Le devoir de responsabilité

24/01/2022 mis à jour: 02:01
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L’exigence faite au personnel enseignant par le ministère de l’Education nationale pour demeurer à son poste de travail au sein des établissements scolaires, en dépit de la décision prise par les pouvoirs publics d’interrompre les cours en présentiel pour une durée de 10 jours en raison de la flambée des contaminations enregistrée ces derniers jours, a suscité colère et indignation auprès des syndicats du secteur.

Dans des communiqués rendus publics, les différents syndicats du corps enseignant estiment que la décision de leur tutelle est inique, irrationnelle et contre-productive.

Outre le risque de contamination potentielle sur les enseignants ainsi que sur les autres personnels d’astreinte et leurs familles, particulièrement ceux officiant dans des établissements fortement touchés par les contaminations à la Covid-19, les syndicats mettent en garde contre l’émergence de clusters incontrôlables à la reprise des cours.

A l’évidence, il serait injuste et tout bonnement irresponsable en cette période de forte contagiosité qui suscite de légitimes inquiétudes avec l’annonce du pic épidémiologique pour les prochains jours, d’exposer le personnel de l’éducation à de graves risques de contamination qui auront fatalement de lourdes répercussions sur la société dans son ensemble.

Toutefois, le devoir de responsabilité impose aux personnels enseignants et à leurs représentants, dans les situations exceptionnelles, comme celle que vit le pays depuis quelques jours avec l’explosion des contaminations, de mettre en place, en coordination avec les chefs d’établissements scolaires et l’administration centrale du secteur, les outils pédagogiques alternatifs à travers le télé-enseignement pour continuer à assurer les cours aux élèves durant cette trêve scolaire imposée par la pandémie.

La mission n’est pas impossible puisque des écoles privées le font. Certains établissements privés ont entamé, en effet, les cours à distance avec leurs élèves, dès hier dimanche, sans attendre une quelconque directive de leur tutelle. Sur ce plan, force est de constater que les leçons de ces deux années de pandémie n’ont pas été tirées, tant au niveau de l’administration centrale que des établissements scolaires.

A leur décharge, il est vrai, on peut concéder à ces derniers le fait que, faute de moyens pédagogiques, aucune initiative du genre ne saurait être envisagée, même si la volonté de bien faire existe.

Le moins que l’on puisse dire est que nos responsables n’ont pas su tirer profit des expériences d’autres pays en la matière, lesquels ont conjugué les impératifs de sécurité sanitaire avec l’exigence de la permanence de la vie scolaire et du savoir, d’une manière générale, qui est le cœur battant de la société.

A cet égard, les commentaires peu gratifiants, pour ne pas dire hostiles, suscités sur les réseaux sociaux à la suite des réactions de désapprobation des syndicats de l’éducation par rapport à l’injonction de la tutelle faite aux enseignants de se mettre au service de leur établissements durant cette période de «congé sanitaire» en s’investissant dans les tâches pédagogiques, sont loin d’être fortuits.

Ils reflètent un état d’esprit qui s’est forgé dans la société au cours de ces dernières décennies, avec ce sentiment d’insatisfaction, de colère qu’inspire le système scolaire et de l’enseignement, d’une manière générale, auprès des parents.

Un sentiment conforté de façon probante par le faible niveau de l’enseignement et les résultats obtenus aux examens des différents paliers d’enseignement, positionnant l’Algérie au bas des classements internationaux.

«Les enseignants veulent s’offrir un congé payé aux frais du contribuable !» Cette remarque cinglante relevée sur la Toile résume le rapport des plus malaisés opposant la société à l’école.

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