Le sport en salle de réanimation

27/12/2022 mis à jour: 19:30
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Dire que le sport algérien ne se porte pas bien est un doux euphémisme. Il est loin des attentes de ses acteurs et de ceux qui le suivent, l’aiment et le supportent. Plus les années passent et plus son état empire, sa situation se dégrade. Ce ne sont pas les maigres et éphémères exploits récoltés ici et là au gré des circonstances qui changeront le diagnostic implacable que les hérauts du tout-va-bien tentent de couvrir par leur vacarme indécent et inapproprié. Mis à part ceux qui ne veulent pas regarder la réalité en face, le sport algérien n’est pas sur la bonne voie. Il ne faut pas sortir des grandes écoles à la réputation bien établie pour faire un constat qui concorde avec la réalité du terrain. La hantise de ceux qui ont vraiment le sport algérien dans le cœur fait peur. Pourquoi ? Tout simplement parce que chaque jour que Dieu fait, il (le sport) s’éloigne de sa vocation, ses objectifs, ses enjeux, ses standards, ses codes et ses exigences. Au lieu de prospérer à l’ombre de politiques réfléchies, confiées à des compétences soutenues à fond la caisse par les pouvoirs publics, contrôlées et menées sous l’égide de ceux qui le méritent, au contraire, il a été abandonné, livré aux prédateurs et à une faune d’aventuriers sans foi ni loi. Les quelques maigres résultats collectés dans le concert des nations ne sont pas toujours le fruit d’une politique sportive planifiée. Les exploits, sans lendemain, en sont la preuve tangible. Les résultats en dents de scie le confirment. Le temps est venu de revoir de fond en comble la politique sportive nationale. Cela passera peut-être par une conférence nationale sur les états généraux du sport en Algérie. La cellule de base est le sport à l’école. Ce segment important jouit-il pour autant du grand intérêt qu’il mérite ? La réponse est non. Tous les moyens (humains et matériels) ont-ils été mis à sa disposition ? Non. Le sport amateur, comment se porte-t-il ? Très mal. Peut-il y avoir un sport d’élite sans un bon réservoir qui a pour nom le sport amateur ? Jamais. L’élément humain, qui active dans l’environnement du sport et de sa périphérie, a-t-il le profil de la fonction pour ou par laquelle il est là ? Très souvent, non. La formation, à tous les niveaux, existe-t-elle ? Le sport algérien arrive-t-il à assurer, garantir la formation des formateurs ? Difficile de le croire. Les textes et la législation qui sont les textes fondateurs du sport ne sont pas toujours bien observés, pour ne pas dire du tout. Les transgressions des textes n’offusquent personne, a priori. Le traitement réservé aux multiples problèmes qui polluent l’atmosphère dans le sport n’est pas toujours égal et conforme à la loi. Les infrastructures qui existent et qui continuent de fleurir partout sur le vaste territoire national ne sont pas toujours exploitées à bon escient. Dans ce domaine, l’Algérie est l’un des pays les mieux nantis sur le continent africain. L’exploitation de cette ressource laisse à désirer. Le tableau est sans doute très noir. Il n’est pas trop éloigné de l’amère réalité du sport algérien. Si on ajoute au tableau le financement du sport et l’argent qui coule pour maintenir en vie le professionnalisme, un mort-né, on aura fait le tour exhaustif du sport algérien qui mérite mieux que ce qu’il endure en silence. Le redresser, le réorganiser, l’extirper de tous les morpions qui lui collent à la peau, lui établir une ambitieuse feuille de route, encourager les vraies compétences, leur ouvrir la voie et faciliter leur implication dans la direction et la gestion du sport, contrôler rigoureusement l’argent injecté dans le circuit, veiller à la bonne maintenance des installations sportives et de leur exploitation, accorder toute l’importance requise aux textes et leur application, prioriser le sport à l’école, la formation, la morale sportive, l’éthique et le fair-play sont des étapes indispensables pour faire sortir le sport algérien de la salle de réanimation, où il va finir sa course sans une rapide et vive réaction de ceux qui ont en charge ce secteur.

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