Le CNAPESTE renonce au boycott administratif : Les notes enfin livrées aux élèves

15/05/2022 mis à jour: 02:47
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Il était plus question de bras de fer entre la tutelle et les syndicats que d’un dialogue serein ( photo : B. Souhil)

Le Conseil national autonome des professeurs de l’éducation secondaire et technique du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste) a décidé d’arrêter le boycott de remise des notes à l’administration et sur la plateforme numérique. 

Cette décision a été prise suite à la session extraordinaire qui a été organisée les 10 et 11 mai derniers à Boumerdès en présence des représentants de 40 wilayas. Selon un communiqué de presse de cette représentation syndicale, cette session a connu «un large débat, une confrontation d’idées avec plusieurs propositions, ainsi qu’une multitude de points de vue». 
 

Une manière d’agir, a priori dans l’intérêt des élèves alors que les examens du troisième trimestre approchent à grands pas et pour faire baisser la tension avec le ministère de l’Education nationale. Il faut dire que les mouvements de grève ont entraîné depuis plusieurs années de nombreuses répercussions pour les familles : problèmes de garde des enfants, cours à rattraper, examens perturbés… Les arrêts de travail et ces interruptions dans la scolarité conduisent forcément à la baisse du niveau des apprenants, la démotivation des enseignants et l’abandon ou l’échec scolaire chez de nombreux élèves. Les grèves répétitives sont vécues avec beaucoup de difficultés et génèrent un surcroît de stress chez les élèves, particulièrement ceux qui sont en classes d’examen. 

Certains pédagogues soulignent l’aggravation des inégalités scolaires (sociales) entre, d’un côté, les élèves des écoles privées, les élèves de familles aisées, qui peuvent payer des cours et, de l’autre, les enfants issus de familles pauvres. 
 

Après avoir reçu récemment les représentants du Cnapeste pour une séance de dialogue, le ministre de l’Education nationale, Abdelhakim Belabed, a instruit ses directeurs exécutifs de commencer à mettre en œuvre les procédures de levée de la suspension de la prime de rendement scolaire et du soutien pédagogique (ISSRP) pour la verser aux enseignants avec le salaire du mois de mai.

 Dans l’esprit du ministre, il faut prendre en charge les revendications afin d’éviter au moins leur aggravation, en application d’ailleurs des instructions du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui a souligné à maintes reprises l’importance de laisser ouvertes les portes du dialogue avec les partenaires sociaux. 

En fait et au-delà de la gestion de ces grèves répétitives qui ont mis à mal le système éducatif, une question se pose avec acuité : quelle école voulons-nous ? Question éminemment politique qui exige de disposer en amont d’une vision globale de l’école et de ses finalités possibles. Elle se doit avant tout d’être garante de l’égalité des chances en offrant à tous les élèves le même enseignement. Mais il lui est également demandé de faire de tous les élèves des citoyens éclairés et des adultes employables. 
 

Cependant, si l’Etat ne prend pas les bonnes décisions pour garantir un bon environnement autant pour les enseignants que pour les élèves, ces objectifs auront du mal à se concrétiser. Ces dernières années, il était plus question de bras de fer entre la tutelle et les syndicats que d’un dialogue serein. Des fois, cela prend les allures d’une crise de confiance.

 Chaque camp accuse l’autre de prendre les élèves en otages sur fond de malaise généralisé au sein du monde enseignant. A chaque grève, les syndicalistes montrent leur mécontentement via des actions sur le terrain et décident des suites à donner à des annonces qui n’ont pas été suffisantes. 

Fragilisés, plusieurs ministres qui ont occupé ce poste ont eu du mal à convaincre. L’actuel ministre, lui, a fait des promesses. Une opération de déminage destinée, semble-t-il, à apaiser les tensions et calmer le jeu à quelques semaines des examens et du baccalauréat. Tout, sauf la stratégie du bras de fer, le ministre privilégie cette fois-ci celle de la conciliation. 
 

Le Cnapeste n’a pas refusé cette main tendue, considérant que ce dialogue et les instructions données sont un bon signe en attendant d’avancer sur les autres dossiers posés sur la table du ministère, dont l’amélioration du pouvoir d’achat qui a connu une dégradation substantielle, l’accès au logement, la retraite, le statut particulier, la médecine du travail, les œuvres sociales et la prime de zone. 

Dans chaque communiqué de presse, le Cnapeste revendique un dialogue sérieux, garant de la stabilité du secteur et responsable de nature à prendre en charge et à solutionner les problèmes portés par la corporation. 

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