Le barrage contre l’extrême droite a pris forme en France hier avant le deuxième tour des législatives, quelque 200 candidats de gauche ou de centre droit s’étant déjà désistés au profit de leurs rivaux pour empêcher le Rassemblement national (RN) d’obtenir la majorité absolue dimanche.
Le dépôt des candidatures, qui sera clos à 16h GMT, permettra d’avoir une vision plus nette de la physionomie du second tour de ces élections historiques, provoquées par la dissolution choc de l’Assemblée nationale le 9 juin par le président Emmanuel Macron.
La plupart des projections en sièges réalisées ces derniers jours indiquent que le RN aura beaucoup de mal à atteindre la majorité absolue de 289 députés, et les analystes privilégient le scénario d’une Assemblée divisée en trois blocs (extrême droite, gauche, centre droit), qui pourrait rendre le pays ingouvernable alors que la France s’apprête à accueillir les Jeux olympiques.
Souvent sans enthousiasme, les retraits de candidats macronistes ou de gauche concernent, dans l’écrasante majorité, des circonscriptions où au moins trois candidats étaient qualifiés au second tour et où le parti d’extrême droite est en mesure de l’emporter. L’objectif est d’empêcher le RN et ses alliés d’obtenir la majorité absolue, ce qui constituerait un événement historique, l’extrême droite n’ayant jamais été au pouvoir en France depuis l’après-Seconde Guerre mondiale.
Le président du RN, Jordan Bardella, promis au poste de Premier ministre en cas de majorité absolue RN, a dénoncé des «alliances du déshonneur» et appelé les électeurs à lui accorder une majorité absolue «face à la menace existentielle pour la nation française» que représente, selon lui, la gauche.
M. Macron, qui a ouvert la porte à cette vague d’extrême droite en convoquant ces élections anticipées, a affirmé lundi à ses ministres que «pas une voix» ne devait aller au RN. Une manière de répondre à ceux qui, dans sa majorité et à l’instar du ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, renvoient dos-à-dos le RN et La France insoumise (LFI).
Mais la voix du président français ne semble plus porter dans son propre camp, qui a enregistré un échec cinglant dimanche au premier tour en étant relégué en troisième position loin derrière le RN et la gauche. Le chef de l’Etat français, attendu pour le sommet de l’Otan à Washington la semaine prochaine juste après le scrutin, est également affaibli sur la scène internationale, qui scrute avec attention ou inquiétude les résultats de dimanche. R. N. et agences