Après plus de 4 ans, l’intrigante affaire de la mort par balle de Hamza Hadjouti, gendre du commandant Azzeddine, une des grandes figures de la Guerre de Libération nationale, dans des conditions suspectes, refait surface. Le tribunal militaire de Blida vient de rouvrir le dossier, en auditionnant d’anciens responsables de l’antenne de la sécurité intérieure, à Alger. De nombreux officiers, à leur tête l’ancien coordinateur des services de sécurité, le général-major à la retraite Bachir Tartag, devront être entendus dans les jours à venir.
L’affaire de la mort suspecte de Hamza Hadjouti, gendre du commandant Azzedine, après son interpellation dans la nuit du 22 au 23 novembre 2017 par des officiers de la sécurité intérieure, et sa conduite vers le centre Antar, à Hydra, n’a jamais connu de suite.
Après 4 ans et cinq mois, le tribunal militaire de Blida a ouvert le dossier en entamant, apprend-on de source sûre, une enquête judiciaire. Plusieurs officiers ont déjà été auditionnés, parmi eux l’ancien chef de l’antenne de la sécurité intérieure pour la capitale, le colonel Smain (en détention à la prison militaire de Blida pour une autre affaire).
Pour nos sources, de nombreux autres gradés sont concernés par cette enquête, dont l’ancien coordinateur des services de sécurité, le général-major à la retraite Bachir Tartag, détenu à la prison militaire de Blida, après sa condamnation à 6 ans de prison ferme dans l’affaire de non-respect de la procédure en matière de préservation des fonds et objets de valeur saisis dans le cadre de la perquisition ayant ciblé la villa de Zoulikha Nachinèche, plus connue sous le pseudonyme de «Mme Maya», prétendue fille cachée du défunt Président déchu.
Le tribunal devra élucider les conditions dans lesquelles Hamza Hadjouti, alors âgé de 34 ans, a trouvé la mort par balle, et situer les responsabilités de chacun dans ce qui s’apparente, selon son beau-père, le commandant Azzedine, et sa veuve, Fifi Hadjouti, à «une bavure», voire «un assassinat», et ce qui a été présenté par «des sources sécuritaires» comme étant «un suicide». Si l’on se réfère aux révélations de la veuve, les faits remontent à la nuit du 23 au 24 novembre 2017.
Le couple se trouvait au CHU Mustapha, à Alger, pour rendre visite au père de Hamza, hospitalisé. «De nombreux agents en civil se sont présentés comme des officiers de la police judiciaire, ont pris Hamza et l’ont embarqué à bord d’un de leurs véhicules en m’assurant qu’ils allaient le libérer quelque temps après son audition», avait raconté la veuve, précisant cependant qu’elle n’avait pas eu de nouvelles de son mari, et ce, malgré les alertes lancées par elle-même et par son père, le commandant Azzedine.
Cependant, 48 heures après, Mme Hadjouti a été convoquée par la brigade de la gendarmerie de Bab J’did, à Alger, et informée que son mari est décédé à l’hôpital de Blida, que sa dépouille se trouvait à la morgue de l’hôpital Mustapha et que le tribunal de Blida avait déjà délivré un constat de décès et un permis d’inhumer.
La famille réclame justice
Certains médias avaient annoncé, citant des «sources sécuritaires», que Hamza Hadjouti «s’est tiré une balle alors qu’il était dans le véhicule à l’approche du siège des services de sécurité en charge de l’enquête sur une série d’affaires d’escroquerie et de trafic d’influence dans lesquelles le concerné était impliqué. Pris à la gorge par les nombreuses affaires qui allaient le conduire inéluctablement en prison, Hamza Hadjouti a préféré mettre fin à sa vie». Une version qui avait suscité la colère de Fifi Hadjouti : «Mon mari a été désarmé avant qu’il ne soit embarqué à bord du véhicule, et son pistolet a été remis à l’un des officiers.»
L’affaire avait suscité de lourdes interrogations. Pourquoi avoir transféré Hamza Hadjouti à l’hôpital de Blida, où il aurait rendu l’âme ? Une polémique s’en est suivie suscitant la réaction du parquet de Bir Mourad Raïs qui, dans un communiqué rendu public, avait affirmé avoir ouvert une enquête et ordonné une autopsie à l’hôpital Mustapha. Les démarches pour enterrer Hamza à Hatatba, à Blida (lieu de résidence de ses parents), ont été très difficiles à accomplir.
Le commandant Azzedine a décidé alors de déposer plainte à la brigade de gendarmerie de la résidence d’Etat Club des Pins, où il résidait. «Je ne me tairais pas jusqu’à ce qu’on sache comment et pourquoi Hamza a été tué. Il faut que toute la lumière soit faite et que justice soit rendue.»
Sa fille, Fifi Hadjouti, avait aussi déclaré : «Au moment où les gendarmes m’ont appris le décès de mon mari, je les ai accusés de l’avoir tué. Ils m’ont révélé alors que Hamza été détenu par le DRS à Antar lorsqu’il a été blessé, il a été transféré à l’hôpital militaire de Blida. Mais son état s’est gravement détérioré avant qu’il ne meure. Sa dépouille a été par la suite transférée à l’hôpital Mustapha.»
Les médecins légistes avec lesquels elle avait discuté l’ont dirigé vers le procureur de Bir Mourad Raïs, auprès duquel, avait-elle souligné, elle n’a jamais pu obtenir le rapport de l’autopsie.
Quelques jours après, le tribunal de Bir Mourad Raïs se dessaisit du dossier au profit du tribunal militaire de Blida, étant donné que les faits ont eu lieu dans une enceinte militaire. Depuis, l’affaire est restée dans les tiroirs alors que la famille du défunt n’a jamais cessé de réclamer justice. Pourra-t-elle l’avoir maintenant que l’enquête a été rouverte ? La question reste posée.