Cette semaine, l’Algérie a déploré la mort de plusieurs de ses enfants, noyés en tentant de traverser la mer. Après le décès des 11 harraga de Tipasa et cinq autres portés disparus dans la nuit de dimanche à lundi, à 56 km au large d’Alger, c’est au tour des familles de la wilaya de Annaba de pleurer leurs enfants.
En effet, trois cadavres de candidats à l’émigration clandestine ont été repêchés, avant-hier, par les gardes-côtes des forces navales (5e Région militaire), deux au large de l’île Kef Amor, de la commune de Chétaïbi, et un autre à Séraïdi, avons-nous appris de la cellule de communication de la direction de la Protection civile de la wilaya de Annaba. De sexe masculin, ces trois victimes feraient partie d’un groupe de harraga de huit jeunes, issus des cités Didouche Mourad et Oued Deheb (chef-lieu de wilaya), partis sans donner de nouvelles depuis 5 jours. Après avoir été identifiés, ils ont été inhumés, dans la soirée d’avant-hier, au cimetière Boughantas de Annaba.
Depuis le début du mois de mai, l’on note un retour en force des tentatives de jeunes Algériens à rejoindre la rive européenne, après une accalmie imposée par des conditions climatiques défavorables de la saison hivernale. Depuis janvier 2022 jusqu’à hier, les éléments des Garde-côtes, relevant des forces navales de l’Armée nationale populaire (ANP), ont mis en échec des tentatives d’émigration clandestine impliquant près de 1200 personnes, indique le bilan opérationnel de l’ANP. Ils étaient à bord d’embarcations de construction artisanale qui sont parties des plages, entre autres, de Aïn Témouchent, Oran, Tlemcen, Mostaganem, Chlef, Tipasa, Skikda, Annaba et El Tarf, avons-nous appris hier du ministère de la Défense nationale (MDN).
Le bilan officiel, allant du 1er janvier au 31 décembre est de 6426 candidats à l’émigration clandestine, dont 68 ressortissants marocains ayant été interceptés au large des eaux territoriales algériennes par les gardes-côtes. En dépit de ces efforts constants pour déjouer les tentatives de harga et sauver les jeunes Algériens en haute mer, plusieurs centaines d’autres arrivent, vaille que vaille, à passer entre les mailles des filets des gardes-côtes pour atteindre les côtes européennes.
En effet, Almería, Murcia, Alicante et îles Baléares sont souvent les destinations finales des «brûleurs des frontières».
En Algérie, bien qu’ils soient arrêtés, présentés devant les différents parquets territorialement compétents et souvent condamnés à des amendes, ces jeunes n’ont jamais abdiqué devant l’envie de partir ailleurs pour un meilleur avenir. Pour preuve, les milliers de coups de filet, qui ont été réalisés dans le milieu des passeurs par les services de sécurité, n’ont pas réussi à juguler le phénomène.
Actuellement, il ne se passe pas un jour sans qu’on évoque çà et là un départ de jeunes depuis les différentes plages du pays, est, centre et ouest. Il y a ceux qui sont arrêtés par les gardes-côtes algériens et les autres qui arrivent à bon port, tels que, selon le Centre d’identification espagnole (CIPIMD), les «neuf individus algériens secourus la nuit dernière par le service maritime de la Guardia Civile d’Almeria».
A l’heure où nous mettons sous presse, une alerte de disparation de 15 candidats algériens à l’émigration clandestine a été lancée par leurs proches à destination de la société de sauvetage maritime espagnole. Ils ont quitté Oran il y a plusieurs jours à bord d’un bateau en fibre, propulsé par un moteur 115 cv.