Le nouveau mandat du président Tebboune s’ouvre dans un contexte d’énormes défis géopolitiques et de conflits armés à nos frontières sud, qui pèsent lourdement sur la sécurité du pays. La présence et les activités de membres de groupes paramilitaires russes au nord du Mali, les mouvements vers la frontière algérienne de troupes libyennes du général Haftar, la présence de l’entité sioniste à la frontière ouest, les tensions dans les relations avec certains partenaires risquent de bousculer la doctrine de «non-ingérence» jusque-là adoptée par l’Algérie et mettront le Président face à des défis sécuritaires aussi complexes que multiples durant son 2e mandat.
Au plan international et régional, le deuxième mandat que s’apprête à exercer le président Abdelmadjid Tebboune, après son investiture, ne sera certainement pas de tout repos. Le Premier ministre, Nadir Larbaoui, a donné un aperçu, le jour même du scrutin, sur ce qui attend celui qui prendra les rênes du pays.
Dans une déclaration, d’un bureau de vote, il a affirmé que «l’élection se déroule dans un contexte régional de tensions et de troubles extrêmes, appelés à évoluer avec leurs risques et leurs répercussions». Membre du Haut Conseil de sécurité (HCS) et ancien diplomate, Larbaoui sait de quoi il parle. Et encore, il n’a donné qu’un petit aperçu de la situation.
La multiplication des conflits armés, des guerres par procuration et le recours aux mercenaires et aux groupes terroristes à nos frontières sud ainsi que les tensions diplomatiques avec certains partenaires mettent le pays devant des défis sécuritaires encore plus importants et dangereux qu’avant.
Soutenue par les mercenaires russes du groupe Wagner, la guerre menée par Bamako contre les groupes politico-militaires du Nord malien, près de la frontière algérienne, tuant des dizaines de civils et poussant plus de 20 000 autres à fuir vers Tamanrasset, ont transformé la région en véritable poudrière.
Situation aggravée par l’aventurisme et l’attitude va-t-en guerre des militaires au pouvoir à Bamako. Plus à l’Est, à la frontière avec la Libye, des mouvements provocateurs de troupes du général Haftar sont signalés à proximité du territoire algérien. Soutenu par les Emirats, mais aussi par la Russie, Khalifa Haftar s’est toujours attaqué à l’Algérie. Ses déclarations et ses actes hostiles à notre pays se sont multipliés ces dernières années, surtout depuis son alliance avec les Emirats et ses relations privilégiées avec Israël.
Des sources bien informées le présentent comme l’un des principaux parrains du trafic de psychotropes fabriqués en Inde, qui sont déversés en Algérie en grandes quantités après avoir transités par la Libye. Avec le Niger, après un froid de quelques mois, les relations avec Niamey ont certes connu un réchauffement, mais la situation au nord de ce pays frontalier est peu reluisante en raison des nombreux groupes de contrebandiers qui font dans la traite des êtres humains, le trafic de drogue et d’armes.
Des groupes qui entretiennent des liens avec des terroristes. Face à cette évolution dangereuse, l’Algérie ne peut rester indifférente par rapport aux changements survenus au Mali, en Libye, mais aussi au Soudan, un pays frontalier avec le Tchad et qui a une ouverture sur la mer Rouge, où la situation évolue dangereusement avec des massacres collectifs et des déplacements de la population vers les pays limitrophes.
Le Sahel central inquiète
En fait, la région sahélo-saharienne constitue la profondeur stratégique de l’Algérie. Il s’agit donc de gérer au mieux les relations avec les Etats de la région afin d’anticiper les éventuels risques et retombées. Le cercle de feu qui entoure l’Algérie consomme, en termes de moyens financiers, mobilisation humaine et militaire, des budgets colossaux mais elle reste cependant toujours vulnérable aux menaces, sachant que le risque zéro n’existe pas.
Au Nord-Ouest, les relations avec le Maroc sont interrompues depuis déjà plus de deux ans, période durant laquelle Rabat a multiplié ses actes d’hostilité, notamment en soutenant le MAK, un mouvement porté par l’Algérie sur la liste des organisations terroristes, et en finançant des actions contre le pays. Bien plus.
Le Maroc a permis l’installation d’une base israélienne sur son territoire, non loin de la frontière algérienne et renforcé sa coopération militaire avec l’entité sioniste, notamment en matière d’écoute, d’espionnage et de fabrication d’équipements militaires.
Le Maroc, c’est aussi le premier producteur mondial de résine de cannabis. De véritables cartels ont été créés pour déverser des quantités considérables de cette drogue dans la région. Une drogue triturée génétiquement depuis quelque temps pour la rendre plus adductive et donc plus dévastatrice chez les jeunes Algériens.
Des moyens colossaux sont mis en œuvre pour la lutte contre ces réseaux, mais les résultats montrent qu’ils évoluent dangereusement. La situation est rendue plus complexe en raison du fait que des pays, comme la France et l’Espagne, influent négativement sur la région. Un froid s’est d’ailleurs installé récemment entre Alger et Paris, précisément après l’annonce par la France de son soutien de la position de Rabat concernant la question du Sahara occidental.
Une position qui viole les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Toutes ces crises qui ceinturent l’Algérie posent des défis géopolitiques importants. L’évolution de la situation au nord du Mali, au Soudan, au Niger, au Burkina Faso et dans d’autres pays de la sous-région demande une attention particulière, surtout que le Sahel est investi par de nombreux acteurs extrarégionaux et est devenu un terrain de confrontations. Il est à prévoir donc que les dossiers internationaux occuperont une bonne partie du second mandat du président.