La violence en milieu urbain semble aller crescendo. Elle gagne chaque jour du terrain dans les villes qui, ces derniers temps, connaissent des actes de violence, dont l’issue est souvent tragique.
Les chiffres des services de sécurité le confirment, la difficulté d’assurer la sécurité des biens et des personnes aussi. Il en est ainsi de l’infirmière tuée et son collègue gravement blessée à Alger.
Quelques jours auparavant, deux autres personnes ont été tuées à Aïn Benian et pas moins de trois autres blessées. Les crimes contre des personnes deviennent de plus en plus fréquents.
Les chiffres officiels, communiqués par la Direction de la police judiciaire (DPJ) de la Direction générale de sûreté nationale (DGSN) en témoignent. Sur un total de 78 584 affaires traitées de janvier jusqu’à avril de l’année en cours, 27 277 sont relatives aux crimes et délits contre des personnes, impliquant directement ou indirectement 26 567 individus. Après leur présentation devant la justice, le magistrat instructeur a placé sous mandat de dépôt 1527 présumés coupables, mis 416 autres sous contrôle judiciaire et renvoyé 2399 en citation directe.
Le même traitement d’usage a concerné 37 705 affaires d’atteinte contre les biens d’autrui, dont les auteurs sont au nombre de 19 060.
Ces quatre premiers mois de l’année en cours, les différents services opérationnels de la Sûreté nationale sont quotidiennement confrontés à la criminalité, à la lutte contre la délinquance juvénile et au trafic des stupéfiants. Pratiquement pas un seul quartier, cité et bidonville relevant de leur compétence urbaine n’échappe, assure-t-on, aux hommes de l’ombre ou en uniforme bleu de la Sûreté nationale. «La couverture sécuritaire avoisinait le taux de 95% dans les quartiers en milieu urbain», rassure la même source.
Durant le premier trimestre de l’année 2022, on fait part de 49 affaires traitées dans ce contexte, par les mêmes services opérationnels de la Sûreté nationale. Ce qui a donné lieu à la mise hors d’état de nuire de 304 personnes. Durant l’année 2021, on recense 165 affaires du même genre, dans lesquelles ont pris part 722 individus, dont 479 ont été placés sous mandat de dépôt et 113 autres sous contrôle judiciaire.
56 homicides volontaires en 4 mois
Lors d’une conférence de presse consacrée à la présentation du bilan annuel 2021 des activités des services opérationnels de la Sûreté nationale, le contrôleur général de police, Arezki Hadj Saïd, a précisé que les principaux indicateurs de criminalité en Algérie en 2021 font ressortir une augmentation des crimes par rapport à 2020, précisant que les services compétents ont traité au cours de la période de référence 205 570 affaires criminelles sur 296 148 enregistrées, soit un taux de 69,41%.
Choquant, le nombre d’homicides volontaires, durant les quatre premiers mois de cette année, l’est à plus d’un titre. En effet, ce sont 56 personnes qui ont perdu la vie à cause de violences occasionnées par 120 individus présumés coupables, dont 86 ont été placés en détention provisoire et 25 autres sous contrôle judiciaire. Le nombre des affaires traitées est 55, soit un taux de résolution de 98,21%.
Pis, durant la même période, les homicides involontaires dépassent le double des volontaires, avec 127 décès commis par 177 individus, parmi lesquels 129 ont été placés en détention provisoire.
Les coups et blessures volontaires représentent la majorité du chapitre des crimes et délits contre les personnes. Pas moins de 16 015 affaires ont été enregistrées par les différents services opérationnels de la Sûreté nationale, dont les présumés auteurs sont au nombre exact de 15 484. Le taux de traitement de ces affaires a atteint 76%. Les affaires liées aux coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort de 21 personnes, impliquant 44 auteurs, dont 28 ont été placés sous mandat de dépôt.
Autres crimes, autres victimes
Ceci sans compter les agressions verbales, les batailles de clans dans les cités, les crimes électroniques, les scandales sur les réseaux sociaux et des parkingueurs qui obligent les automobilistes à payer avant de stationner sous peine de voir leur bien saccagé. Les féminicides qui se font également nombreux. Même s’il ne s’agit pas encore de phénomène à part entière, mais les violences faites aux femmes sont aussi un véritable fléau. Les affaires traitées en relation avec des viols sont au nombre de 161 affaires, dont 117 ont été résolues et 44 autres restent en cours d’enquête.
Le crime électronique, une nouvelle forme de violence qui envahit l’environnement digital des Algériens, notamment sur les réseaux sociaux, prend aussi des proportions inquiétantes. Il reste toute de même difficile de traiter ce nouveau genre d’affaires malgré les avancées technologiques des services de sécurité et de la justice. C’est du moins ce qu’avait déclaré, le 3 mars dernier à Blida, Abderrachid Tabbi, ministre de la Justice et garde des Sceaux, dans le cadre d’un séminaire régional sur la cybercriminalité.
Malaise social, problèmes psychologiques ou encore trafic de drogue restent les plus importantes causes de cette recrudescence de la violence urbaine. Cette dernière cause est la plus quantifiée, avec plus de 31 000 affaires enregistrées durant les quatre premiers mois de l’année, dont plus de 27 000 sont liées à la détention et usage de substances psychotropes.