Le navire Berge Shari immobilisé depuis trois mois au port de Annaba : Déjà plus de 1,2 million de dollars de surestaries

30/09/2024 mis à jour: 05:55
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Le navire Berge Shari, battant pavillon des Îles de Man, est à quai au port de Annaba depuis le 27 juin 2024. Ce cargo transportant 25 000 tonnes de grumes de bois en provenance d’Argentine devait initialement décharger sa marchandise dans les jours suivant son arrivée. Toutefois, une série de complications a prolongé son séjour bien au-delà des délais prévus. 

Le principal problème signalé par les sources portuaires réside dans un mauvais arrimage de la cargaison qui a fortement ralenti les opérations de déchargement. Pis, la mobilisation d’un sous-effectif chargé d’équipements de manutention adéquats a exacerbé la situation, empêchant toute avancée rapide dans le traitement du navire. Résultat : après trois mois d’immobilisation, les surestaries accumulées dépassent désormais les 1,2 million de dollars. 

Ce n’est pas la première difficulté rencontrée par le client propriétaire du Berge Shari au port de Annaba. Initialement, ce navire était habitué à décharger sa cargaison au port de Skikda, mais il a été «détourné» par l’équipe de l’EP Annaba vers Annaba. 

Ce changement, censé être une meilleure solution, s’est transformé en cauchemar logistique. Dans une tentative de limiter les pertes, le client a été autorisé à introduire ses propres équipements de manutention pour accélérer le déchargement. 

Néanmoins, l’incertitude persiste. «Avec une telle mésaventure, il risque de ne plus jamais revenir au port de Annaba», déplore un proche de l’opérateur économique. Le ministre des Transports, Mohamed El Habib Zahana, a récemment adressé une instruction stricte aux dirigeants des ports du pays pour accélérer les opérations de traitement des marchandises et réduire le temps de séjour des navires en rade. Dans ce document du 8 septembre 2024, dont l’objet est la mise en œuvre des instructions du Conseil des ministres du 2 juin 2024, il insiste sur «la nécessité d'un régime de travail 24h/24, 7j/7, afin de fluidifier les flux logistiques». Cependant, ce plan ambitieux fait face à des défis majeurs.

 Le manque d’équipements modernes de manutention, ainsi que l’insuffisance des capacités de maintenance durant la nuit ralentissent la mise en œuvre de cette directive. Le ministre a chargé le groupe Serport de superviser les améliorations, en insistant sur «la modernisation des infrastructures portuaires, notamment pour les opérations nocturnes de chargement et de déchargement». 


Le port de Annaba, autrefois un acteur majeur dans l’exportation hors hydrocarbures, souffre depuis plusieurs années d’une dégradation de ses infrastructures. Construit à l’époque coloniale, il fait face à des problèmes structurels importants. Plusieurs quais sont partiellement hors service, et certains montrent des signes inquiétants de faiblesse. Deux de ses cinq quais principaux sont actuellement inutilisables, limitant considérablement la capacité du port à répondre aux besoins croissants du commerce maritime. Cette situation d’instabilité infrastructurelle a coûté cher au port de Annaba.

 De nombreux clients, impatients face à la lenteur des opérations, se sont tournés vers des ports concurrents, entraînant un manque à gagner annuel de plusieurs milliards de dinars. Cette perte de compétitivité menace non seulement l’économie locale, mais aussi la position du port sur la scène nationale et internationale. Le projet de rénovation, y compris la construction d’un nouveau quai minéralier, constitue une lueur d’espoir, mais le chemin est encore long. Si des mesures urgentes ne sont pas prises, la situation du Berge Shari pourrait bien devenir un triste symbole des faiblesses structurelles du port de Annaba.
 

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