Législatives en France : La Cimade entre en campagne sur le sort des migrants La Cimade entre en campagne sur le sort des migrants

07/06/2022 mis à jour: 05:22
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La Cimade n’a pas oublié les circonstances qui ont vu le président Emmanuel Macron reconduit pour un mandat de cinq ans : «L’élection présidentielle s’est caractérisée par un score global important des forces d’extrême-droite, et ont conduit à la réélection du président sortant dont le programme, dans la lignée de son bilan, s’avère porteur de menaces de nouvelles régressions pour les droits des personnes étrangères et migrantes.»
 

Face à ce constat, l’association estime que les élections législatives constituent un moment important pour soutenir des analyses et revendications «afin que l’accueil et l’humanité priment sur la répression et la sécurité à tout prix».
 

C’est pourquoi elle a mis à disposition des candidats de tous bords quelques propositions documentées et étayées. 
 

La Cimade regrette qu’au cours des dernières années, «les évolutions politiques et législatives ont conduit à faire oublier qu’obtenir un premier titre de séjour est souvent un droit pour les personnes étrangères installées en France. 

Aux critères restrictifs de régularisation, aux pratiques arbitraires et illégales des préfectures, s’ajoutent des entraves liées à l’accès au guichet et aux mesures d’expulsion et de bannissement». 

Ainsi l’association souhaite porter le projet d’une «régularisation de façon large et durable toutes les personnes étrangères présentes en France avec un titre unique et stable autorisant à travailler». Il s’agirait ainsi que «construire l’égalité des droits pour toutes et tous en matière d’accès au travail et à la protection sociale».
 

«UN ACCUEIL DIGNE ET SOLIDAIRE A NOS FRONTIÈRES»
 

Pour ceux qui arrivent sur le sol européen, la Cimade plaide un «accueil digne et solidaire à nos frontières» et pour un droit d’asile européen véritablement protecteur. 
L’idée est de mettre en place «un véritable système d’asile européen, fondé sur le respect des droits fondamentaux des personnes en quête de protection et sur la solidarité européenne. 
L’harmonisation par le haut des procédures d’asile et des conditions d’accueil des demandeurs d’asile dans tous les Etats européens. Cela passe non seulement par des conditions matérielles d’accueil dignes et similaires dans l’ensemble des États mais surtout par des garanties de procédures permettant une égale chance d’obtenir une protection».
 

Alors que tous les rapports récents établissent que l’accueil des demandeurs en préfecture est de plus en plus compliqué, la Cimade se bat pour «l’harmonisation et la simplification des procédures, pour que les services préfectoraux soient dotés de moyens suffisants, à même de répondre aux besoins de l’ensemble des personnes devant demander un titre de séjour».

Si le Sénat français a souhaité récemment développer les procédures dématérialisées, la Cimade s’inscrit en faux et s’oppose au fait que la «dématérialisation des démarches soit imposée aux usagers. Des modalités alternatives doivent toujours être proposées, conformément à la jurisprudence du Conseil d’Etat et afin de garantir l’égalité d’accès au service public».
 

LA DOULOUREUSE QUESTION DES JEUNES MIGRANTS
 

Enfin, la Cimade estime qu’il serait temps de procéder à la suppression des lieux d’enfermement spécifiques aux personnes étrangères. Par ailleurs, l’administration devrait assurer une protection de tous les enfants étrangers. 

Pour ces derniers, la Cimade exige de «mettre immédiatement fin à l’enfermement – sous quelque forme que ce soit– aux frontières comme sur le reste du territoire, qu’elles soient accompagnées ou isolées». 
 

Sur cette question des jeunes migrants, la Cimade a joint son paraphe à une tribune récemment publiée. Une soixantaine d’associations y dénoncent les remises à la rue régulières de mineurs étrangers, alors que de nombreux collectifs et syndicats locaux réclament l’application de la «présomption de minorité» prévue par la Cour européenne des droits de l’homme.
 

Dans les grandes villes françaises, Paris, Lyon et Marseille notamment, cette question des jeunes mineurs isolés livrés à eux-mêmes est de plus en plus inquiétante. 

Vu du côté algérien, ce n’est pas sans rappeler les «yaouleds» de triste mémoire vivant en marge de la société coloniale, à Alger particulièrement au vingtième siècle.
 

 

Paris / De notre bureau   

Walid Mebarek

 

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