Dans son livre Le Suppléant, le prince a expliqué avoir tué 25 talibans lorsqu’il était en mission. Des révélations qui font grincer des dents en Afghanistan. Des talibans de la province de Helmand, située dans le sud-ouest de l’Afghanistan, souhaitent traduire en justice le prince Harry. En cause: un extrait de son livre Le Suppléant où il explique qu’avoir tué 25 talibans lorsqu’il était en mission en Afghanistan était comme éliminer «des pièces d’échecs» sur un échiquier.
«Non seulement nous demandons qu’il soit poursuivi en justice par une cour internationale, mais nous demandons aussi que la communauté internationale le punisse le plus rapidement possible», explique à Sky News Hameedullah Hameedi, une figure locale, avant d’ajouter:
«Cela va définitivement avoir un impact sur les relations entre le Royaume-Uni et l’Afghanistan, parce que les gens ont conscience qu’un officier britannique appartenant à la famille royale - le prince Harry - a tué 25 martyrs afghans et a commis ces crimes.» «Si Harry se considère comme un membre du monde civilisé, c’est honteux de sa part de dire [qu’il a tué 25 personnes]», précise-t-il encore. «Et c’est encore plus honteux de l’entendre en parler avec fierté, comme un analphabète d’un pays pauvre avec aucun savoir et aucune éducation.» Samiullah Sayed, une autre figure de la province de Helmand, a ajouté: «Outre Harry, toutes les personnes qui ont envahi l’Afghanistan ont commis des crimes similaires. En tant que nation indépendante, nous n’oublierons jamais la brutalité, la sauvagerie et la cruauté qu’ils ont eues contre notre nation et notre peuple.» Vendredi dernier, un haut responsable taliban s’en est également pris au prince Harry. «M. Harry! Ceux que vous avez tués n’étaient pas des pièces d’échec, c’était des êtres humains» qui avaient des familles, a déclaré Anas Haqqani, accusant le prince de «crimes de guerre».
«Mais la vérité, c’est ce que vous dites: notre peuple innocent était comme des pièces d’échec pour vos soldats et pour vos dirigeants militaires et politiques», a-t-il ajouté. «Mais malgré tout, vous avez perdu à ce ‘jeu’».
Harry a servi 10 ans dans l’armée britannique, terminant sa carrière en tant que capitaine. Il a été envoyé deux fois en Afghanistan, la première en 2007 et 2008, pendant laquelle il était chargé de coordonner des attaques aériennes, puis à nouveau en 2012 et 2013 en tant que pilote d’hélicoptère de combat. Des caméras montées à l’avant de l’hélicoptère permettaient de juger la réussite des missions, et également de déterminer précisément combien de personnes il avait tuées. Harry a justifié ses actions par les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, estimant que les ennemis qu’il combattait en Afghanistan étaient ceux qui avaient commis un crime contre l’humanité. Le prince a depuis, à plusieurs reprises, fait part de son inquiétude pour sa sécurité. «Harry n’est plus dans l’armée, mais ces choses sont toujours sensibles, et pour lui qui recherche la sécurité et la discrétion, il vient juste de s’exposer à toutes sortes de jihadistes et de cinglés», a pour sa part estimé le major Chip Chapman, interrogé par des médias britanniques.