En visite, jeudi dernier, dans la wilaya de Guelma, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Youcef Cherfa, a déclaré lors d’un point de presse : «Il est impensable de visiter des wilayas agricoles sans passer par Guelma, une région à vocation agricole par excellence toutes filières confondues».
Et de poursuive : «J’ai eu l’occasion de visiter aujourd’hui le Salon de la tomate industrielle. Dans certaines exploitations, nous avons obtenu des productions records allant de 1500 à 1600 quintaux de tomates à l’hectare. Ce sont là des rendements encourageants, relevés à Guelma ainsi que dans d’autres wilayas.
La production nationale de la tomate industrielle va nous permettre cette année d’avoir une abondance à la transformation et d’envisager l’exportation». Notons que la production de la tomate industrielle dans la wilaya de Guelma connaît depuis des années des fluctuations significatives en adéquation avec la disponibilité des eaux d’irrigation et surtout durant les périodes de sécheresse.
Dans ce contexte, et au regard des bilans affichés lors de ce 2e Salon de la tomate organisé à Guelma, les superficies réservées à cette filière sont passées de 3375 à 3255 ha entre 2019 et 2024, avec un pic en 2021 avec 4067 ha. La production et la transformation ont bien suivi, enregistrant une baisse en 2023 avec 1665 ha cultivés, mais impactés par la sécheresse. Les lâchers d’eau à partir du barrage de Hammam Debagh pour irriguer le périmètre de la plaine de Bouchegouf et les régions à fort potentiel de la plaine de Guelma sont une condition pour la réussite des campagnes. Pour cette année, 12 millions de mètres cubes d’eau ont été lâchés, dont 11 millions ont été consommés. «Nous sommes en fin de campagne.
Les volumes ont fluctué entre 2019 et 2024. Nous sommes passés de 27 à 12 millions de mètres cubes pour une superficie de 9 940 hectares, d’où la nécessité de prévoir des projets d’adduction entre le barrage de Hammam Debagh et le périmètre d’irrigation afin d’éviter des lâchers dans les oueds avec un taux de déperdition allant jusqu’à 50 %», ont révélé à El Watan des responsables de l’Office national de l’irrigation et du drainage (ONID) et de la direction de l’hydraulique.
Une importante production céréalière
L’importante production céréalière dans la wilaya a nécessité des investissements en matière d’engrangement. «Le choix du projet d’un silo à grains de 1 million de quintaux dans la wilaya ainsi que plusieurs centres de collecte est justifié. Je souhaite que ces projets soient réceptionnés d’ici la campagne moisson battage de l’année prochaine», a indiqué le ministre. Les orientations de production des anciennes fermes pilotes outre la céréaliculture sont à encourager à Guelma, à l’instar de celles du territoire national. «La décision du président de la République de transformer les anciennes fermes pilotes en unités de production agricole commence à porter ses fruits comme c’est le cas ici dans cette ferme (Boumaza Saïd) qui ne produisait que des céréales. Aujourd’hui, elle cultive du tournesol à titre expérimental. La ferme Richi Abdelmadjid, d’une superficie de 1000 hectares, spécialisée dans la production de semences de pomme de terre, de céréales et d’oléagineuses, sera élevée en un centre régional de production de semences.
Ce qui fait de Guelma, une wilaya leader», a ajouté le ministre. Les objectifs de réalisation en matière d’autosuffisance alimentaire du pays d’ici 2027 ont été également abordés par Youcef Cherfa. «Un plan national de mise à niveau de certaines filières, dont le blé dur et l’orge, devrait atteindre 100% d’autosuffisance, alors que nous sommes actuellement à hauteur de 80%. La production de maïs devrait atteindre en 2027 un niveau acceptable à raison de 40 à 50% de nos besoins ainsi que pour les oléagineuses.
Cela se fera en augmentant les superficies destinées à ces cultures. Le lait en poudre est un objectif avec notre partenaire qatari ainsi qu’un projet avec le partenaire italien dans la production des céréales. Beaucoup de projets verront le jour au sud qui deviendra le grenier de l’Algérie sans exclure le nord». Quant aux dividendes de ces partenariats, le ministre a souligné : «Nous en bénéficierons par la maîtrise de l’itinéraire technique en céréaliculture. Il est impensable de nos jours de voir encore des terres produisant 20 q à l’hectare».
Le silo à grains au cœur des préoccupations
Les capacités actuelles de stockage en céréaliculture de la wilaya sont de 919 600 quintaux répartis sur les silos métalliques, bétonnés et hangars de la CCLS. Le renforcement de ces capacités par de nouveaux projets à réceptionner en 2025 notamment à Boumahra Ahmed avec un silo à grains stratégique de 1 million de quintaux qui sera relié à la future ligne ferroviaire Guelma-Bouchegouf ainsi que 9 points de collecte de 50 000 quintaux, offriront une accessibilité optimale aux sites et une fluidité dans l’opération de stockage et de distribution. Mais qu’en est-il du projet du silo à grains de Belkheir d’une capacité de 20 000 tonnes relevant de la CCLS, en souffrance depuis le démarrage des travaux en juillet 2014 suite à la mise en vigueur d’un contrat le 26 janvier 2014 entre le maître de l’ouvrage (OAIC-EPIC) et l’entreprise de réalisation algéro-italienne Gems Batisilo. Pour rappel, le taux d’avancement n’a pas dépassé 85%.
«Il reste à réaliser le montage des équipements de manutention, de nettoyage, pour la conservation des produits stockés, les équipements de pesage et enfin les équipements électriques (MT/MB) de base et moyenne tension», a expliqué le responsable de la CCLS lors de la présentation du projet au pied du silo. Une lueur d’espoir vient cependant annoncer un dénouement. «Nous avons reçu aujourd’hui la confirmation que les équipements du silo à grain de Belkheir et de M’sila seront expédiés par les Italiens au plus tard dans 15 jours à partir de l’Italie», a confirmé le directeur de la CCLS à l’adresse du ministre.
Notons enfin que la visite du ministre de l’Agriculture s’est terminée au niveau du nouveau silo à grain de Bouchegouf, base arrière de la CCLS de la wilaya d’Annaba, d’une capacité de 30 000 tonnes. Une liaison ferroviaire, objet de la visite a été lancée officiellement. Sa réalisation a été confiée à un groupement d’entreprises (GFTE/OAIC) pour l’embranchement de 7 silos au réseau ferroviaire sur 7 km.