Le président Tebboune rejette l’existence de détenus d’opinion

17/02/2022 mis à jour: 05:39
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Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune / Photo : D. R.

Ce n’est pas la première fois que le président de la République affirme qu’il n’y a pas de détenus d’opinion dans le pays, contrairement à ce que pensent les partis politiques de l’opposition, les défenseurs des droits de l’homme et militants.

Il n’y a pas de détenus d’opinion», a affirmé le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors de sa rencontre périodique avec des médias nationaux, diffusée mardi soir sur la télévision publique. Tout en rappelant que la liberté d’expression est garantie par la Constitution, le chef de l’Etat a indiqué que «porter atteinte à l’ordre public, vouloir changer les choses par la force, diffamer ou provoquer des troubles dans le pays, ce n’est pas de la liberté d’expression, c’est une liberté de sabotage».

D’après le Président, «écrire un article sur l’armée, pour porter atteinte au moral des troupes, ce n’est pas un avis» et son auteur représente «une cinquième colonne». Ce n’est pas la première fois que le président de la République affirme qu’il n’y a pas de détenus d’opinion dans le pays, contrairement à ce que pensent les partis politiques de l’opposition, les défenseurs des droits de l’homme et  militants.

Ces propos tenus mardi soir ont d’ailleurs provoqué la réaction de certains d’entre eux. «Il n’y a pas de système répressif, de par l’histoire, qui reconnaît l’existence d’opposant détenus pour leur opinion», a écrit le même soir l’avocat Abdelghani Badi. Des défenseurs des droits de l’homme, à l’image du vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), Saïd Salhi, ont tenu à rappeler qu’il y a «plus de 300 détenus d’opinion dont une vingtaine sont à leur 20e jour de grève de la faim».

Ce dernier a également cité le coordinateur national du Mouvement démocratique et social (MDS), Fethi Ghares, qui est en prison. Arrêté le 30 juin 2021, celui-ci avait été condamné, le 9 janvier dernier, à deux ans de prison ferme pour «atteinte à la personne du président de la République», «outrage à corps constitué», «diffusion au public des publications pouvant porter atteinte à l’intérêt national», «diffusion d’informations pouvant porter atteinte à l’unité nationale» et «diffusion d’informations pouvant porter atteinte à l’ordre public», avait indiqué le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).

Dans le même sens, le président de la République a également nié l’existence d’entraves à l’exercice politique. «Où est l’intérêt à faire cela ?» s’est-il demandé, avant de parler de certains partis politiques, qui, d’après lui, «rassemblent tous les mécontents dans leur siège», ceci, alors que, ajoute-t-il, le parti en question «ne dispose même pas d’un agrément».

Une nouvelle loi sur l’information

Le chef de l’Etat a également évoqué les rassemblements non autorisés qui, d’après lui, représentent une atteinte à l’ordre public. Pour ce qui est de la presse, Abdelmadjid Tebboune a rappelé qu’il y a près de 8000 journalistes, 180 quotidiens, «imprimés sans payement de frais y afférents», précise-t-il, et une vingtaine de chaînes de télévision, dont certaines non légalement réglementées, dit-il, «sans subir des restrictions».

«Il existe également une vingtaine de chaînes de télévision qui sont considérées comme des chaînes nationales, alors qu’elles ne sont pas légalement réglementées», a-t-il déclaré, avant d’ajouter : «Les choses vont bientôt changer, car d’ici un mois la nouvelle loi sur l’information qui régit le champ audiovisuel en Algérie sera promulguée.»

«La Constitution garantit la liberté d’expression, et la présence de chaînes de télévision et de radio activant illicitement sans qu’elles soient fermées prouve que n’avons pas restreint les libertés, mais ce qui a été constaté, c’était bien le recul des cas d’attaque et de diffamation à travers ces espaces, étant donné que les injures sont désormais un acte puni par la loi», a-t-il indiqué à cet effet.

Pour le Président, qui, ainsi, nie l’existence de détenus d’opinion, d’entraves à l’exercice politique ou à la liberté d’expression, «la démocratie est une affaire de société pas une affaire de l’Etat». 
 

 

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