Par Mourad Bergheul
Expert-consultant, formateur, facilitateur en entrepreneuriat
vert - ESS - ODD
L’Algérie, à l’instar des autres pays du monde entier, est confrontée à d’importants défis, démultipliés par les effets du changement climatique, la dégradation des ressources naturelles.
La dégradation excessive du capital naturel et l’augmentation considérable des risques environnementaux ces dernières années, causés principalement par des modèles économiques, dont les avantages en termes d’emplois ont été insuffisants pour compenser les externalités environnementales et sociales, et les coûts engendrés de ces dernières ont été supportés par les populations les plus vulnérables.
Dans ce contexte, l’économie sociale solidaire est perçue comme un axe de développement susceptible de contribuer à la diversification de l’économie et la création d’emplois, deux enjeux majeurs pour notre pays.
Dans cette optique, l’économie sociale solidaire est affichée comme une opportunité à saisir pour créer de nouveaux gisements d’activités et d’emplois en Algérie, notamment pour nos jeunes et nos femmes, et en particulier les femmes rurales.
Notre pays a engagé un certain nombre de réformes et d’initiatives visant, notamment à diversifier l’économie à travers l’amélioration du climat des affaires et la mise en place de nouveaux mécanismes dans le nouveau code des investissements pour encourager les investisseurs nationaux et étrangers à investir en Algérie, renforcer la sécurité énergétique, protéger l’environnement, développer des filières productrices de richesse et promouvoir les territoires.
Ces initiatives ont toutefois besoin d’être consolidées et mieux articulées dans le cadre d’une vision globale pour la promotion de l’économie sociale et solidaire qui favorisera sans aucun doute la préservation et la valorisation du capital naturel et humain.
Nous constatons aujourd’hui que le monde est en constante évolution, les pays émergents se tournent de plus en plus vers une Economie sociale et solidaire (ESS). Au cœur de cette transition, la jeunesse émerge non seulement comme l’avenir mais aussi comme l’acteur principal de l’innovation dans ce secteur.
Ce nouveau modèle économique dit «social et solidaire» met l’accent sur des secteurs clés, à savoir : l’agriculture, l’artisanat, la pêche, l’énergie, l’hydraulique, la santé, l’éducation, le tourisme, etc., et pourrait être une opportunité pour les pouvoirs publics à reconsidérer le modèle économique et réorienter les investissements publics et privés vers les secteurs productifs (verts et bleus). Une telle démarche encouragerait le développement de filières vertes et bleues innovantes à forte valeur ajoutée, contribuerait sans aucun doute à promouvoir l’entrepreunariat sociale et solidaire et la création d’emplois, notamment pour les jeunes et les femmes et susciter ainsi une croissance plus forte et surtout durable.
A cet effet, l’économie sociale et solidaire (ESS) joue un rôle fondamental dans la réalisation des 17 Objectifs de développement durable (ODD) tels que définis par les Nations unies.
L’utilité sociale de la recherche en ESS se manifeste à travers sa capacité à éclairer le débat public, à encourager la réflexion chez les acteurs et à contribuer à la création d’outils concrets pour le bien commun. L’ESS est aujourd’hui reconnue comme «un moteur de transformation sociale», mais il reste à mieux comprendre ses processus, à les accompagner et à les évaluer pour maximiser son impact positif.
Les ODD fixent 17 objectifs ambitieux en matière de réduction de la pauvreté, d’égalité des sexes, de protection de l’environnement et bien d’autres domaines cruciaux pour l’avenir de notre planète.
Dans le cadre de la résolution des Nations unies sur l’ESS et les ODD, il est souligné que l’ESS peut jouer un rôle-clé dans la réalisation de ces objectifs. L’ESS peut aussi favoriser la croissance économique inclusive, la création d’emplois décents, la réduction des inégalités et la promotion du bien-être social. Il y a un vrai potentiel pour l’ESS de renforcer la résilience des communautés locales face aux crises économiques et environnementales que nous vivons actuellement.
A cet effet, nous considérons que l’économie sociale et solidaire pour l’Algérie est celle qui va entraîner une croissance soutenue, une amélioration du bien-être du citoyen, l’équité sociale, tout en réduisant les risques environnementaux et la pénurie des ressources naturelles.
Pour cela, il y a lieu de valoriser une économie sociale et solidaire en poursuivant sa co-construction dans les territoires par les populations locales ; renforcer l’économie collective, comme moyen privilégié d’améliorer la condition des personnes dans des situations précaires et informelles ; préserver les ressources naturelles et la biodiversité ; lutter contre les changements climatiques et promouvoir l’économie circulaire ; institutionnaliser des espaces de co-construction des politiques publiques intersectorielles à chaque niveau gouvernemental ; permettre la bonne articulation entre échelon local et échelon national afin d’assurer un développement soutenable de l’économie sociale et solidaire ; initier des campagnes de sensibilisation et de promotion à l’égard des pouvoirs publics, des populations, et des actrices et acteurs de l’économie et de la société civile afin de mieux faire connaître l’ESS et ses principes ; mettre en œuvre des outils d’accompagnement des autorités locales et nationales qui souhaiteraient s’engager dans un processus de soutien au développement de l’ESS sur leur territoire ; cela dit, lequel chaque catégorie d’acteurs/partenaires (gouvernements, autorités locales, monde universitaire et de la recherche, secteur privé, organisations de la société civile, jeunes et femmes…) a un rôle déterminant à jouer à la hauteur des responsabilités et réfléchir ensemble aux solutions innovantes pour renforcer son rôle dans le développement économique et social de notre pays.
L’économie de demain, l’économie la plus moderne, c’est l’économie sociale et solidaire, parce que c’est l’économie du partage, c’est l’économie qui répond au mieux aux grands défis actuels et futurs. M. B.