Le ministère de l’Education nationale a initié ces derniers jours un cycle de réunions avec les représentants des organisations syndicales. La densité de ces «rencontres bilatérales avec les partenaires sociaux» atteste de la volonté des pouvoirs publics de renforcer la stabilité recouvrée dans le secteur.
Cet acquis enregistré ces dernières années au sein de l’institution éducative a en effet son importance lorsque l’on se remémore les longs épisodes de perturbation, parfois de paralysie des activités pédagogiques dans les écoles, un phénomène qui pouvait avoir un effet dommageable sur le niveau scolaire, sans pour autant aboutir à la satisfaction des revendications sociales lancinantes et souvent communes à de larges franges de la population.
Ce souci permanent de maintenir les passerelles du dialogue avec les syndicats en y consacrant le temps nécessaire est fort justifié et bien perçu par l’opinion publique, mais celle-ci ne perd pas de vue que la finalité de cette démarche consensuelle ne s’arrête pas à la préservation de la stabilité retrouvée, elle a pour vocation de s’inscrire dans une perspective de mise à niveau, puis de compétitivité et de performance.
Pour l’heure, les comptes-rendus de ces rencontres au sommet restent difficilement lisibles et chiffrables, ce qui ne cadre pas avec les bases d’un secteur favorisant la connaissance et l’identification des problèmes, lesquels sont, faut-il le rappeler, à moitié résolus lorsqu’ils sont clairement posés. La formulation la plus diffusée ces derniers jours, ou les éléments de langage selon les spécialistes, n’aide pas à la compréhension des sujets évoqués lors des discussions, usant de termes génériques à propos des dossiers ouverts à cette occasion.
La question de l’absentéisme des élèves dans les classes d’examen relancée à la rentrée n’a pas été solutionnée, en dépit de l’annonce d’un dispositif «accepté par les enseignants et les parents d’élèves». A la veille des dernières compositions de ce premier trimestre, il a été constaté une désertion des classes de terminale et un afflux ingérable aux cours particuliers payants. En plus du débat devant être mené au sein des collectifs enseignants, un effort pédagogique et psychologique doit être déployé à l’attention des parents ainsi que des élèves, afin de les convaincre que le succès couronne un travail soutenu en classe et n’est pas rencontré au détour d’un bref passage aux cours itinérants en ville.
La surcharge des classes est l’un des rares points clairement désignés à l’issue des débats avec les cadres de l’Education. Cette problématique est en fait liée au rythme des chantiers de réfection et d’édification de nouvelles structures éducatives. Les programmes sectoriels affectés à toutes les wilayas ne connaissent pas la même rigueur dans la conduite des travaux, et des retards sont régulièrement enregistrés dans diverses localités du pays.
De nombreux établissements en service requièrent des opérations de réhabilitation et d’entretien. Il arrive qu’un élève s’improvise syndicaliste en herbe et signale qu’une vitre cassée d’une salle de classe, sommairement colmatée, a laissé s’engouffrer le vent glacial du début de semaine.
Souvent occultée, la remise à niveau infrastructurelle, et en profondeur, est un axe de travail qui doit figurer en continu dans les priorités des gestionnaires et des responsables du secteur. En dépassant ce seuil de la consolidation à la base, et en prévision de futurs conclaves au gouvernement, les experts pluridisciplinaires élaboreront les grandes lignes d’une réforme globale pour adapter le programme scolaire aux grands défis technologiques qui structurent l’avenir dans le sens du progrès et de la prospérité.