La Suède, représentée par la chanteuse Loreen, a remporté samedi soir le concours de l’Eurovision pour la septième fois, égalant le record de l’Irlande, lors de la finale organisée au nom de l’Ukraine par le Royaume-Uni, à Liverpool.
Avec son titre Tattoo, Loreen, déjà couronnée en 2012, est la deuxième artiste à remporter deux fois l’Eurovision après Johnny Logan pour l’Irlande dans les années 1980, et la première femme à réaliser le doublé. «Surréaliste, merveilleux», a réagi la chanteuse «totalement submergée».
Elle n’a pas écarté une nouvelle participation. «C’est une question de créativité», a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse. Le plus grand journal suédois, Dagens Nyheter, a qualifié dimanche sa victoire de «prouesse incroyable». «Loreen touche le public comme peu d’autres, poursuit le titre, la décrivant comme «accessible, avec un look et une voix impossibles à ignorer». Le quotidien Aftonbladet a, quant à lui, rendu hommage à la reine Loreen après sa victoire, qui ramènera le concours de l’Eurovision en Suède en 2024, année du cinquantième anniversaire de la victoire d’Abba avec Waterloo. Vingt-six pays étaient en compétition pour la finale de la 67e édition du concours.
«Geste de déception»
La Finlande, avec le chanteur Käärijä, est arrivée en deuxième position, la France en troisième, représentée par la Québécoise La Zarra, à la 16e place. La chanteuse s’est défendue d’avoir fait un doigt d’honneur, expliquant avoir fait un «geste de déception que l’on utilise entre amis», selon le site du journal français 20 Minutes. L
’hexagone n’a plus gagné depuis 1977 avec Marie Myriam. Loreen succède aux Ukrainiens du Kalush Orchestra, qui ont triomphé l’année dernière avec Stefania, chanson mêlant hip-hop et musique traditionnelle ukrainienne. L’Eurovision a eu lieu au Royaume-Uni, arrivé deuxième l’an dernier, en raison de l’invasion russe de l’Ukraine. Celle-ci était cette année représentée par le duo électro Tvorchi, qui a fini 6e avec Heart of Steel (Cœur d’acier), chanson inspirée par la résistance pendant un mois de siège à l’usine Azovstal à Marioupol et ovationnée par le public.
Discipline de fer
La grande gagnante, Loreen, a elle interprété avec Tattoo, un hymne pop sur l’amour inconditionnel. La Suédoise était la favorite des bookmakers. Pourtant, cette nouvelle participation était pour elle tout sauf une évidence, jusqu’à ce qu’elle écoute cette chanson. «Quand j’ai entendu Tattoo, avant même qu’on me parle de Melodifestivalen (la sélection suédoise qui détermine la contribution à l’Eurovision), j’ai ressenti un plaisir mêlé de terreur. J’ai compris qu’il se passait quelque chose», confiait-elle au quotidien Dagens Nyheter. Et elle s’est ensuite pliée à une discipline de fer pour réaliser le numéro un brin grandiloquent. De son vrai nom Lorine Talhaoui, l’artiste de 39 ans est née en Suède de parents d’origine berbère marocaine. Aînée de six enfants, elle a grandi en banlieue de Stockholm, où elle habite aujourd’hui.
L’une de ses sœurs, Markiz Tainton, est cuisinière et intervient régulièrement à la télévision. «J’ai des origines nomades, je suis Berbère, mais je suis aussi Suédoise, je veux ma râpe à fromage et que les gens m’appellent avant de débarquer chez moi», a ajouté la chanteuse, à ce journal, alors que ses origines ont été à plusieurs reprises raillées par l’extrême-droite. La Finlande était elle sur un tout autre créneau avec le Cha Cha Cha frénétique du chanteur Käärijä et son boléro bouffant vert fluo. Comme l’an dernier, la Russie était exclue du concours.