dans le domaine du processus de création et développement de micro-entreprises et start up ainsi que les méthodes et outils d’accompagnement pour faire face aux besoins et attentes de ces jeunes futurs entrepreneurs. 

Ces structures d’accompagnement attestent aujourd’hui de la forte nécessité d’adapter leurs offres de services et leurs méthodes d’accompagnement  et être surtout capable de répondre à des demandes de services de plus en plus professionnels et individualisés des porteurs de projets pour suivre les évolutions rapides de leur environnement complexe et rapide. 

Il faut tout de même mentionner que l’accompagnement dans les phases précoces de la création donne aux futurs entrepreneurs la possibilité de préciser leurs projets, en leur offrant un cadre de réflexion, ils les confortent dans la mise en œuvre   de leur micro-entreprise et ou start up. Il faut mettre en évidence que la réussite en termes d’accompagnement des jeunes universitaires à la création de nouvelles micro-entreprises et start up, c’est aussi parfois de signaler l’inadéquation du projet de la personne/projet. Ainsi, un accompagnement performant peut se traduire par éveiller les doutes et permettre à l’accompagné de s’orienter, le cas échéant, vers d’autres carrières professionnelles. 

Quels rôles les pouvoirs publics exercent-ils, à travers les mécanismes d’appui et de soutien à l’entrepreneuriat sur la survie de la jeune entreprise et start up ? En d’autres termes, les structures d’appui et de soutien en Algérie sont-elles à même de répondre efficacement aux besoins spécifiques de la population ciblée (il s’agit de la population des jeunes diplômés, compte tenu du taux de chômage considéré élevé) et à la consolidation de la création des nouvelles micro-entreprises et start up dans un contexte où l’entrepreneuriat constitue non seulement une saisie d’opportunité, mais aussi une prise de risque dans un environnement complexe et rapide ?

Nous constatons que de nombreuses structures publiques et privées d’appui à la création de nouvelles micro-entreprises et start up ont vu le jour ces dernières années en Algérie, ces structures devront développer des services et offrir des produits et services pour faciliter la démarche des futurs entrepreneurs et porteurs de projets durant la conception, la réalisation de leurs projets et le développement de ceux-ci.

Si l’entrepreneur est l’auteur principal de son projet, il ne peut pas envisager de réaliser seul son parcours, il a besoin de soutien, d’accompagnement et surtout de formation et de conseil continue pour la concrétisation de son projet et d’assurer sa pérennité sur le marché.

Les experts du domaine classent «les structures d’appui» et de soutien à la création d’entreprise parmi les 25 thèmes principaux de recherche en entrepreneuriat, elles sont structurées autour de 3 axes majeurs, à savoir : Le premier axe constituent l’appui financier qui sera destiné à faire face à l’insuffisance des fonds de démarrage, notamment pour les start ups, ce fonds est généralement utilisé avant la phase qui précède la création d’une start up appelée généralement la phase zéro. 

Ce fonds dit «d’amorçage» devient nécessaire pour couvrir les frais préliminaires de recherche et de développement avant le lancement, tels que la conception du produit et la création du prototype, ou réaliser une étude de marché, protéger sa marque…,    sachant que cette phase est critique pour le jeune futur  entrepreneur. Le deuxième axe, réunissant tous les réseaux de conseil et de formation, dont le but est de favoriser l’apport de connaissances aux porteurs de projets, à travers la sensibilisation et l’accompagnement, et enfin un troisième axe caractérisé par le soutien logistique symbolisé par les incubateurs, les pépinières d’entreprises, accélérateurs, les espaces de coworking… dont le rôle consiste à offrir des conditions d’hébergement à moindre coûts aux jeunes entrepreneurs. Les experts en la matière reconnaissent que l’accompagnement est souvent présenté comme l’un des facteurs de réussite des projets de création d’entreprise et de start up. Les pays dans lesquels la densité entrepreneuriale est la plus forte sont ceux où l’accompagnement précoce est le plus développé.

En Algérie, il reste beaucoup de chemin à faire car cette panoplie de structures constitue dans la plupart des cas des mosaïques d’actions dissociées les unes des autres. Autrement dit, fournir toute une palette de dispositifs, de structures, correspondant à chaque étape de la création, depuis l’idée jusqu’à la création, doit s’accompagner d’une véritable coopération entre les différents intervenants de l’écosystème entrepreneurial. 

Même s’il est suffisamment clair que les mécanismes d’appui en Algérie ont réussi à favoriser la création de nouvelles micro-entreprises et startups et enregistré un sursaut important, on ne sait que très peu sur leur impact économique réel, ces structures doivent aussi répondre aux attentes des pouvoirs publics en termes de création de nouvelles micro-entreprises et start up à potentiel de croissance et d’emplois.   


Quel est le rôle de l’incubateur au sein de nos universités ?

Il faut mentionner que l’incubateur au sein de l’université se veut comme un espace d’échange, collaboratif et de partage dédié aux jeunes futurs entrepreneurs et porteurs de projets au niveau des universités, écoles et instituts supérieurs qui souhaiteraient créer leur propre micro-entreprise et ou start-up à travers les différents dispositifs mis en place par les pouvoirs publics.


Un lieu où les jeunes futurs entrepreneurs et porteurs de projets pourront s’initier aux techniques managériales de création de nouvelles micro-entreprise et startup, développer des relations de partenariat «gagnant-gagnant» avec des acteurs locaux, nationaux et internationaux, échanger des expériences, assister aux conférences et journées d’étude ayant trait avec la thématique de l’entrepreneuriat.  Sa mission entre autres consiste à concevoir «un espace de rencontres périodiques et thématiques» à réaliser et animer par des professionnels et des experts en entrepreneuriat ayant un capital avéré dans le domaine de l’entrepreneuriat au sein de cet incubateur dans le but de développer un réseau dédié aux jeunes entrepreneurs. 

Cet espace d’échange de nature «extra-académique» permettra sans aucun doute une plus grande flexibilité dans la transmission des compétences et mettra l’accent sur le vécu et l’expérience à l’entrepreneuriat. Dans ce contexte et de par sa définition, l’incubateur a pour vocation d’instaurer un espace où les jeunes futurs entrepreneurs et porteurs de projets qui le souhaitent pourront se familiariser avec un environnement professionnel nouveau pour eux. 

Ils pourront également confronter leur expérience de la création de nouvelles micro-entreprise et start up avec leurs pairs, trouver un appui en termes de conseil par des experts et consultants en la matière ou de parrainage et des informations pertinentes pour le développement de leur projet. L’incubateur au sein des universités constitue également un espace d’informations et de conseils dans lequel le partenariat et l’entraide doivent être des valeurs fondatrices et structurantes, accentué par des rencontres fréquentes.

 Il favorise de manière significative les échanges et les synergies entre les jeunes futurs entrepreneurs et porteurs de projets inscrits dans cet incubateur, il permettra aussi de tisser des liens fructueux entre les futurs entrepreneurs et porteurs de projets et professionnels dans leur environnement immédiat. Il est impératif pour la plupart des incubateurs domiciliés au sein des universités sur le territoire national d’harmoniser un outil de pilotage afin qu’il s’applique à toutes ces structures engagées dans l’accompagnement des jeunes universitaires à la création de nouvelles micro-entreprises et start up en Algérie. 

La mise en place des mécanismes d’évaluation de ces structures d’accompagnement devient nécessaire pour évaluer les résultats par rapport aux objectifs et justifier les dépenses engagées par les pouvoirs publics dans ce domaine. Un outil d’évaluation pour servir au pilotage de la structure afin de comprendre les facteurs clés de succès de leur mission, favoriser aussi la coordination et les échanges d’informations entre les différents acteurs de l’accompagnement et l’évaluation des processus et des niveaux d’apprentissage organisationnel des structures d’accompagnement  .


Eu égard à ce qui précède, nous proposons quelques recommandations pouvant apporter une contribution dans l’amélioration des activités au sein de l’incubateur, à savoir :


- Définir une stratégie globale de l’accompagnement à la création d’entreprise ;
- l’incubateur au sein des universités doit proposer un programme d’incubation complet pour accompagner les jeunes futurs entrepreneurs et porteurs de projet dans l’aventure entrepreneuriale ;
- un programme de formation complet qui inclura un boot camp, des workshops adaptés aux besoins des incubés, des outils clés en main, des intervenants experts et des entrepreneurs pairs ;
- un accompagnement individuel et personnalisé, soit un rendez-vous par mois minimum, des coachs spécialisés, un accompagnement post-incubation ;
- une mise en réseau avec des partenaires complémentaires : experts en entrepreneuriat, financeurs, une série d’événements de networking multi-formats ;
- un hébergement avec un espace de travail collaboratif et bienveillant dédié aux futurs jeunes entrepreneurs incluant des moyens humains qualifiés, logistiques et documentaires, avec une domiciliation possible (à définir les modalités) ;
- l’accès à un réseau international leur permettent de participer à des salons internationaux ;
- la participation à des concours et des prix pour encourager les lauréats à l’échelle nationale et internationale.
Les objectifs attendus sont de raviver l’esprit de l’entreprise en Algérie et de ce fait, renforcer le niveau d’activité entrepreneuriale et encourager l’émergence d’une société entrepreneuriale.

 

 

Par M. BERGHEUL
Expert Consultant formateur facilitateur en entrepreneuriat Vert ESS ODD

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