Le représentant du Hamas palestinien en Algérie parle du 7 Octobre : «Le déluge d’Al Aqsa a fait avorter la mise à mort de la Palestine»

08/10/2024 mis à jour: 00:07
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La bataille «Déluge d’Al Aqsa» a fait avorter le plan de mise à mort de la question palestinienne. Si elle n’avait pas été menée, la Palestine aurait été enterrée et oubliée». C’est ce qu’a déclaré hier le représentant du Hamas palestinien, à Alger, le Dr Youcef Hamdane, lors d’une conférence organisée par le MSP.

Invité à une conférence sur «L’avenir de la bataille Déluge d’Al Aqsa et ses conséquences sur la région», qu’a organisée, hier, le MSP, au siège de son parti, à Alger, à l’occasion du 1er anniversaire des attaques de la résistance palestinienne du 7 octobre, Dr Youcef Hamdane, représentant du Hamas palestinien en Algérie, est revenu longuement sur tous les points liés à l’opération «Déluge d’Al Aqsa» qui a eu le mérite, dit-il, de faire «avorter la finalisation du plan de mise à mort de la Palestine». Pour lui, «s’il n’y avait pas eu le 7 octobre, la Palestine aurait été enterrée et oubliée.

La résistance avait une vision réelle sur les projets de l’entité sioniste, leurs enjeux et les équilibres des forces dans la région. Elle a pris là une décision  courageuse qui a changé la trajectoire de l’histoire pour tracer de nouveaux jours pour les Palestiniens». Hamdane explique point par point la feuille de route d'Israël et de l’administration américaine, en commençant par «le projet d’intégration de l’entité sioniste dans la région, à travers la normalisation, qui était presque à terme, puisque il ne restait que de petites étapes à finaliser. Si celles-ci avaient pris fin, la question de l’intégration aurait été tellement naturelle que nul ne pourrait lui faire face.

Des Etats islamiques importants déclaraient publiquement et sans aucune gêne, qu’ils allaient normaliser leurs relations avec l’entité sioniste. Pour eux, c’était juste une question de temps. Face à cette situation, nous n’avions d’autres choix que celui de se débarrasser de la chape de la normalisation, qui allait nous enterrer. Ce projet ne passera pas sur nos corps», déclare l’orateur. Il revient sur quelques détails de la feuille de route israélienne en territoire palestinien, et même au-delà de ses frontières, révèle Hamdane. «Des plans de judaïsation d’Al Qods était mis en place.

Nous avons vu des extrémistes, interdits de voyager dans des pays européens, placés à la tête de ministères de souveraineté dans le gouvernement, qui accéléraient l’élaboration de projets de loi de judaïsation de la Mosquée d’Al Aqsa, pour les rendre effectifs dans les plus brefs délais. Cette mosquée n’appartient pas uniquement aux Palestiniens, qui ne sont pas les seuls responsables des lieux.

Personne ne nous a écoutés lorsque nous avions tiré la sonnette d’alarme. Nous n’avions d’autres choix que d’aller vers cette bataille du 7 octobre», déclare le conférencier. Tout en rappelant la sacralité de ce lieu de culte, il insiste aussi sur «d’autres lignes rouges comme nos prisonniers qui souffrent dans les geôles israéliennes et pour lesquels, la Knesset entame la 2e lecture d’un projet de loi autorisant leur exécution, alors que Ghaza a été maintenue sous un siège durant 17 ans, ses forces ont été neutralisées, et en Cisjordanie la présumée solution de deux Etats a été rendue impossible». Il explique que «la majorité de ses terres protégées par le droit international a été absorbée par de nouvelles colonies.

Ce gouvernement extrémiste a franchi toutes les lignes rouges. Nous avions dit que ces terres volées ne peuvent pas être récupérées par des décisions internationales. Telles qu’elles fonctionnent, les institutions internationales sont dans l’incapacité de résoudre les crises qui menacent la paix internationale. Nous, l’Algérie et tous ceux qui mesurent la menace de l’entité sioniste sur toute la région ainsi ses objectifs expansionnistes, savent pertinemment que cette force d’occupation ne respecte pas le droit international, bénéficie de la protection des USA et d’une couverture internationale qui lui permet d’exercer violemment la colonisation sur nos terres en Cisjordanie et à Al Qods, de violenter nos détenus dans les prisons et d’imposer la normalisation à travers le fait accompli afin de réduire la Palestine à une affaire de minorité. Mais le 7 octobre est venu pour lui donner sa vraie dimension et l’entité sioniste se retrouve, pour la première fois, accusée des plus abjects crimes par les juridictions internationales».

«Depuis Ghaza, la Palestine est devenue une affaire mondiale»

M. Hamdane évoque aussi la solidarité des populations du monde musulman, qui s’est élargie à celles des villes de l’Occident et des USA, «où beaucoup parlent même de la Palestine du fleuve jusqu’à la mer». Poursuivant son intervention, M. Hamdane précise qu’à partir de Ghaza et  de «la bataille du déluge d’Al Aqsa», la Palestine «est devenue la première affaire du monde», voire même «le centre du monde, autour duquel tournent tous les événements».

Dès le début, souligne t-il, «nous avions averti que dès l’instant où l’entité sioniste sentira un revirement dans les réactions internationales, sa main s’étendra au Liban, la Syrie au Yémen, à l’Irak, à l’Iran et à n’importe quel endroit qu’elle peut atteindre. Elle a déclaré avoir fini avec la résistance à Khan Younès, puis à Rafah, et encore à Ghaza, mais ce matin (hier) des combattants de la résistance sont sortis de Khan Younès pour tirer des missiles sur Tel-Aviv, après une année de victoire et de sacrifice.

Et de nouveau les phalanges d’Al Qasam ont mené des opérations à Jabaliya. Ils ont montré qu’après une année, la résistance est là et le peuple palestinien reste attaché à ses droits. L’occupation et ses alliés, avec toute cette force militaire et ce soutien politique, n’ont réussi à atteindre aucun objectif». S’adressant aux pays de la région, l’invité déclare : «Vous ne serez pas en sécurité jusqu’à ce que nos droits soient totalement arrachés. Le monde aussi ne connaîtra pas de paix jusqu’à ce qu’elle soit instaurée à Al Qods. Cette terre est la nôtre.

Elle est nos racines. Nous ne l’abandonnerons pas et nous ne nous rendrons pas quel que soit le prix à payer. Nous avons consenti d’énormes sacrifices, 51 000 martyrs, parmi lesquels, 41 000 enregistrés dans les hôpitaux et 10 000 portés disparus. Nous comptons près de 100 000 martyrs, ainsi que 1600 autres faisant partie de la résistance libanaise, tués au Liban. Nous leur rendons un grand hommage ainsi qu’aux héros de l’Irak et du Yémen. La porte de la paix est l’arrêt de cette guerre contre notre peuple. Cette terre, du fleuve à la mer, nous appartient».

L’intervenant décline les conditions de la résistance pour un retour aux négociations pour «un accord autour d’une période de cessez-le-feu de 3 à 5 ans, qui permet de penser les blessures, de reconstruire ce que l’occupation a détruit, le retour des déplacés vers leurs maisons et l’échange des prisonniers, dans une première étape de repos, en attendant la libération des prisonniers». Pour lui, sans cette démarche, «il n’y aura pas de paix (…). 

Ils pensent que plus le cercle de feu est large, plus il y a un risque de dislocation de la résistance. Ils se trompent et l’avenir a prouvé que plus le sang coule, plus la résistance se renforce. Ils disaient que l’Iran ne ripostera pas et que le Liban, après l’assassinat du dirigeant de la résistance, s’affaiblira et révisera sa position. Le résultat est visible. L’entité sioniste est en train de se noyer au Sud-Liban.

Ils ont assassiné le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, en pensant que la résistance palestinienne allait fléchir, et voilà que le parti désigne Abou Ibrahim Sinwar et fait échouer tous leurs plans funestes. Nous défendons nos terres et nos droits avec tous les moyens possibles, et personne ne peut nous mettre devant le fait accompli chez nous». M. Hamdane parle de la Révolution algérienne, présentée comme un exemple à suivre. «Nous avions toujours été subjugués par le sacrifice des Algériens pour leur indépendance, et Larbi Ben M'hidi est un modèle.

La route pour l’indépendance est faite de sacrifices. L’entité sioniste dit avoir détruit 10% des tunnels. C’est un chiffre trop exagéré. La résistance reconstruit sur place ce qui est détruit. Elle a les moyens. Elle s’est préparée pour. L’occupation bombarde des tentes en tissu qui abritent la population civile et se plaint du retard des livraisons d’armement. La résistance fabrique ses bombes, ses missiles et ses armes».

Encore une fois, M. Hamdane aborde la question des négociations. «Le 2 juillet 2024, les négociateurs nous ont remis une proposition d'accord de l’occupation, présentée par les Américains, qui comportait les quatre conditions connues de tous, à savoir un cessez-le-feu, le retrait des forces d’occupation, l’ouverture des points de passage pour les aides humanitaires, le retour des réfugiés let l’échange des prisonniers contre la libération des otages. Une fois notre accord donné, l’occupation a rejeté la feuille et introduit des modifications.

Les négociations étaient toujours en cours et l’occupation intensifiait et élargissait sa guerre. Pendant qu’on négociait un accord, l’occupant intensifiait sa guerre et l’élargissait et les Américains le soutenaient dans cet effort. Cela s’appelle de la complicité. Ils soutiennent l’entité sioniste militairement, politiquement et donnent du temps à Netanyahu pour faire ce qu’il veut. Si ce dernier veut arrêter cette bataille, il n’a qu’à revenir à la proposition du 2 juillet dernier. Nous tenons à l’exécution de cet accord. En dehors de cela, nous resterons, encore des années, comme une épine dans leur gorge». 
 

 

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