L’entreprise algérienne s’oriente vers une culture d’intelligence économique : «La plateforme digitale face aux crises récurrentes de la fonction R. H»

04/04/2022 mis à jour: 00:44
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La nouvelle Algérie telle que prévue par les engagements du président Tebboune a mis notre pays dans la perspective d’un univers de rupture avec la stagnation systémique d’un temps révolu. Une nouvelle génération des start-up croit en l’innovation technologique adaptée à l’ère de l’intelligence artificielle qui contribue au développement des entreprises économiques par le biais du système managérial entièrement digitalisé de la ressource humaine.

Faisant face désormais à un marché très mouvant et à une complexité croissante de l’environnement économique, due aux crises récurrentes que connaît le monde entier et le changement des paradigmes du travail, a placé les entreprises algériennes face à des situations difficiles et inédites, d’un côté la pandémie de Covid-19, qui a endommagé le système économique en entraînant une réduction des échanges commerciaux, de fortes variations des taux de change, et l’invasion des nouvelles technologies qui ne cessent de révolutionner le quotidien des citoyens, de l’autre.

CHANGEMENTS DE PARADIGMES ET RECHERCHE DES DéVELOPPEURS DE TALENT

Ces dernières années ont été dures, l’univers a été témoin d’un scénario bien ficelé dont le personnage principal est un virus invisible qui s’attaque à l’être humain, la principale richesse qui contribue au développement de l’entreprise. De fait, les professionnels RH, et spécialement les directeurs ressources humaines ont rencontré des difficultés dans leurs conditions de travail, avec pour obligation d’améliorer la qualité de vie au travail, assurer la gestion et le suivi des risques psychosociaux au sein des effectifs, la raison qui les a poussés à cumuler plusieurs rôles tels que celui du coach, développeur de talents et le manager de proximité. Ceci dit, ces conditions difficiles ont donné lieu à une exploitation accélérée des nouvelles technologies et l’emploi de l’intelligence artificielle afin de lutter contre la propagation de la Covid-19 et préserver sa ressource humaine, locomotive de tout succès.

Présente sur le front depuis la déclaration de la pandémie en mars 2020, la fonction RH s’est beaucoup investie pour soutenir les opérationnels et accompagner les chefs des entreprises dans leurs démarches d’adaptations et prises de décisions. Ce surcroît d’activité professionnelle a orienté les projecteurs sur les outils de gestion digital, qui permettent aux entreprises de gérer et de suivre en temps réel l’ensemble des activités et les informations immanentes des services RH, à leur tête l’outil ERP (Enterprise Ressource Planning), incontournable pour une entreprise qui cherche l’efficience et la rentabilité dans un environnement concurrentiel en perpétuelle évolution. 

VERS UN PROGICIEL QUI RÉVOLUTIONNE LA FONCTION DE LA RESSOURCE HUMAINE

Ainsi, l’ERP permet au responsable d’entreprise et au responsable RH de gagner du temps en facilitant ses tâches au travers d’une seule plateforme digitale. Non seulement cet outil RH centralise les données, mais il automatise aussi les différents processus et tâches tout en valorisant le capital humain. Ceci dit, l’ERP reste un progiciel de gestion intégrés qui doit être relié à un système d’information ressources humaine (SIRH), fiable et performant visant à gérer de manière efficace l’ensemble des ressources de l’entreprise.

L’intégration de ces progiciels au sein des entreprises algériennes permet-elle de les pérenniser en ces moments difficiles ? S’agit-il d’une véritable révolution pour la fonction RH ? Comme l’implantation d’un ERP engendre des changements organisationnels, n’y aura-t-il pas une résistance au changement exprimé par le personnel ?

REVOIR LES PRATIQUES MANAGÉRIALES ET RÉAJUSTER LES STRATÉGIES PAR L’INTÉGRATION ERP

En Algérie, beaucoup d’entreprises hésitent à franchir le cap de l’installation d’un ERP, préférant utiliser des applications et logiciels de base tels que les gestionnaires de bases de données de type Access ou Excel, qui leurs offrent un suivi quotidien de leurs activités. Sauf qu’actuellement, les temps ont changé et le marché avec, grâce au libre accès aux nouvelles technologies connectées qui offrent au consommateur les privilèges du e-market et l’opportunité d’être informé en continue des différents offres et produits. Néanmoins, la majorité des entreprises algériennes doivent impérativement revoir leurs pratiques managériales et réajuster leurs stratégies face à la concurrence locale et internationale, afin de sauvegarder leurs pérennités et pouvoir s’adapter avec les évolutions de l’environnement.

La diversité de ces évolutions permet aux entreprises algériennes de comprendre l’importance de sa ressource humaine et la nécessité de la placer au cœur de leurs préoccupations. Malheureusement pour la plupart de ces dernières, la valeur de leurs travailleurs se limite dans des slogans ou dans des campagnes d’information, véhiculant une image de la politique ressources humaines parfois en paradoxe avec celle instaurée en réalité. 

L’intégration d’un ERP nécessite plusieurs paramètres, d’abord un changement des paradigmes managériaux qui depuis longtemps se sont focalisés sur les aspects organisationnels et négligé les dimensions relationnelles, aussi d’être à jour avec les pratiques manageriales mondiales innovantes et avoir au préalable une culture digitale en adéquation avec le progiciel proposer afin d’éviter toute résistance au changement qui vire généralement ce genre de transition au fiasco. 

L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, UN OUTIL PUISSANT AU SERVICE DE L’INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE

Il est clair que dans un monde fondé sur l’information, le facteur-clé de succès réside dans la capacité à trouver la bonne information au bon moment et de disposer de celle-ci pour établir des tableaux de bords qui faciliteront la prise de décision. Cette capacité de prise de décision constitue un avantage qui permet à l’entreprise de se distinguer de ses concurrents et de prospérer. 

Les spécialistes de la Business Intelligence peuvent eux aussi profiter des capacités d’analyse en temps réel et de l’aptitude prédictive de l’IA pour une prise de décision facilitée. Une étude faite par CB Insight, spécialiste de l’analyse massive de données et notamment partenaire de Cisco et Microsoft, montre qu’une guerre économique est déjà en cours entre certains pays qui voient l’IA comme un levier de croissance économique et de pouvoir.

Cependant, l’un des enjeux principaux de l’intelligence économique est de pouvoir disposer d’un avantage stratégique, d’une information ou donnée particulière permettant une prise de décision optimale pour l’entreprise.

A ce titre, l’intelligence artificielle est un élément-clé dans l’analyse de ces informations stratégiques. Elle possède un potentiel de croissance considérable, pour l’économie comme pour les hommes, car contrairement aux méthodes classiques de travail, l’intelligence artificielle se distingue aujourd’hui comme un nouveau facteur de production, qui peut générer de nouvelles sources de croissance.

LES NOUVELLES SOURCES DE CROISSANCE PAR L’EFFICACITÉ ET LE BIEN-ÊTRE AU TRAVAIL

Changer notre façon de travailler et renforcer le rôle des travailleurs dans la croissance de leur entreprise, et selon une étude faite par le cabinet McKinsey (2018), prévoit que les technologies basées sur l’IA devraient permettre à moyen terme d’augmenter l’efficacité du travail de 20 à 40%, par-là même, la réduction des coûts devrait augmenter la croissance économique annuelle d’au moins 0,5% dans les pays industriels, jusqu’à atteindre 1,5% si ces derniers favorisent le côté bien-être au travail.

L’Algérie ne peux rester à l’écart de l’évolution économique mondiale, elle doit investir davantage dans le secteur numérique qui ne cesse de transformer les métiers et révolutionner le marché de l’emploi. Néanmoins, l’utilisation de l’IA reste modeste, et ce, pour plusieurs raisons, ou plutôt des freins, principalement de nature socioprofessionnelle, comme le manque de compétence ou bien la résistance au changement, aussi, il y a le frein organisationnel, lié au système de gestion des entreprises archaïque.

Le cabinet McKinsey (2018) considère que 90% des emplois seront transformés par l’IA. Seulement 1% d’entre eux pourraient être intégralement automatisés, mais 60% pourraient l’être pour au moins un tiers des tâches. Il a dressé une liste des vingt-cinq compétences-clés d’une économie et a projeté leur évolution à l’horizon 2030. Il estime que les tâches répétitives en interaction avec les clients, les manipulations standards et certaines fonctions support d’administration, de comptabilité, etc. sont menacées, tandis que les activités de manager, d’expert et de technicien (notamment du numérique) devraient prospérer.

On peut conclure que l’environnement international est en train de connaître des mutations systémiques qui nécessitent une nouvelle élite de managers compétents capables de faire face aux menaces qui bloquent notre insertion dans le concert des nations développées.

Le programme du gouvernement inspiré par les recommandations du président Abdelmadjid Tebboune a ouvert les portes aux jeunes porteurs de projets qui manifestement vont devoir mettre l’Algérie aux mains de la nouvelle génération qui maîtrise les nouveaux défis du numérique et de la gestion rationnelle de la ressource humaine, considérée comme source de la richesse de nos entreprises.

Par Ikram-Eddine Haichour
Licence en Management à HEC Alger ex-INC, cadre ressources humaines MBA en Mangement et Direction des Entreprises

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