L’épopée berbère. Des hommes préhistoriques aux bâtisseurs des pyramides : Essai sur les liens linguistiques amazighs de l’Atlantique à la mer Rouge

12/12/2023 mis à jour: 03:42
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Dans cet essai, paru aux éditions Arabesques, Tunis, il est proposé une lecture nouvelle de l’histoire des Berbères en retraçant la migration des populations de chasseurs-cueilleurs du Maghreb et du Sahara central, vers l’important cours d’eau situé à l’est de l’Afrique septentrionale, suite aux graves crises climatiques qu’a connues cette région vers la fin du paléolithique (entre 20 000 et 6000 ans avant notre ère). 
 

Dans cet ouvrage, préfacé par Madame Ginette Aumassip, ancienne directrice de recherche au CNRS (Paris), il est apparu nécessaire de décoloniser l’histoire des Amazighs et de la décomplexer de son prisme gréco-romain. En effet, les égyptologues et orientalistes occidentaux qui, depuis la Grèce antique, ont érigé une frontière imaginaire et dogmatique tant sur les plans ethnique, culturel, linguistique et historique entre l’Egypte et le reste de l’Afrique du Nord géographique ont encore de fervents adeptes qui ne peuvent se départir de leur vision de l’histoire avec des œillères occidentales et néocoloniales. 
 

Similitudes frappantes des noms de lieux entre le Maghreb et l’Égypte antique

Ainsi, c’est à partir de la linguistique, la toponymie et les similitudes des noms de lieux et de personnages entre le Maghreb et le Sahara central  (principalement l’Algérie) avec ceux de l’Egypte antique, qu’il base sa thèse notamment par l’étymologie des noms :
 

- Mis-Ra, fils de la divinité Ra (Egypte), que l’on retrouve à l’origine dans l’appellation d’une tribu berbère de l’Atlas central (région de Blida), les Ait Misra.
- N’il, dont il sépare le N’ de l’appartenance, diminutif du pronom Nath et le mot «il» qui signifie cours d’eau en berbère, que l’on retrouve à l’origine en Kabylie orientale dans la région de Jijel sous l’appellation de oued N’il.
- Assouan, que l’on retrouve à l’origine dans le Sahara central erg Issaouène (signifiant ils ont bu en berbère)
- Thinis, capitale de la 1re dynastie pharaonique, que l’on retrouve à l’origine dans les villes de Ténès (Algérie) ou Tunis, (campement/bivouac en berbère), 
- Tanis/Djanet, appellation située à l’origine dans le Sahara central (ville de Djanet : abandonnée ou délaissée en berbère), qui a été abandonnée suite aux crises climatiques tout comme le fut Tanis (Egypte),
- La cité de Memphis (Mn-efer), Amen Efer (à l’abri des eaux) Efer que l’on retrouve dans Frenda, Ifri et Ifran, Tafraoui qui font référence à un abri, grotte, protégé en berbère,
- Mazghouna, ville située à 40 km au sud du Caire, tiré du mot amazigh, (hommes libres) que l’on retrouve à l’origine dans la région de Tablat (Atlas blidéen), Mizrana (Kabylie) et de la tribu des Ath Mezghena aux environs d’Alger.
- Ménès, fondateur de la dynastie Thinite qui est en fait Amen-ès : propriétaire des eaux et dont le nom se trouve à l’origine dans le lieu-dit In  Aménas dans le Sahara central, 
- Djer (Pharaon) dont le nom se trouve à l’origine dans l’appellation de Adrar N’Djer-Djer (Montagne du Djurdjura) (grand ou géant en berbère), Oued Djer, au sud d’Alger, Amjer dans le Tassili (comme un géant) ou oued Tadjerdjert.
- Akhénaton, déformation grecque de anekhi adon, anekhi signifie «je suis» ou c’est moi en berbère. 
- Feraoun, commune située en région de Kabylie, 
- Amen (et non Amon) qui signifie les eaux en berbère qui a servi de préfixe ou suffixe à une quarantaine de pharaons toutes dynasties confondues. 
 

La migration des tribus de chasseurs cueilleurs amazighs à la base de la civilisation de l’égypte antique 
En s’installant dans cette vallée du Sud au Nord, ces tribus de chasseurs cueilleurs ne se doutaient pas qu’elles allaient être à l’origine de l’une des plus grandes civilisations de l’histoire de l’humanité ainsi que des deux premières religions monothéistes suite à l’exode des prêtres monothéistes aux environs de 1350 av. J.-C. La sacralité de l’eau dite «amen», en berbère, a été portée à un point tel, que le premier prophète monothéiste, Moïse, demandait à ses fidèles de ponctuer ses prières par le mot «amen», lors de la traversée du Sinaï, (Ancien testament, Deutéronome 27-15). 

De même que dans le premier commandement, il est relevé que le premier mot prononcé par Dieu à l’endroit de Moise est «Anekhi» qui signifie dans tous les parlés berbères, de l’Atlantique à la mer Rouge, «Je suis» ou «C’est moi». (Exode 20-2). Partant de là, l’auteur donne une étymologie inédite de l’Israël biblique en remontant aux sources historiques de l’Egypte antique (migration des populations de chasseurs cueilleurs de l’Ouest vers l’Est) et des liens linguistiques qui la rattachent au reste de l’Afrique du Nord mais aussi à l’origine des croyances religieuses des prêtres monothéistes égyptiens (Moïse) et de leur descendance dont fait partie Jésus-Christ. 

C’est donc tout un pan de l’histoire de l’Afrique septentrionale qui est revu par l’analyse des toponymes et homonymies entre le monde berbère et celui du pays des Mis-Ra, appelé Aegyptos, puis Egypte, par déformation de l’antique cité de Gueptou/Coptos, par les Grecs alors que la population de ce pays s’identifiait, et le fait jusqu’à ce jour, comme étant des Mis-Ra, fils de la divinité Ra. Cette audacieuse vision de l’histoire remet en cause les affirmations des orientalistes et égyptologues sur les significations des noms de lieux et de personnages de l’Egypte antique tant il apparait sur la base de la linguistique que c’est bien le berbère qui était parlé dans le pays des Mis-Ra et dont il reste des vestiges dans les oasis de Siwa et Qara. 

Dans une étude programmée en 2012 sur les systèmes toponymiques de l’Egypte antique sous l’égide de plusieurs universités (Upsala, Paris Sorbonne IV, Leuven, Toronto, Tantah, Tunis, Mansourah du Griffith Institut Oxford et du Deutches Archäologisches Institut, ses initiateurs ont pensé faire participer des chercheurs et spécialistes en «égyptien ancien, grec, copte, arabe» pour tenter d’apporter des réponses à la toponymie des noms de lieux. 

Le but de cette étude était d’apporter des réponses à la toponymie des noms de lieux en raison du fait que «les différentes cultures qui se sont succédé en Egypte ont chacune laissé leur trace dans la toponymie égyptienne...» La non invitation de préhistoriens de l’Afrique du Nord et du Sahara et de chercheurs en langue berbère à ce projet, s’explique par le fait que la très grande majorité des égyptologues et orientalistes ont érigé une frontière dogmatique entre l’Egypte antique soutenant que le peuplement de l’Egypte venait de l’Orient. La mise à l’écart du Berbère explique le fait que cette étude n’ait pas abouti à ce jour.

 

 

Hold-up par les savants grecs des connaissances découvertes par les Mis-Ra  

Dans la 2e partie de son ouvrage, il est démontré que certaines constantes mathématiques n’ont pas été découvertes par les savants grecs mais par les descendants des tribus amazigh. Ainsi, 3,1416 n’a pas été découvert par Archimède de même que le nombre d’or 1,618 par le sculpteur Phidias ou même le théorème de Pythagore qui a passé 22 années à étudier auprès des prêtres du pays de Mis-Ras. Il en a été de même pour Thalès, Euclide et bien d’autres encore. C’est donc un véritable hold-up qui a été opéré par les savants de la Grèce antique tant sur les plans mathématique, géométrique, astronomique, philosophique et architectural légalisé par le monde occidental qui ne veut rien devoir aux pays de sud de la Méditerranée.

 Il replace la constante 3,1416 dans sa véritable dimension mathématique à partir de la coudée d’exactitude que les Occidentaux ont déformée en «coudée royale». Cette coudée mesure 0,5236 mètre. Elle a été à la base des prestigieuses constructions du pays des Mis-Ra et permet d’obtenir le nombre 3,1416 en le X par 6. L’exactitude de cette coudée se confirme lorsque l’on plonge une sphère d’un mètre de diamètre dans un cube de 1 mètre de côté, elle occupe un volume de 52,36 %. Soit 100 fois la coudée d’exactitude. De même que le nombre d’or, chiffre divin, se retrouve dans de nombreux rapports découlant des mensurations de la Grande Pyramide que les Grecs se sont appropriés en l’appelant Phi. 

Partant des 12 lunaisons d’une crue à l’autre du N’il, les Mis-Ra «maîtres de la mesure et du temps» ont compris la magie du chiffre 12 qu’ils ont appliqué dans la mesure du temps ainsi que le chiffre 60 en se basant sur la suite arithmétique 3-4-5 (3+4+5 =12 ; 3 x 4 x 5 =60). Au travers de cet essai, il ressort que la berbérité de l’Egypte n’a donc pas commencé avec le pharaon Sheshnaq en 950 avant J.-C. Elle remonte à la fin du paléolithique. Cette datation aux environs de 13 000 ans avant notre ère est attestée par les violents affrontements survenus entre les tribus de chasseurs cueilleurs amazighs et celles de subsahariennes à Djebel Sahaba, situé à la frontière égypto-soudanaise et dont les vestiges (squelettes) se trouvent au British Muséum. 

 Ils préfiguraient déjà de la guerre pour l’appropriation de l’eau, ressource vitale pour la vie. Les noms de lieux, à consonance et signification berbère de l’Egypte antique, montrent que ce sont les tribus amazighes qui ont pris le-dessus pour l’appropriation de cette ressource vitale.  L’intérêt de l’ouvrage réside dans une vision inédite qui pourrait susciter de nouvelles vocations pour la recherche historique à la lumière de la linguistique mais aussi contribuer au rapprochement des peuples de toute la région sur la base d’une histoire commune de l’Atlantique à la mer Rouge. 

 

 

Par Khelifa Mahieddine , Avocat

 

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