Le ministre israélien d'extrême droite Ben Gvir cible les détenus palestiniens

15/02/2023 mis à jour: 08:43
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Le ministre israélien de la Sécurité nationale et figure de l'extrême droite Itamar Ben Gvir, souvent accusé d'attiser les tensions entre Juifs et Arabes, prend désormais pour cible les prisonniers palestiniens, touchant l'un des points les plus sensibles du conflit.

Depuis son entrée en décembre au gouvernement formé par Benjamin Netanyahou, le plus à droite de l'histoire d'Israël, Itamar Ben Gvir a promis d'oeuvrer pour que les prisonniers palestiniens ne soient pas traités avec trop d'égards.

Durcissement envers les Palestiniens

Après une visite en janvier à la prison de Nafha, dans le désert du Néguev, il avait déclaré aux médias vouloir faire en sorte «que les meurtriers de Juifs ne bénéficient pas de meilleures conditions», après la construction de nouvelles cellules.

Le ministre, qui appartient au courant sioniste religieux, a dit aussi vouloir s'assurer que les détenus palestiniens, qu'il qualifie de «terroristes», ne se voient plus servir «de la pita (pain) fraîche tous les matins, comme s'ils étaient au restaurant». «Pas sous ma responsabilité», avait-il promis, en ordonnant la fermeture de ce qu'il avait appelé des «boulangeries» ouvertes selon lui dans deux prisons israéliennes.

Il s'exprimait après une attaque menée par un Palestinien, qui avait tué sept personnes près d'une synagogue à Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël, le 27 janvier.

Vives réactions

Les services pénitentiaires israéliens ont refusé de confirmer l'existence de ces boulangeries. Mais les propos incendiaires de Itamar Ben Gvir ont suscité de vives réactions. Dans la bande de Gaza, contrôlée par le mouvement islamiste palestinien Hamas, des manifestants ont brandi des pancartes portant les mots: «Ben Gvir, va en enfer».

Dans un mémorandum adressé à des diplomates étrangers à Jérusalem, consulté par l'AFP, le Hamas a averti que toute tentative de porter atteinte aux droits des prisonniers reviendrait à «franchir toutes les lignes rouges», qualifiant ce sujet de «détonateur». «Dans chaque famille en Cisjordanie il y a au moins une personne qui a été arrêtée ou traduite devant la justice militaire», explique à l'AFP Milena Ansari, de l'ONG palestinienne de défense des prisonniers Addameer. «C'est donc un sujet qui touche profondément le cœur de l'identité palestinienne», relève-t-elle.

Selon Addameer, environ 800.000 Palestiniens sont passés dans les prisons israéliennes depuis la guerre israélo-arabe de juin 1967 et le début de l'occupation des territoires palestiniens.

Itamar Ben Gvir, qui dirige le parti Force juive, a été inculpé de nombreuses fois, notamment pour incitation au racisme. Le ministre prône l'annexion par Israël de la Cisjordanie et le transfert vers les pays voisins d'une partie des Arabes israéliens, descendants des Palestiniens restés sur leurs terres après la création d'Israël en 1948. Il a aussi demandé que les Palestiniens poursuivis pour terrorisme soient passibles de la peine de mort, un sujet qui n'entre pas dans le cadre de ses compétences ministérielles.

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