Au sud-est du pays, le Molise est l’une des vingt régions officielles d’Italie. Son statut est comparable à celui de la Lombardie, du Piémont ou de la Toscane. Des élections se tiennent régulièrement dans ce territoire qui borde les régions des Abruzzes, des Pouilles, du Latium et de la Campanie, des lieux dont personne ne se hasarderait à démentir l’existence.
Pourtant, «le Molise est une petite région célèbre pour une chose : elle n’existe pas». Avec ces quelques mots, écrits à l’automne 2019, la BBC se faisait l’écho d’une légende bien présente chez les Italiens. Celle selon laquelle cette région vallonnée, enserrée dans la chaîne des Apennins (avec une ouverture sur la côte Adriatique), n’existerait pas. Une thèse notamment étayée par le fait que ce territoire est insuffisamment peuplé (289 000 habitants) et petit (4461 km²). Au fil du temps, ces caractéristiques ont nourri l’idée que le Molise était une construction de l’esprit.
L’idée prête à sourire, mais a des conséquences sérieuses, relate Courrier international, citant des éléments recueillis auprès de Sky TG24. Ces dernières années, la plaisanterie a pris de l’ampleur aux yeux d’une dizaine d’habitants, qui ont décidé de s’unir pour réaliser le rêve formulé par certains de leurs compatriotes : faire disparaître cette région. Ce comité ambitionne d’unir le Molise à la région des Abruzzes. Pour ce faire, ses membres souhaitent mettre en place un référendum populaire.
Unir le Molise à une région voisine
Dans un premier temps, celui-ci concernerait la fusion de la province d’Isernia – qui est l’une des deux provinces qui composent, avec celle de Campobasso, le Molise – avec la région voisine. «Le parcours pour unir directement le Molise aux Abruzzes serait extrêmement compliqué, parce qu’il impliquerait une modification de nature constitutionnelle et l’approbation des deux conseils régionaux, a détaillé Antonio Libero Bucci, président du comité, lors d’une conférence de presse.
On a donc cherché une solution alternative : demander la fusion des autorités locales avec la région limitrophe.» Antonio Libero Bucci s’est dit convaincu qu’une telle procédure simplifierait grandement les choses, car la loi d’unification n’est pas de nature constitutionnelle, mais ordinaire. Avec les autres membres du collectif, il a lancé une pétition – qui requiert de réunir 5000 signatures – pour demander la tenue du référendum, convoqué par l’autorité locale en question. «Si jamais le référendum valide la proposition du comité, le Molise ne pourra pas se maintenir comme région avec une seule province, a observé Antonio Libero Bucci. Dès lors, nous procéderons à une loi constitutionnelle pour éliminer la région.»
Une région où le temps s’est arrêté
Les raisons qui poussent ce comité à unir le Molise avec les Abruzzes sont nombreuses. «Elles répondent aux attentes [des habitants qui] ne disposent plus d’un service de santé efficace [ni] de connexions infrastructurelles en phase avec le temps, selon Antonio Libero Bucci. Ils sont confrontés à des difficultés dans chacun des services [de la région] et paient des impôts très élevés.
Une situation qui a entraîné un dépeuplement imparable.»
En décembre 2019, France Info rapportait que le Molise avait pris la décision de lancer une opération afin de repeupler les villages, promettant divers avantages financiers à ceux qui voudraient y ouvrir un commerce. Nous apprenions qu’un appel à candidatures avait été lancé et que quatre cents projets, en provenance de plusieurs pays, étaient parvenus aux élus.
C’est le 27 décembre 1963 que le Molise a vu le jour d’un point de vue administratif, rappelle Le Figaro, qui a consacréun article à cette région qui semble figée dans le temps. Le quotidien vante la qualité de vie qu’elle offre (pas de pollution en l’absence d’industrie, des pâturages ou vagabondent librement les chèvres, les moutons, les brebis et autres animaux) et ses joyaux historiques : le site romain de Sepino, des traces de vie du paléolithique, le sanctuaire samnite de Pietrabbondante et la forteresse médiévale de Venafro.