Le décollage économique des Emirats arabes unis

29/03/2022 mis à jour: 19:45
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Le capitalisme se définit simplement comme la liberté d’utiliser son capital (argent ou connaissances) pour créer une entreprise. Il suffit donc de «laisser faire» les investisseurs pour réaliser le double objectif de croissance économique et de développement. 

Lorsque les dirigeants des Emirats arabes unis ont compris ce principe, ils se sont ouverts aux entreprises étrangères en offrant une fiscalité avantageuse et un accès facilité pour la main-d’œuvre étrangère à son marché de l’emploi. En trente ans, Dubaï – à titre d’exemple – est passé d’un émirat vivant de la pêche traditionnelle au début des années 1970 à un centre d’affaires incontournable au Moyen-Orient. 
Les Emirats arabes unis – dont Abu Dhabi et Dubaï sont les puissances économiques – sont classés 16es dans le baromètre Doing Business de l’année 2020, qui évalue l’attractivité économique des pays. A titre de comparaison, le Maroc est classé 53e, l’Arabie Saoudite 62e et l’Algérie 157e. 
 

Plusieurs atouts économiques justifient ce classement hors pair du pays : 
 

Une création d’entreprise facilitée 
 

Le pays est classé 17e dans le baromètre Doing Business en termes de création d’entreprise. Créer une entreprise aux Emirats arabes unis est facile. Depuis 2020, aucun partenaire local n’est exigé, sauf pour sept secteurs considérés stratégiques, comme la défense et le secteur bancaire. Auparavant, les créations d’entreprise en dehors de la zone de libre-échange de Dubaï étaient soumises à la règle d’une participation maximale de 49% pour les investisseurs étrangers, ce qui était loin de satisfaire ces derniers. Le pays a donc compris qu’il n’est pas raisonnable d’imposer à l’investisseur étranger un partenaire local qu’il ne connaît pas, imposer des contraintes étant par défaut contraire à l’objectif d’avoir une économie ouverte. Le pays a compris également que l’esprit entrepreneuriat est trop précieux pour être bridé par des considérations bureaucratiques ou protectionnistes. Ainsi, un entrepreneur qui souhaite créer une entreprise dans la zone libre de Dubaï aura le droit de transférer la totalité des bénéfices réalisés vers un autre pays s’il le souhaite. L’impôt sur les sociétés ne sera mis en place qu’en 2023, et même si ce changement paraît défavorable à première vue, les taux faibles qui seront appliqués en comparaison avec les autres pays vont certainement préserver l’attrait économique du pays. 
 

Une délivrance rapide des permis de construction 
 

Le pays est classé 3e dans le baromètre Doing Business pour la rapidité de délivrance des permis de construction. Le secteur de la construction est vital compte tenu de l’extension rapide du pays et du besoin de faire face à un afflux de plus en plus important de travailleurs étrangers et de touristes. En effet, les Emirats arabes unis et plus particulièrement Dubaï sont devenus des destinations touristiques prisées et les infrastructures touristiques semblent à la hauteur de ce défi inattendu pour un pays au climat aride. Nous avons comme preuve indéniable de cette célérité administrative, le nombre et la qualité impressionnantes des gratte-ciel qui ont été érigés dans le pays, au point de créer pour certains une confusion entre une ville comme Dubaï et New York. Au-delà de son prestige visuel, un gratte-ciel a le mérite de permettre une occupation verticale de l’espace. Un choix judicieux pour un petit pays classé 116e dans le monde en termes de superficie. 
 

Un marché du travail attractif 
 

Pour une personne désireuse de travailler aux Emirats arabes unis, il suffit d’obtenir un visa de tourisme et de trouver un emploi sur place. L’obtention d’un permis de travail est rapide, comme en témoigne le nombre élevé de travailleurs étrangers vivant aux Emirats. Ces travailleurs profitent des infrastructures développées du pays et ne paient aucun impôt sur les salaires, un avantage qui relève de l’utopie dans la plupart des pays du monde. Beaucoup d’étrangers s’orientent également vers la création d’entreprise afin d’obtenir des visas de séjour plus durables. Les étrangers représentent environ 90% de la population totale du pays, qui s’élève à 10 millions d’habitants, une belle opportunité d’emploi pour les citoyens des pays de la région, dont certains vivent en sous-développement chronique, comme l’Egypte, le Liban et la Syrie.
 

Un pays où l’on se sent en sécurité 
 

Les Emirats arabes unis sont considérés comme l’un des pays les plus sûrs de la région, tellement sûr que les femmes expatriées européennes se sentent plus en sécurité dans ce pays que dans leurs pays d’origine. La politique d’immigration du pays y est certainement pour beaucoup dans la mesure où seuls les travailleurs étrangers peuvent s’y installer et où les possibilités de fonder un foyer sont limitées par le coût élevé de la vie et la difficulté d’obtenir la nationalité du pays. Autrement dit, aucune porte n’est ouverte aux allocations de chômage et à l’assistance sociale. Les armes à feu sont interdites et les drogues ne sont ni autorisées ni tolérées. Ces facteurs sont connus pour générer la délinquance dans la société. 
 

Le cas de ce petit pays du Golf prouve que l’ouverture économique permet d’instaurer un rapport gagnant-gagnant avec les investisseurs étrangers et locaux. C’est la preuve également que des pays restés sous-développés pendant des décennies peuvent émerger et rattraper les pays développés simplement en laissant faire les investisseurs. 

A ce jour, aucun inconvénient de cette ouverture économique n’est à signaler et aucun fait de «pillage des ressources» que subiraient les Emirats arabes unis n’a été constaté. Cette crainte injustifiée de «pillage des ressources» est très répandue parmi les dirigeants africains et constitue un motif implicite d’instauration de barrières à l’entrée des investisseurs étrangers. 

Ces derniers sont même devenus de véritables bouc émissaires servant à justifier le sous-développement de ces pays. Plus dramatique encore, et à force de mépriser les investisseurs étrangers, les dirigeants africains ont fini par mépriser également les investisseurs locaux. Résultat des courses, les pays ouverts économiquement sont pour la plupart des pays développés (Europe, Chine, USA, Singapour, Japon) tandis que les pays fermés économiquement sont pour la plupart sous-développés.

 

Par Nabil Abbad 

Auditeur en comptabilité (Canada)

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