Les conditions du redressement national de l’Algérie pour 2023/2025 : Une bonne gouvernance, un système d’information crédible et la maîtrise de la gestion des projets

15/01/2023 mis à jour: 20:36
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Il faut être conscient qu’une nation n’est forte et respectée dans les  relations internationales que si elle a une économie forte, et la Chine est l’exemple vivant. Mais contrairement  aux visions de  sinistroses  de certains esprits malveillants annonçant une déflagration de la société algérienne, selon mes informations, cette vision n’est pas partagée par la communauté internationale, USA, Chine, Russie, Europe pour ne citer que les principales puissances économiques, considérant l’Algérie comme un acteur stratégique de l’espace euro-méditerranéen et du continent Afrique. Selon le rapport de la Banque mondiale 2023, institution qui ne peut être suspectée de partialité avec la récession mondiale annoncée pour 2023, qui touche la majorité des pays, est dans une situation financière favorable avec une dette extérieure inférieure à 6/7% du PIB, des réserves de change appréciables entre 55/60 milliards de dollars, un endettement public de 63% du PIB en 2022, où certains pays européens ont largement dépassé les 100%, n’étant pas dans la situation de la période de cessation de paiement qui l’a conduit au FMI vers les années 1994, et ayant surmonté seule, la  période dramatique des années 1992/1999 où certaines prédisaient son effondrement. Cependant, évitons également l’au-satisfaction, erreurs du passé, en nous en tenant à certains indicateurs monétaires, l’important étant la situation dans la sphère réelle, sa synchronisation avec la dynamique sociale à travers une répartition juste du revenu national, la sécurité nationale et la nécessaire cohésion sociale nécessite un redressement économique pour l’année 2023/20025.

1.- De nombreux défis attendent l’Algérie entre 2023/2025, avec une économie tributaire à 98% de ses recettes en devises, avec les dérivées des hydrocarbures comptabilisés dans la rubrique hors hydrocarbures et à plus de 85% d’importation des matières premières et équipements des entreprises qu’elles soient publiques ou privées dont le taux d’intégration en 2022 ne dépasse pas 15%. L’Algérie devra concilier l’efficacité économique et une profonde justice sociale afin d’assurer la création de richesses permanentes et la cohésion sociale, le versements de salaires sans contreparties productives étant source d’inflation et suicidaire à terme, ayant besoin d’un taux de croissance réel de 8/9% par an afin de pouvoir absorber le flux annuel de demande d’emplois entre 350 000/400 000 par an, des emplois créateurs de valeur ajoutée et non des emplois rente,   qui s’ajoutent au taux de chômage actuel. Où  en sont toutes les lettres d’intention qui sont des promesses et non des contrats définitifs, et toutes les visites des délégations étrangères en termes de concrétisation de projets en rappelant que, sous réserve que l’on  résolve le problème du long délai du fait du poids de la bureaucratie, du foncier, du financement et de la main d’œuvre qualifiée, sans compter la durée de réalisation,  si le projet démarre en 2023 pour les PMI/PME, le seuil de rentabilité ne sera atteint  qu’au bout de deux à trois années et pour les grands projets capitalistiques entre 5/7 ans ? Aujourd’hui, la plupart des Algériens dont les  centres  de décisions au plus haut niveau de l’Etat sont conscients que s’impose une analyse objective sur la situation actuelle de l’économie algérienne afin de ne pas renouveler les erreurs du passé avec une corruption inégalée durant la période 2000/2020, passant par de profondes réformes structurelles et la moralisation de la cité afin d’asseoir une économie hors hydrocarbures dans un cadre concurrentiel. La récession de l’économie mondiale annoncée par le FMI en 2023 a un impact sur tous les pays sans expression, et donc cette crise ne touche pas seulement l’Algérie, d’où l’importance de lever l’obstacle majeur qui est le cancer bureaucratique pour relancer l’économie nationale. Il faudra s’attaquer à l’écosystème afin de surmonter le blocage actuel grâce à une nouvelle gouvernance, la valorisation du savoir et un langage de vérité  afin de rétablir la confiance, sans laquelle aucun développement n’est possible. J’examinerai dans cette contribution quelques cas qui alimentent souvent la presse nationale.

2.-Concernant le projet du gazoduc Nigeria/Europe, selon la déclaration récente en date du 07 janvier 2023 à une question posée sur le fameux gazoduc Nigeria-Europe d’un coût estimé par l’Europe d’environ 20 milliards de dollars en 2020 pour une durée de réalisation de 5 ans  pour celui de l’Algérie et 30 milliards de dollars et une durée de réalisation de 10 ans, pour celui du Maroc, ce dernier transitant par  des pays instables, d’une capacité de plus de 30 milliards de mètres cubes gazeux, le haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, a affirmé que les Vingt-sept cherchent à se passer du gaz d’ici 6 ou 7 ans, en accélérant la transition énergétique. Toujours selon cette déclaration, ce projet dont le coût est élevé et la réalisation demandera du temps, n’est pas la priorité de l’Europe. Or, sans l’accord de l’Europe, principal client à travers la rigidité des canalisations, contrairement au GNL avec plus de flexibilité, ce projet est irréalisable et il en est de même pour le projet Galsi, coût estimé en 2011 à 3 milliards de dollars, donc beaucoup plus  en 2023,  d’une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux, devant être branché également à la Corse,  devant avoir  l’accord de l’Italie et notamment des élus de la Sardaigne qui ont abandonné le projet en 2012. Ces projets seront donc fonction de la demande d’hydrocarbures sera fonction  pour le moyen et long terme 2023/2030 de l’écart entre le prix du GNL et celui des canalisations, du  modèle de consommation énergétique lui-même fonction  de la nouvelle trajectoire de la croissance de l’économie mondiale, influencée par  des facteurs géostratégiques. 

3.- Pour le fer de la mine de Gara Djebilet, ses réserves sont estimées à 3,5 milliards de tonnes, dont 1,7 milliard de tonnes sont exploitables avec une teneur appréciable  environ 53%, dont le dossier dépend du ministère de l’Energie et des Mines et non du ministère de l’Industrie, bien que la  teneur est élevée et avoir, selon la majorité des spécialistes consultés, devant éviter des déclarations hâtives,  la teneur élevée en phosphore dans le minerai est de 0,8% alors que le pourcentage international  admis pour son utilisation industrielle doit être  inférieur à 0,1% : avant de parler exploitation, il  faudra impérativement résoudre le problème techniques, des échantillons ayant été envoyés en Chine et en Russie. C’est  la condition fondamentale pour que les partenaires étrangers s’engagent dans ce projet, afin que le minerai enrichi en fer et débarrassé de son phosphore, puisse être utilisé par les industries sidérurgiques algériennes et exporté à l’étranger. Par ailleurs, contrairement aux hydrocarbures classiques, le taux de profit est un taux moyen donc pas de rente. Le 10 janvier 2023 est de 90 dollars la tonne, même pour un cours de 100 dollars la tonne, pour une exportation brute de 3 millions de tonnes/an, nous aurons un chiffre d’affaires de 300 millions de dollars et pour 30 millions de tonnes  3 milliards de dollars. A ce montant, il faudra retirer 50% de charges (le coût d’exploitation est très élevé) restant 150 millions de dollars pour 3 millions de tonnes  et  pour 30 millions de tonnes 1,5 milliard de dollars. Ce montant est à se partager selon la règle des 49/51%, avec le partenaire étranger restant à l’Algérie en cas de 30 millions de tonnes environ 750 millions de dollars. Il faut donc descendre à l’aval de la filière où, le prix de l’acier en janvier 2023 est de 770 dollars la tonne , sur le marché mondial soit sept fois le prix du fer brut avec des investissements lourds et à rentabilité à moyen terme, devant tenir compte de la capacité d’absorption  du marché algérien, cette filière étant contrôlée au niveau mondial,  par 4 à 5 firmes internationales,  et donc nécessitant un partenariat gagnant -gagnant  pour pouvoir exporter.

4.-Pour l’industrie automobile, il s’agit de ne pas renouveler les erreurs du passé avec un vieillissement accéléré du parc  qui  selon l’ONS en 2020, totalise 6.577 188,  la structure d’âge étant  la suivante : les moins de 5 ans représentent 19,32%, entre 5/9 ans 22,08%, les 10/14 ans, 17,22%, les 15/19 ans 22,08% et les 20 ans et plus 19,31%, le parc de voitures en  entre 5/9 ans et 20 ans et plus représentant  plus de 80%  La norme internationale  pour cette industrie  à organisations mondiales oligopolistiques avec de profondes restructurations et une forte concurrence , pour sa  rentabilité en 2022, la production nécessaire annuelle varie  entre 350 000/500 000 unités par an, devant calculer sereinement le taux d’intégration, dans le coût global, la  carcasse représentant moins de 25%, les 80% étant les moteurs modernes adaptés et les logiciels avec la dominance entre 2023/2030 des voitures hybrides et solaires, et au-delà de 2030 des voitures fonctionnant à l’hydrogène.

5.-Concernant les réserves de change, le  ministre des Finances a affirmé, le 24 décembre  2022 devant l’APN et le Sénat, en présentant la loi des finances 2023 (source APS) qu’elles devraient atteindre les 54,6 milliards de dollars à la fin de l’année 2022, données reprises par la loi de finances 2023, et le 26 décembre 2022, le gouverneur de la Banque d’Algérie (source APS), que les réserves de change algériennes dépassent les 60 milliards de dollars, écart énorme d’environ 5 milliards de dollars. Il s’agit pour les responsables qu’ils doivent fournir les mêmes données afin d’éviter des supputations, la raison, comme l’a souligné à maintes reprises, le président de la République par l’effritement du système d’information où alors aucune prévision fiable ne peut se réaliser. Par exemple, le montant de la masse monétaire en circulation  de la sphère informelle, données du président de la  République entre 6000 et 10 000 milliards de dinars  entre 33 et 45% du PIB, la Banque d’Algérie ayant donné pour fin 2020 6200 milliards de dinars. Tout en se félicitant de cette augmentation des réserves de change, mais  étant un sujet très sensible, se pose une série de questions stratégiques, au nombre de cinq pour éviter de fausses polémiques nuisibles aux intérêts supérieurs du pays où selon la définition du  FMI , les réserves internationales d’un pays sont, généralement, l’ensemble des disponibilités composant le portefeuille des actifs que sa Banque centrale détient (devises, or, droits de tirages spéciaux (DTS) : dans ce montant, quel a été la cotation du dinar par rapport au dollar ; quelle est la structuration des réserves de change de l’Algérie en différentes monnaies internationales, euro, yen, livre sterling ou yen chinois  dont les fluctuations avec la reconversion en dollars ont un impact sur le montant des réserves de change en dollars ; ces données ont-elles inclus les DTS ou pas déposés par l’Algérie au niveau du FMI et quel est le montant au 2022 ; dans les  réserves de change, ont-ils inclus les 173 tonnes d’or   ou pas, dont le volume n’a pas évolué depuis 2007 (voir Abderrahmane Mebtoul www.google.com 2022 ),  étant une  valeur refuge, fluctuant périodiquement,  avec une valeur d’environ 10/11 milliards de dollars et en cas de dépôts à l’étranger dans certaines banques centrales quel a été le montant perçu en 2022, grâce aux intérêts et ces taux d’intérêts ont-ils été positifs en référence au taux d’inflation mondial.

6.- Concernant les données des exportations hors  hydrocarbures, le ministère du Commerce, pour une appréciation objective doit dresser la balance devises, seul indicateur valable, et ne pas donner un montant global de peu de signification opérationnelle devant : ne pas donner seulement l’évolution de la valeur mais le volume physique  exportable ; ventiler produit par produit où selon les statistiques douanières pour fin 2021/2022, 60/70% sont constituées de dérivées d’hydrocarbures qui ont connu une flambée de prix au niveau international, et en ajoutant les semi produits  arrivant à 80% du total, ( on exporte pas le ciment mais le clinker) ;  la valeur des  matières premières importées en devises des unités exportatrices et les subventions accordées, par  exemple le prix de cession du gaz environ 15/20% du prix international, diminuant ainsi les  recettes de Sonatrach
 

7.-Concernant la maîtrise des projets, il devient impérieux, où deux rapports officiels du Premier ministère (source APS)  montrent que durant les trente dernières années à fin 2020, l’assainissement des entreprises publiques a coûté au Trésor public  250 milliards de dollars et uniquement pour  les 10 dernières années les réévaluations 40 milliards de dollars. Lors de plusieurs enquêtes sous ma direction dont Sonatrach entre 1974/2020, il nous a été difficile de cerner les centres de coûts par unités, les comptes consolidés voilant  les performances individuelles d’où l’urgence de comptes physico-financiers à travers des comptabilités analytiques individualisées. Pour les administrations et les services collectifs, la majorité malgré d’importants  montants mis à leur disposition lors de différentes lois de finances, ils ignorent les règles de la rationalisation des choix budgétaires se limitant à dépenser sans compter. D’où l’importance  d’avoir un système d’information fiable en temps réel sans lequel il est impossible d’avoir un contrôle tant de la Cour des comptes que des autres institutions dont d’ailleurs il est souhaitable une coordination sans faille pour lutter réellement contre la corruption via les surfacturations, et de   mener une bonne politique socio-économique et faire des prévisions , expliquant  les données contradictoires  de certains responsables qui permettent d’alimenter de fausses rumeurs. L’Algérie pays à fortes potentialités ayant  les moyens pour devenir un pays pivot. 

En conclusion, afin de ne pas renouveler les erreurs du passé, avec des discours déconnectés des réalités tant nationales qu’internationale, s’impose une analyse objective sur la situation actuelle pour redresser l’économie algérienne et mettre fin à ces supputations qui nuisent aux intérêts supérieurs de l’Algérie qui sera, avant tout, ce que les Algériennes et Algériens voudront qu’elle soit.  Professeur Abderrahmane Mebtoul  

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