C’est en marge d’un instructif café-débat organisé, samedi dernier, par l’association Essalam El Akhdar, à la Maison de l’environnement sous le thème «Transformer l’éducation pour transformer le monde» et subséquemment de «L’éducation citoyenne au profit du développement durable», qu’un hommage appuyé a été rendu à une figure de proue de la société civile tiarétie en la personne de Abdelkader Boutheldja. Rencontre conviviale qui a vu la participation de beaucoup d’ami(e)s et de citoyen(ne)s et une occasion, pour les organisateurs, de rendre l’hommage qui lui sied, symboliquement, il est vrai, et de son vivant, à un homme qui a marqué de son empreinte indélébile la scène sociopolitique locale. L’hommage rendu à travers quelques témoignages, dont ceux pré-enregistrés par notre ami et confrère Noureddine Merabet, et d’autres tenus séances tenantes et en aparté pour dire l’homme dans toutes ses dimensions. Homme politique aujourd’hui âgé de 74 ans et bien que gagné par la maladie, il n’en garde pas moins toute sa verve coutumière, sa lucidité et ses interventions autour d’enjeux présents et à venir dans un contexte mondial lui aussi marqué par de profondes mutations tant sociales qu’économiques. Homme politique de gauche imbu de principes, il aura été de tous les combats justes, que se soit dans le mouvement associatif, notamment la JFLN, les syndicats ou dans les partis (FLN puis PAGS) durant les années post-indépendance, le volontariat et la révolution agraire, voire durant le mouvement citoyen, le hirak béni devant valoir une Algérie meilleure. Miraculé après trois attentats terroristes manqués, il garde en lui de profondes meurtrissures et séquelles, mais s’en est sorti comme revigoré pour continuer l’œuvre d’être au service de son pays et ses concitoyens et concitoyennes. C’est d’ailleurs après un troisième attentat qu’il dut quitter l’Algérie, mais s’est résout vite après seulement trois mois à retourner au bled, car n’ayant pas voulu marcher dans les compromis en foulant ses propres principes, renonçant ainsi à l’offre d’exil sous condition diabolique. Une parenthèse pour dire l’homme et son amour pour son pays. Sa longue carrière dans le secteur de l’éducation 45 années durant aura été riche. De chef de service et inspecteur à l’académie, directeur de l’école pendant 10 ans à Salvador Allende (actuelle El Feth), conseiller auprès du cabinet du ministère de l’Education nationale, le CRDDP jusqu’à l’ONPS, quand il était directeur commercial de cette entreprise charnière dans la chaîne éducative, qu’Abdelkader a su forger sa personnalité. Dans la vie, en côtoyant la misère sociale des siens, dont son père Mohamed moudjahid aujourd’hui décédé. C’était dans les bas-fonds de Tiaret au sous-sol de l’ex-hôtel de Nice, au cœur de la ville. C’était une époque ou le pays sortait de la longue nuit coloniale. Depuis, il s’est transcendé pour être ce catalyseur de ces luttes paysannes, celles des dockers et portefaix, des journaliers, syndicalistes et dans les mouvements de jeunesse. Qui dit jeunesse, dit les actions dans le ciné-club, l’université populaire, le volontariat entre-autres. A vrai dire, l’histoire de Abdelkader Boutheldja se conjugue avec celle de ces concitoyens, patriotes et ceux portés vers le progrès et les luttes sociales. Qui ne se rappelle pas de son rôle joué à la kasma FLN et au niveau de l’assemblée communale (1967/1974) ? Un respect presque total lui était alors voué. Un respect sincère et profond, même quand on se met à dérouler son rôle, parfois prépondérant, là où un débat d’idées s’imposait.
Venu au monde le 22 février 1949, l’aîné des Boutheldja allait connaître le vrai visage du colonialisme à travers la misère qu’il côtoya dans les bas-fonds de la ville dans les sous-sols de l’ex hôtel de Nice. Une misère qu’il partagea et en connaîtra le sens aux côtés de jeunes et de concitoyens épris de liberté et de son père, un authentique moudjahid, aujourd’hui disparu. Son passage à la Kasma FLN fut marqué par la rigueur, la discipline et une organisation qui a déteint positivement sur la gestion des destinées de la collectivité et fait rare, salué même par certains de ses adversaires politiques. La suite de certains événements, notamment ceux d’octobre 1988, fut une implication juste et salutaire tant elle déboucha sur une bonne organisation de la société. Organisation des secours, aides aux victimes non sans éviter des dérapages et dénonciation de la torture. En prolongement, il y eut naissances d’associations de quartiers, ligues des droits de l’homme et jusqu’aux aspects sportifs et culturels imprimés du sceau de l’innovation : Tiaret a été pionnière dans le cadre de l’université populaire qui connaîtra un franc-succès et sur le mouvement cinéphile et celui sportif avec un grand club aujourd’hui disparu, le MTR. Naissance d’une grande association nationale à partir de Tiaret, l’Anddpe et un jeune loup comme président, le défunt Habib Belguidoum. Des actions conjuguées qui ont valu la réunification des différentes branches juvéniles autour de l’UNJA. Derrière tout ça, on retrouve des hommes et à leur tête Abdelkader Boutheldja en modérateur. Retraité, Abdelkader Boutheldja coule des jours paisibles dans sa ville natale dans l’affection et l’estime de tous. Longue vie à lui.